Présidentielle américaine : le candidat démocrate Joe Biden choisit la sénatrice noire Kamala Harris comme colistière
Kamala Harris, 55 ans, devient ainsi la première femme noire sur un ticket présidentiel dans l'histoire des Etats-Unis.
Il a enfin pris sa décision. Le candidat démocrate à la présidentielle américaine de novembre 2020, Joe Biden, a annoncé avoir choisi la sénatrice noire de Californie, Kamala Harris, comme colistière. "J'ai le grand honneur d'annoncer que j'ai choisi Kamala Harris, une défenseuse courageuse des petites gens et l'une des plus grands serviteurs de l'Etat, comme ma colistière", a indiqué le candidat dans un tweet, mardi 11 août.
I have the great honor to announce that I’ve picked @KamalaHarris — a fearless fighter for the little guy, and one of the country’s finest public servants — as my running mate.
— Joe Biden (@JoeBiden) August 11, 2020
"Joe Biden peut rassembler les Américains car il a passé sa vie à se battre pour nous. Et quand il sera président, il construira une Amérique à la hauteur de nos idéaux", a de son côté tweeté la sénatrice de Californie. "Je suis honorée de le rejoindre en tant que candidate désignée par notre parti pour être vice-présidente, et faire ce qu'il faudra pour qu'il devienne notre commandant en chef".
.@JoeBiden can unify the American people because he's spent his life fighting for us. And as president, he'll build an America that lives up to our ideals.
— Kamala Harris (@KamalaHarris) August 11, 2020
I'm honored to join him as our party's nominee for Vice President, and do what it takes to make him our Commander-in-Chief.
Les deux candidats feront leur première apparition publique mercredi à Wilmington, dans le Delaware, Etat dont Joe Biden a longtemps été sénateur.
La victoire de la grande favorite
Kamala Harris, 55 ans, devient ainsi la première femme noire sur un ticket présidentiel dans l'histoire des Etats-Unis. Née à Oakland, en Californie, cette fille d'immigrés jamaïcain et indienne accumulait déjà avant sa nomination les titres de pionnière. Après deux mandats de procureure à San Francisco, elle est ensuite devenue la première femme, mais aussi la première personne noire à accéder au poste de procureure de Californie. En janvier 2017, elle a prêté serment au Sénat à Washington, s'inscrivant comme la première femme originaire d'Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l'histoire américaine. Elle connaît bien Joe Biden et était proche de son fils Beau, mort d'un cancer en 2015.
Celle qui partait grande favorite avait néanmoins contre elle certains alliés de l'ancien vice-président qui ne lui pardonnaient pas de ne pas avoir eu assez de "remords" après avoir vivement critiqué le candidat démocrate lors de la primaire démocrate, où elle aussi convoitait l'investiture du partie. Dès le premier débat, elle l'avait attaqué sur ses positions passées concernant les politiques de dé-ségrégation raciale dans les années 1970. Une prise de parole très remarquée et fidèle au style incisif dont elle fait preuve au Sénat.
Une ex-procureure à la réputation "dure"
La nouvelle colistière a été à l'origine d'initiatives bien accueillies chez les réformateurs. Elle a ainsi initié un programme offrant aux primo-délinquants l'abandon des poursuites en échange d'une formation professionnelle, et a imposé à toutes les forces de l'ordre californiennes de former leurs agents contre les discriminations et autres arrestations "au faciès".
Pour les militants des droits civiques mais aussi les policiers, le succès le plus emblématique de Kamala Harris fut la création d'un portail internet ouvrant au public une kyrielle de données judiciaires, en particulier les violences commises par la police lors d'arrestations, pour rétablir la réalité des faits.
Elle ne fait pourtant pas l'unanimité dans sa Californie natale. "Kamala Harris avait la réputation d'une procureure qui attendait plutôt qu'elle ne montrait le chemin, qui ne bougeait sur les sujets polémiques que lorsqu'elle voyait qu'ils étaient politiquement viables", résumait le mois dernier le quotidien Sacramento Bee.
En 2004, elle s'opposait ainsi à l'assouplissement des peines planchers, qu'elle a pourtant assuré vouloir réformer lorsqu'elle a fait campagne l'an dernier pour l'investiture démocrate à l'élection présidentielle. Et en 2010, elle avait tout simplement éclaté de rire à une question sur la légalisation du cannabis à titre récréatif, un enjeu pourtant très emblématique en Californie, qui a fini par l'adopter en 2018.
Sur les violences policières, sujet d'actualité particulièrement sensible, elle n'a pas non plus fait preuve d'une grande audace. Elle s'était par exemple abstenue en 2015 de prendre position sur une proposition de loi visant à rendre systématiques les enquêtes indépendantes en cas d'"usage de la force mortelle" par un policier. Des cas qui affectent de manière disproportionnée les populations noire et hispanique (respectivement 6% et 37% de la population californienne), dont beaucoup n'ont toujours pas pardonné la tiédeur de leur sénatrice.
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