Etats-Unis : ce qui pourrait gêner Hillary Clinton sur la route de la Maison Blanche
Francetv info revient sur les faiblesses de la démocrate, désormais candidate à l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.
En apparence, tout sourit à Hillary Clinton. Seule candidate déclarée, pour l'instant, à la primaire démocrate pour désigner le challenger de son parti à la prochaine présidentielle américaine, en 2016, elle fait figure de grande favorite. Barack Obama, son adversaire en 2008, a même affirmé qu'elle ferait "une excellente présidente". Mais la partie n'est pas gagnée pour autant. La candidature de l'ancienne Première dame souffre de quelques faiblesses.
Son âge
Hillary Clinton aura 69 ans en novembre 2016, lors de l'élection. Or, les présidents américains avaient généralement la cinquantaine, voire la quarantaine, quand ils ont commencé à exercer leurs fonctions, rappelle CBC. Obama, par exemple, avait 47 ans quand il a été élu. Par ailleurs, Hillary Clinton a été hospitalisée en 2012 pour un caillot de sang près du cerveau.
Pour tenter de rafraîchir son image, remarque BFMTV, elle mise beaucoup sur les réseaux sociaux. "Elle n'a pas hésité à débaucher Stephanie Hannon, l'une des cadres chez Google, passée également sur Facebook, pour gérer sa campagne numérique", rappelle le site de la chaîne. Elle a d'ailleurs annoncé sa candidature sur Twitter et dans une vidéo YouTube.
I'm running for president. Everyday Americans need a champion, and I want to be that champion. –H https://t.co/w8Hoe1pbtC
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 12 Avril 2015
Ses e-mails
La dernière polémique à avoir touché Hillary Clinton concernait des messages électroniques. Alors qu'elle était secrétaire d'Etat (l'équivalent de ministre des Affaires étrangères, en France), elle a utilisé sa boîte mail personnelle. Une pratique qui déroge à toutes les règles de sécurité. Le New York Times (en anglais) estime que cela peut constituer une violation de la loi fédérale qui prévoit que la correspondance des personnalités officielles soit conservée en archives.
Pour prouver qu'elle n'avait pas publié de données sensibles, facilement piratables, à travers sa messagerie personnelle, Hillary Clinton a demandé la publication de sa correspondance électronique. Elle a rendu publique jeudi 5 mars cette demande via son compte Twitter:
I want the public to see my email. I asked State to release them. They said they will review them for release as soon as possible.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 5 Mars 2015
Son tempérament
Mais les dégâts sont faits. "Cette affaire a renforcé l'idée que Hillary était une personne qui cache les choses, peu transparente, qui ne respecte pas les règles", estime Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à Columbia, cité par Libération (article payant). Le quotidien rappelle qu'elle entretient de mauvaises relations avec la presse et qu'elle a la réputation d'être "empruntée, peu naturelle, sur la défensive, langue de bois".
Un livre publié par une ancienne correspondante à la Maison Blanche de Bloomberg News l'égratigne sérieusement. Une femme de chambre y affirme qu'Hillary, en fureur, aurait jeté un livre au visage de son époux, et l'aurait blessé.
Plus embarrassant, alors que les Clinton sont aujourd'hui millionnaires, elle a déclaré en 2014, pour justifier ses conférences lucratives, qu'ils étaient "fauchés" en quittant la Maison Blanche et qu'ils avaient eu du mal à boucler leurs fins de mois. Certes, les Clinton devaient beaucoup d'argent à cause de l'affaire Lewinsky, mais ils venaient d'acheter, en 1999, une maison à 1,7 million de dollars à Chappaqua, dans l'Etat de New York, et une autre à 2,85 millions à Washington. Les Américains n'ont pas apprécié, et Hillary Clinton a dit regretter ses propos.
