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Vrai ou faux Comment la rumeur d'une arrestation du pape pour pédophilie s'est-elle propagée en un week-end ?

Le pape François arrêté ? C'est la rumeur qui s'est répandue sur les réseaux sociaux dimanche. Une "fake news" de plus signée par le mouvement conspirationniste d'origine américaine QAnon.

Article rédigé par franceinfo
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Le pape François célèbre l'Angélus, dans la bibliothèque du palais apostolique, au Vatican, le 10 janvier 2021. (HANDOUT / VATICAN MEDIA / AFP)

Le pape François arrêté en pleine nuit, après une coupure d'électricité massive sur la place Saint-Pierre ? C'est la folle rumeur qui s'est emparée des réseaux sociaux durant le week-end. Selon plusieurs internautes, le souverain pontife aurait été arrêté samedi 9 janvier par le Bureau fédéral d'enquête américain (FBI), après avoir été visé par "80 chefs d'accusation, dont trafic d'enfants". "Et ce n'est que la première marche de l'escalier", avertit une utilisatrice de Twitter visiblement renseignée. Il ne s'agit pourtant que d'une énième "fake news", lancée en ligne par la sphère conspirationniste QAnon.

A l'origine de la rumeur, un site conspirationniste canadien

Pour commencer : non, le pape François n'a pas été arrêté. A la tête de l'église catholique depuis son élection en mars 2013, le souverain pontife argentin a célébré l'Angélus dimanche devant les caméras

La source de cette rumeur n'est autre qu'un article du site internet canadien Conservative Beaver*, publié le même jour et relayé à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux. Un site qui explique fournir à ses lecteurs des informations inaccessibles "sur les médias traditionnels."

Selon cet article, qui mobilise de prétendues sources judiciaires italiennes, l'arrestation du souverain pontife aurait eu lieu samedi, après une coupure d'électricité au Vatican. Le papier s'appuie notamment sur des images tweetées* de la place Saint-Pierre de Rome plongée dans le noir, vraisemblablement issues du direct du média Vatican News.

En réalité, comme le prouve une recherche à la date du 11 janvier au sein du direct de Vatican News, ces images ne semblent avoir rien d'anormal : durant la nuit, la caméra du média papal qui filme la basilique Saint-Pierre de Rome change de mode, ne permettant pas aux spectateurs d'apercevoir la place. Des images dès lors détournées, que des internautes semblent pourtant rapprocher de la panne d'électricité massive qu'a connue le Pakistan ce même week-end. 

Une nouvelle "fake news" signée QAnon

Pourquoi ? Parce que cette prétendue arrestation serait la première de celles prédites par les théories du groupe conspirationniste QAnon, né en 2017 sur internet. "Possession de pédopornographie [sic], trafic d'êtres humains" ou encore "inceste" : les soi-disants motifs d'inculpation du pape François ne sont autres que ceux reprochés par QAnon à l'"Etat profond". Un réseau criminel de l'élite mondiale qui, d'après les adeptes de ces théories conspirationnistes, contrôlerait la planète et compterait en son sein les démocrates américains ou encore les milliardaires Bill Gates et George Soros. 

Pour ces internautes, cette série de deux (!) coupures d'électricité généralisées et cette prétendue arrestation ne reflèteraient donc que la mise en place du plan d'action du président Donald Trump – ardemment soutenu par QAnon – contre l'élite mondiale. En novembre 2020, le même site internet avait déjà faussement relayé l'arrestation de l'ancien président des Etats-Unis Barack Obama et du milliardaire George Soros, révèlent AFP Factuel et l'agence Reuters*. 

Une "fake news" de plus pour ce site canadien, qui a fait parler d'elle en France, et notamment sur Twitter, relayée par exemple par le compte QAnon français "Qactus", suivi par près de 11 100 personnes, et par un adepte français des mêmes théories conspirationnistes, MiQael VLF, environ 7 500 followers à son actif. Au matin du dimanche 10 janvier, le sujet a fait prendre à "Vatican" et "Pape" les 6e et 10e place des tendances françaises du réseau social, rapporte l'outil GetDayTrends. Le chercheur de l'université de Paris Tristan Mendès-France, spécialiste du numérique, notait lui aussi en ligne le fort écho de la rumeur sur les réseaux sociaux français.

Cette folle rumeur a pu bénéficier de l'écho d'un gourou des thèses conspirationnistes sur le réseau social conservateur Parler : Lin Wood. L'avocat pro-Trump a repartagé l'article du média canadien et aurait occasionné plus de 945 000 lectures, selon une capture d'écran partagée sur Twitter*. Lin Wood a également suscité la polémique durant le week-end : sur la même plateforme, il avait appelé à fusiller le vice-président américain Mike Pence pour son opposition à l'invasion du Capitole du 6 janvier par des soutiens du président Trump, rapporte USA Today*.

Parler a été mis hors service lundi 11 janvier par les géants d'Internet Amazon, Apple et Google. Le réseau social connaissait une affluence record après l'exclusion par Twitter du président Donald Trump, accusé d'avoir incité ses partisans aux violences commises le 6 janvier à Washington.

* Ces articles sont en langue anglaise.

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