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Vidéo Election présidentielle aux États-Unis : ce qui fera basculer le vote

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Temps de lecture : 5min
Article rédigé par franceinfo - Claude Guibal, Franck Mathevon, Benjamin Illy et Gregory Philipps
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Chaque semaine dans "le monde en face", une même actualité vue par quatre correspondants de franceinfo. Aujourd'hui, direction la Caroline du Nord, l'Ohio, New-York et la Pennsylvanie, pour une édition spéciale sur les États-Unis.

Donald Trump va-t-il rempiler ou va-t-il céder sa place à son rival démocrate Joe Biden ? Les débats télévisés n'ont pas semblé départager les deux hommes. Aux États-Unis, le scrutin se déroule État par État, et celui qui arrive en tête dans un État décroche tous ses grands électeurs, qui vont ensuite désigner le président. En conséquence, cette élection est un patchwork de sujets locaux différents d'un État à l'autre. Direction quatre États-clés qui pourraient faire basculer le scrutin.

La Caroline du Nord est traditionnellement un bastion républicain, mais la pandémie de Covid-19 a fait douter l'électorat républicain, en particulier les plus âgés. En fin de campagne, le vice président Mike Pence s'est rendu sur place pour battre le rappel des troupes, même si cinq de ses conseillers ont été testés positifs au virus. C’est une des polémiques de cette fin de campagne, qui montre bien que le camp Trump a tendance à minimiser la pandémie. Les plus de 65 ans avaient voté massivement pour Donald Trump il y a quatre ans. Ils semblent s'en détourner cette année. Preuve en est qu'en Caroline du Nord, en 2016, Trump avait 23 points d'avance sur Hillary Clinton chez les plus de 65 ans. Cette avance a fondu à 10 points tout au plus sur Joe Biden

Dans l’Ohio, l’enjeu se situe davantage sur le vote des ouvriers. Depuis 1964, tous ceux qui remportent cet État remportent l'élection. C'est une région traditionnellement ouvrière, avec les mines, la sidérurgie, une région jadis économiquement florissante. Puis 1977 vient la crise de l'acier. Les usines ferment, des milliers de personnes perdent leur emploi en quelques jours. À cette crise succède la crise de l'automobile, puis la récession en 2007, puis la crise des subprimes. En 2016, Donald Trump a su jouer sur la colère et la détresse de cet électorat en lui promettant un avenir économiquement meilleur. Et les démocrates ne l’ont pas vu venir. Cette année, le vote est plus incertain, car les promesses de Donald Trump en matière d'emploi dans la région n'ont pas été vraiment suivies d'effets. L’électorat reste galvanisé par la guerre commerciale que l’actuel président a lancée à l'Amérique latine et à la Chine, pays dont beaucoup pensent que c'est elle qui a inventé le coronavirus pour détruire l’économie américaine.

L’État de New-York est traditionnellement acquis aux démocrates. Joe Biden devrait de nouveau l’emporter cette année. Le virus a ravagé la ville et la région, et la gestion de la pandémie par Donald Trump est la cible de toutes les critiques. Le confinement a été très strict à New York, la vie reprend doucement ses droits. À Times Square, la sensation de vide est évidente. Pas de touristes, des théâtres et cinémas fermés, le tumulte des rues propre à la ville n’est plus le même. Les bars, les restaurants sont ouverts et les New-Yorkais dans leur ensemble sont très disciplinés. Ils ont subi un vrai traumatisme. Au printemps, 500 000 cas, 33 000 morts. Alors, ils portent le masque en extérieur, dans les espaces publics, dans le métro, dans les magasins. Ils respectent globalement la distanciation physique et les résultats sont là. On observe certes une légère remontée des cas ces deux dernières semaines. 1 600 cas par jour, mais ce n’est rien de comparable avec cette courbe qui s'affole dans les États du Midwest. La deuxième vague, pour l'instant, est contenue à New York. Un signe encourageant, c'est cette campagne de test menée dans les écoles qui ont ouvert début octobre : 33 000 tests et seulement 42 cas positifs.

Enfin, l’État de Pennsylvanie. Avec 20 grands électeurs à prendre, c’est, aux côtes de la Floride, l’un des États qui pourrait faire basculer le scrutin. Cette fois-ci, le sujet clé est l’environnement, en particulier la question de la fracturation hydraulique, une technique qui permet d'extraire du pétrole et du gaz du sol en y injectant de l'eau à haute pression. On recense dans l’État environ 8 000 puits de fracturation hydraulique. La technique s’est développée dans les années 2000 et 2010, ce qui a permis aux Etats-Unis de devenir le premier producteur mondial de pétrole. Donald Trump accuse lors de chacun de ses déplacements en Pennsylvanie Joe Biden de vouloir interdire cette technique. Il l’a encore mentionné lors des deux débats qui les ont opposés. Joe Biden n’est effectivement pas très clair sur cette question. L'aile gauche de son parti aimerait que le candidat démocrate annonce une interdiction du "fracking" pour des raisons environnementales, dans le cadre d'un Green New Deal. Pour ne pas risquer de perdre l’État, Joe Biden a été obligé de clarifier ses propos. Il ne veut pas interdire la fracturation hydraulique pour les opérateurs privés ou les petits propriétaires de puits. Mais il ne donnera plus d'autorisation pour les puits installés sur les terres fédérales.

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