Le spécialiste des Etats-Unis Thomas Snégaroff remarque, dans Libération (article payant), qu'"Hillary Clinton - et c'est l'un de ses grands points faibles - a toujours beaucoup clivé. En 2008, 46% des Américains interrogés disaient qu'ils ne voteraient jamais pour elle, quels que soient son programme et son adversaire républicain".
Sa responsabilité dans l'attaque de l'ambassade à Benghazi
L'attaque contre la mission diplomatique américaine de Benghazi, dans l'est de la Libye, le 11 septembre 2012, a terni la toute fin du passage d'Hillary Clinton à la tête du département d'Etat. Quatre Américains dont l'ambassadeur avaient été tués dans l'attaque.
L'administration américaine est accusée par les républicains d'avoir négligé la sécurité autour de la mission et, pire, d'avoir initialement tenté de dissimuler le caractère terroriste de l'assaut. Les républicains, avec plus ou moins de mauvaise foi, repassent souvent la vidéo d'une phrase exaspérée d'Hillary Clinton, lors d'une audition parlementaire tendue en 2013, pour l'accuser d'indifférence. "A ce stade, qu'est-ce que cela peut bien faire?" avait-elle lancé à un sénateur républicain. Les républicains ont créé une commission d'enquête spéciale, dénoncée comme partisane, sur Benghazi, et ont promis de convoquer Hillary Clinton à une nouvelle audition.
Son vote en faveur de la guerre en Irak
C'est une tache sur son parcours politique. Le 10 octobre 2002, la sénatrice Hillary Clinton vote en faveur de la guerre en Irak défendue par le président George W. Bush. "Je prends le président au mot qu'il fera tout pour faire adopter une résolution aux Nations unies et éviter la guerre, si possible", déclare-t-elle alors. Elle dira plus tard avoir regretté ce vote. En 2008, Barack Obama ne s'était pas privé de lui rappeler ce choix hasardeux.
Son embarrassant mari
Bill Clinton est populaire aux Etats-Unis, mais il peut se révéler être un boulet pour son épouse. Les infidélités, réelles ou inventées, de Bill Clinton ont longtemps poursuivi le couple Clinton, de Paula Jones à Monica Lewinsky, en passant par Gennifer Flowers. L'un des candidats républicains à la présidentielle 2016, Rand Paul, a estimé que la moralité de Bill Clinton pouvait faire partie du débat sur l'éventuel retour des Clinton à la Maison Blanche.
Surtout, lors de la campagne pour les primaires en 2008, il s'est montré "imprévisible", relevait le New York Times, appelant les "conseillers de sa femme pour critiquer la stratégie, et déplaçant l'intérêt des médias vers sa personne avec des remarques déplacées".
Sa fondation caritative
Les dons à la Fondation caritative de la famille Clinton ont démontré la puissance du réseau mondial du couple Clinton. Mais l'examen des dizaines de milliers de donateurs soulève des questions sur d'éventuels conflits d'intérêts pour la candidate à la présidentielle.
Les quatre années passées par Hillary Clinton à la tête de la diplomatie américaine (2009-2013) n'ont pas tari les dons d'Etats étrangers à la Fondation créée par son mari en 2001. A sa nomination, pour éviter l'apparition de conflits d'intérêts, la fondation avait accepté de restreindre ce type de dons en signant un mémorandum avec l'administration de Barack Obama.
Selon cet accord, si un Etat déjà donateur augmentait "matériellement" ses dons, ou si un nouvel Etat offrait un don, la fondation devait soumettre la contribution au département d'Etat pour identification d'éventuels conflits d'intérêts. Mais six ans plus tard, la Fondation a reconnu qu'elle n'avait pas soumis à cet examen éthique un don de l'Algérie de 500 000 dollars, destinés à aider Haïti après le séisme de 2010. Au total, au moins sept Etats étrangers (Koweït, Qatar, Oman, Australie, Norvège, République dominicaine et Algérie) ont contribué à la fondation pendant qu'Hillary Clinton était secrétaire d'Etat et gérait des dossiers diplomatiques sensibles impliquant parfois ces pays.
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