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USA: Salman Rushdie tacle six écrivains qui refusent d'honorer «Charlie Hebdo»

La prestigieuse société littéraire, PEN American Center, a décidé de remettre à «Charlie Hebdo» une récompense pour la liberté d'expression. Six auteurs anglophones en désaccord avec ce choix ne participeront pas à la cérémonie de gala prévue le 5 mai 2015. Un boycott qui a créé la surprise et fait réagir Salman Rushdie.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'écrivain britannique d’origine indienne a longtemps été sous la menace d'une fatwa pour son ouvrage «Les Versets sataniques», publié en 1988.  (Theo Wargo / Getty Images / AFP)

Le PEN American Center a choisi de décerner un prix pour la liberté d’expression à l'hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo. Six intellectuels ont pourtant refusé d'honorer ce journal, a révélé le New York Times, le 27 avril 2015. L'auteur australien Peter Carey, le Canadien Michael Ondaatje, la Britannique Taiye Selasi ainsi que les Américains Francine Prose, Teju Cole et Rachel Kushner n'approuvent pas les choix éditoriaux du journal qui, selon eux, vise trop souvent l'islam et son prophète.
 
«Un crime horrible a été commis, mais était-ce une question de liberté d'expression pour que PEN America s'immisce là-dedans?», s'est notamment interrogé dans le New York Times Peter Carey, deux fois lauréat du prestigieux Booker Prize.

«Provocations racistes et islamophobes»
La romancière Francine Prose, ancienne présidente du PEN Center a de son côté déclaré que si elle était «pour la liberté d'expression sans limitations» et qu'elle déplorait la tuerie du 7 janvier, décerner un prix à l'hebdomadaire français revenait à lui accorder «admiration et respect», ce qu'elle n'était pas prête à endosser. 
 
Dans un article paru peu après l'attaque terroriste du 7 janvier 2015, l'écrivain et photographe nigérian-américain,Teju Cole, avait quant à lui déclaré dans le New Yorker «Ces dernières années, le magazine a multiplié les provocations racistes et islamophobes.»

Les écrivains protestataires ont été recadrés par Salman Rushdie dans un tweet. «Le prix sera remis. Le PEN tient bon. Juste six mauviettes. Six auteurs qui cherchent à se faire mousser», a-t-il écrit. L'écrivain britannique d’origine indienne, est menacé depuis de longues années pour son ouvrage Les Versets sataniques, publié en 1988. 

.@JohnTheLeftist @NickCohen4 The award will be given. PEN is holding firm. Just 6 pussies. Six Authors in Search of a bit of Character.


Le Pen Américain Center a expliqué sur son blog que Charlie Hebdo n'avait pas l'intention «d'ostraciser ou d'insulter les musulmans, mais plutôt de rejeter avec force la tentative d'une petite minorité d'extrémistes de poser des limites à la liberté d'expression».

Le débat sur les limites de la liberté d'expression et en particulier sur la place de la religion - un tabou aux Etats-Unis - souvent caricaturée par l'hebdomadaire satirique reste ouvert.

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