Retrait américain de l'Unesco : "C'est une décision catastrophique", estime un ancien délégué permanent de la France
Selon le délégué permanent de la France auprès de l'Unesco de 2011 à 2013, Daniel Rondeau, la décision des Etats-Unis était prévisible puisque "la réalité, c'est que les Américains n'ont jamais accepté l'adhésion, l'entrée de la Palestine à l'Unesco en 2011".
Les États-Unis ont annoncé, jeudi 11 octobre, leur retrait de l'Unesco, accusant l'institution des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture d'être anti-israëlienne. Invité de franceinfo jeudi, Daniel Rondeau, délégué permanent de la France auprès de l'Unesco de 2011 à 2013, estime que cette décision est "assez catastrophique" pour l'Unesco et pour les États-Unis. Selon lui, elle "porte atteinte très gravement à la nature même" de l'institution.
Les USA quittent l'Unesco "Sous l'administration Obama, le ver était déjà dans le fruit" Daniel Rondeau, ex-délégué permanent de l'Unesco pic.twitter.com/VceYoZPgqa
— franceinfo (@franceinfo) 12 octobre 2017
franceinfo : Quel sera l'impact de cette décision américaine pour l'Unesco ?
Daniel Rondeau : Je pense que c'est une décision assez catastrophique, non seulement pour l'Unesco mais aussi pour les États-Unis. C'est une décision que l'on pouvait prévoir puisque je pense que la réalité, c'est que les Américains n'ont jamais accepté l'adhésion, l'entrée de la Palestine à l'Unesco en 2011. Ils avaient cessé de verser leurs cotisations et après ils avaient perdu leur droit de vote depuis 2013. Donc ils étaient déjà un peu sur le banc des observateurs. Là, c'est un pas en avant. C'est une rupture qui porte atteinte très gravement à la nature même de l'Unesco, c'est-à-dire à son universalité, et à la conception même du multilatéralisme.
Est-ce que cette décision porte la marque du président américain Donald Trump ?
Oui, cela porte la signature de Donald Trump. Je pense que sous l'administration Obama, le ver était déjà dans le fruit, malheureusement. Le délégué permanent des États-Unis à cette époque à l'Unesco était déjà très offensif, très agressif vis-à-vis de l'organisation. Mais là, c'est manifestement la signature de Donald Trump.
Pourquoi l'annoncer maintenant ?
Ce qui est très surprenant, c'est la date à laquelle les États-Unis annoncent leur départ, puisque l'Unesco est en pleine période d'élection. Cette semaine, les ambassadeurs sont en train d'élire le nouveau directeur général de l'Unesco, qui va succéder à Irina Bokova. L'élection n'est pas terminée. Elle va se terminer vendredi soir et c'est la veille qu'ils annoncent leur retrait... C'est un peu incompréhensible pour moi.
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