Présidentielle américaine : ce qu'Hillary Clinton disait en secret aux banquiers de Wall Street
WikiLeaks a révélé le contenu de plusieurs discours de la candidate démocrate, payée pour intervenir devant de grandes banques. En voici les principaux passages.
Pendant toute la campagne des primaires démocrates, Bernie Sanders avait demandé leur publication. Il a finalement fallu attendre WikiLeaks pour que soit diffusé le contenu des discours rémunérés d'Hillary Clinton à Wall Street, tenus en 2013 et 2014, après son départ du secrétariat d'Etat.
L'organisation de Julian Assange a publié, samedi 15 octobre, la retranscription de trois interventions de la candidate à la Maison Blanche, payée pour s'exprimer par la banque Goldman Sachs. D'autres extraits avaient déjà été dévoilés, eux aussi subtilisés dans des courriers électroniques du responsable de sa campagne, John Podesta.
La garde rapprochée d'Hillary Clinton n'a pas contesté l'authenticité de ces discours tenus loin des journalistes, et dans lesquels la candidate démocrate affiche sans complexe sa proximité avec le monde de la finance. Franceinfo relève les principaux extraits.
"J'ai beaucoup de respect pour votre travail"
En tant que sénatrice de l'Etat de New York, Hillary Clinton connaît bien Wall Street et, en privé, elle ne se cache pas de sa proximité avec les banquiers. "Je vous ai tous représentés pendant huit ans", lance-t-elle, lors d'un discours au cours duquel elle évoque la crise financière de 2008 et la réforme qui a suivi, nécessaire, "pour des raisons politiques".
Si vous êtes élu au Congrès et que des gens dans votre circonscription perdent leur emploi, ferment leur entreprise et que tout le monde dans la presse dit que c'est la faute de Wall Street, vous ne pouvez pas rester là à ne rien faire.
L'ancienne secrétaire d'Etat insiste sur la nécessité de "plus de transparence" dans le secteur, mais elle se montre plutôt conciliante, voire ouverte à l'autorégulation de Wall Street. D'après la démocrate, "les gens qui connaissent le mieux l'industrie sont ceux qui travaillent dans l'industrie". "Les régulations n'ont rien de magique, ajoute-t-elle. Trop, c'est mauvais. Pas assez, c'est mauvais."
"Si les gens pensent que le système est truqué, c'est un problème pour nous tous"
Un discours trop proche des intérêts des grandes banques ? Dans un e-mail dévoilé par WikiLeaks, un conseiller d'Hillary Clinton préconise de faire fuiter une autre intervention, réalisée pour la Deutsche Bank. "Je lui ai écrit un long passage sur la justice économique et sur comment l'industrie financière s'est égarée, précisément pour avoir quelque chose à montrer aux gens si on demande un jour ce qu'elle disait en privé à tous ces gros bonnets", écrit-il.
"Même si ce n'est pas vrai à 100 %, si la perception, c'est que le système est truqué, cela devrait être un problème pour chacun d'entre nous, commente Hillary Clinton dans ce discours. S'il y a des problèmes, des actes criminels, les gens doivent être tenus responsables et nous devons décourager de mauvais comportements futurs, parce que la confiance du public est au cœur de l'économie de marché et de la démocratie."
Le conseiller de Clinton le reconnaît : si l'intervention avait été rédigée aujourd'hui, il l'aurait écrite de façon "plus acerbe". "C'est [un discours bien plus dur] que celui imaginé par les gens, explique-t-il. L'avantage, c'est que lorsque les gens disent qu'elle est trop proche de Wall Street et qu'elle a pris trop d'argent des banquiers, nous pouvons montrer une preuve qu'elle n'a pas peur de dire la vérité aux puissants."
"Il faut une position publique et une position privée"
Plus problématique, Hillary Clinton affirme lors d'une autre intervention la nécessité d'avoir une "position publique" – officielle – et une "position privée". Un double discours ? Son adversaire républicain, Donald Trump, le lui a reproché lors du deuxième débat présidentiel.
La politique, c'est comme la fabrication de la saucisse.
"Ce n'est pas très ragoûtant, et ça a toujours été comme ça, analyse Hillary Clinton. Mais si tout le monde voyait les discussions en coulisses et les accords conclus, les gens deviendraient un peu nerveux." Dérangeant, pour une candidate dont se méfient toujours les électeurs.
"Je voudrais voir plus d'hommes d'affaires qui ont réussi entrer en politique"
Le vœu d'Hillary Clinton a été exaucé, mais s'attendait-elle à voir débarquer Donald Trump dans la course à la Maison Blanche ? En 2013 en tout cas, la démocrate espérait voir des entrepreneurs fortunés se lancer en politique. "Pas besoin d'avoir 30 milliards [de dollars], mais je voudrais vraiment voir ça parce que je pense que ça donne un certain niveau de liberté", argumente-t-elle. A en croire l'ancienne secrétaire d'Etat, une telle situation permet à un élu d'être à l'abri des pressions (ou presque).
Vous pouvez peut-être être loué mais jamais être acheté.
D'après elle, les personnalités fortunées seraient même discriminées, comme s'il s'agissait d'une barrière à l'entrée dans la vie politique. "Il y a un biais contre les gens qui ont vécu des vies prospères ou compliquées", estime-t-elle. Hillary Clinton regrette que ces derniers doivent se débarrasser de leurs actifs avant de se lancer : "Cela devient très onéreux et inutile." Pour l'instant, son rival Donald Trump poursuit son business d'homme d'affaires, même si certaines de ses activités semblent subir le contrecoup de sa campagne.
"Si vous voulez vous présenter, commencez par gérer une soupe populaire"
En politique, tout n'est-il qu'une question d'image ? Si un riche homme d'affaires finit par se lancer, il faut visiblement qu'il change de mode de vie, à en croire Hillary Clinton. C'est en tout cas le conseil qu'elle donne au PDG de Goldman Sachs. "Si vous voulez vous présenter, je pense que vous devriez quitter [la banque] et lancer une soupe populaire quelque part, ironise l'ancienne secrétaire d'Etat. Alors là, vous pourriez devenir une légende."
Après les révélations de WikiLeaks, "j'ai dû faire une tournée d'excuses"
Ironie de l'histoire, l'un des discours révélés par WikiLeaks parle justement de l'organisation. Hillary Clinton y évoque les conséquences de la diffusion, en 2010 et 2011, de nombreux câbles diplomatiques américains : une "débâcle". En tant que secrétaire d'Etat, elle a été obligée dans la foulée de partir en "tournée", "comme une star du rock", mais pour s'excuser.
"J'ai dû m'excuser auprès de tous ceux qui étaient décrits dans ces câbles de manière peu flatteuse, explique Hillary Clinton. C'était pénible. Des leaders, dont je tairai le nom, et qui étaient décrits comme vaniteux, égocentriques, avides de pouvoir, corrompus. Et on savait qu'ils l'étaient. Ce n'était pas de la fiction."
Hillary Clinton insiste au passage sur les conséquences potentiellement négatives de ces fuites, "des informations importantes" qui ne devraient pas être entre les mains d'adversaires des Etats-Unis. Cette fois, ce sont ses propres documents qui sont entre les mains de son rival politique.
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