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Sommet de Panama: dans les valises, les affaires douteuses des chefs d'Etat

Le clou de cette rencontre inter-américaine devait être la poignée de main très attendue entre Barack Obama et Raul Castro dans le cadre du réchauffement historique des relations entre les Etats-Unis et Cuba. Mais parmi les 35 chefs d'Etat présents à Panama City, plusieurs traversent une mauvaise passe. Meurtres impliquant la police, scandales de corruption, bérézina économique. De pesants bagages
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les dirigeants de 35 pays se retrouvent au Panama lors du 7e Sommet des Amériques, avec la présence inédite à cette grand-messe d'un président cubain pour une rencontre historique avec son homologue américain. (RODRIGO ARANGUA / AFP)

- Au Mexique, le président Enrique Peña Nieto est au plus bas dans les sondages de popularité après la disparition fin septembre 2014 de 43 étudiants, livrés par la police locale à un groupe criminel, puis massacrés, selon les autorités. Le maire d'Iguala et sa femme ont été inculpés de l'enlèvement des jeunes gens. Le couple faisait régner la terreur dans cette ville de 130.000 habitants de l'Etat du Guerrero. Lui commandait des policiers municipaux véreux, depuis son élection en 2012, sous la bannière du PRD (Parti de la révolution démocratique). Elle, sœur de trois narcotrafiquants notoires, dirigeait les activités à Iguala du cartel des Guerreros Unidos.


Autre plaie pour le président mexicain, la presse a aussi révélé fin 2014 que le couple présidentiel s'était fait construire une demeure évaluée à quatre millions de dollars par une entreprise bénéficiaire de contrats publics. Le scandale dit de «la maison blanche» a coûté sa place à Carmen Aristegui, la très populaire journaliste de radio qui a sorti le brûlot sur la place publique.

- Réélue de justesse en octobre dernier après avoir affronté une vague de protestations sociales pour les dépenses somptuaires du gouvernement à l'occasion du dernier Mondial en 2014, Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, est aujourd'hui éclaboussée par un gigantesque scandale de corruption. 
Cette affaire autour du géant pétrolier Petrobras et impliquant de hauts responsables de son parti a provoqué des manifestations massives contre la présidente, aujourd'hui en chute libre dans l'opinion et confrontée à un risque de récession économique en 2015.

- De son côté, en Argentine, la présidente Cristina Kirchner a été ciblée par des accusations et des manifestations après la mort non élucidée en janvier du procureur Alberto Nisman. Ce dernier accusait la présidente d'avoir couvert des dirigeants iraniens dans l'enquête sur un meurtrier attentat antisémite en 1994 à Buenos Aires qui avait fait 85 morts et plus de 300 blessés. Aux dernières nouvelles, Mme Kirchner a échappé aux poursuites judiciaires engagées par le successeur du juge Nisman et devrait achever tranquillement son deuxième et dernier mandat.
 
- Une autre présidente, Michelle Bachelet, a choisi de ne pas faire le déplacement du Chili au Panama suite à un scandale financier visant son fils, qui a affecté sa crédibilité et suscité des rumeurs de démission. «Au cas où quelqu'un aurait des doutes, je n'ai pas démissionné, et je ne le ferai pas, je ne sais même pas comment ce serait possible constitutionnellement», a tenu à affirmer la présidente socialiste, surnommée «Madame Propre», lors d'une rare rencontre avec la presse étrangère le 9 avril 2015. «La vérité c'est que je n'ai aucun lien avec tout cela», a poursuivi Mme Bachelet.

Officiellement, ce sont de graves inondations dans le nord du pays qui l'ont décidée à abandonner son voyage. Une absence regrettée par Ted Piccone, ancien conseiller diplomatique de l'administration de Bill Clinton: «C'est vraiment dommage car le Chili est l'un des acteurs les plus constructifs dans la région». Un soutien indirect que Michelle Bachelet appéciera.

- Quant à celui par qui l'on pouvait craindre de voir arriver le chahut, nous avons nommé Nicolas Maduro, le président du Venezuela, il a joué l'apaisement à quelques heures du début du Sommet des Amériques. Auparavant, certes, Barack Obama s'était fendu d'une déclaration dédramatisante concernant les relations tendues entre les deux pays. «Nous ne pensons pas que le Venezuela représente une menace pour les Etats-Unis et les Etats-Unis ne menacent pas le Venezuela», a dit le président américain dans un entretien accordé à l'agence de presse EFE.

La crispation entre Caracas et Washington était dernièrement montée d'un cran, lorsque les Etats-Unis avaient qualifié le Venezuela de menace pour leur propre sécurité et infligé des sanctions à sept hauts fonctionnaires soupçonnés d'atteintes aux droits de l'homme dans la répression des manifestations antigouvernementales de 2014.

Sûr que pour s'assurer un succès sans nuage lors de sa rencontre marquante avec le président cubain, il était important pour l'hôte de la Maison-Blanche d'aplanir la discorde avec le principal allié de La Havane dans la région ... Nicolas Maduro.

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