Le pape François en Irak, un voyage à haut risque : "Dès qu'il sort, il sait que sa sécurité est en jeu"
Le pape François arrive vendredi 5 mars en Irak. Pendant ses trois jours sur place, il va se déplacer en hélicoptère et en voiture blindée et fermée, contrairement à son habitude.
C'est un voyage que beaucoup qualifient déjà d'historique : le pape François passe trois jours en Irak, de vendredi à lundi 8 mars, une première dans ce pays exsangue après 40 ans de crises sécuritaire, économique, sociale et sanitaire. Historique également au vu du danger que représente cette visite.
La violence fait toujours partie du quotidien des Irakiens. Pourtant, les dix roquettes tirées sur une base américaine à 250 kilomètres de Bagdad, mercredi, n'inquiètent pas le cardinal Fernando Filoni, qui est du voyage. Ancien nonce en Irak, il est aujourd'hui grand maître de l'ordre du Saint-Sépulcre au Vatican, qui œuvre pour aider les chrétiens de Terre sainte. "On ne peut pas dire que le Saint Père visite des pays lorsqu'il y a la paix, lorsque c'est tranquille. L'État irakien a certainement fait tout ce qui est possible pour la sécurité de tout le monde", affirme le cardinal.
"L'Église doit être là où il y a de la souffrance, là où il y a des problèmes."
Le cardinal Fernando Filonià franceinfo
L'armée irakienne, reconnue pour ses forces antiterroristes, est en effet responsable de la sécurité du voyage, même si la gendarmerie du Vatican et plusieurs gardes suisses ne lâcheront pas le pape, qui se déplacera en hélicoptère et en voiture blindée et fermée, contrairement à son habitude. Selon monseigneur Pascal Gollnisch, directeur général de l'œuvre d'Orient à Paris et qui est en Irak, le risque est bien présent : "Vous savez, dès que le pape sort, il sait bien que sa sécurité est en jeu. On peut même imaginer qu'un pape soit visé par un attentat à Saint-Pierre de Rome. Mais le risque, c'est que, à l'occasion de sa venue, il y ait une sorte d'attentat, qui peut être fait n'importe où en Irak, pour protester contre sa venue. Cela, ce sera assez difficile de l'encadrer."
Le risque est aussi sanitaire, avec l'épidémie de Covid-19, même si un confinement et un couvre-feu viennent à peine d'être imposés. Les hôpitaux ne sont pas armés et le nombre de cas augmente, selon le frère dominicain irakien Amir Jajé, sur place pour préparer le voyage du pape. "Les chiffres ne sont pas tout à fait fiables, l'état sanitaire questionne. Pour le pape, on fait toujours attention, mais il a été vacciné, je ne pense pas qu'il y ait de risque pour lui. Le risque, c'est plutôt pour les autres." Car il sera difficile de contenir les foules. Un seul rassemblement dépassera plusieurs milliers de personnes dans le stade d'Erbil, dimanche, mais beaucoup d'Irakiens tenteront sans doute de saluer le pape sur la route. Des Irakiens moins "à risque" sanitaire qu'en Occident, puisque la moitié de la population a moins de 20 ans.
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