: Vidéo "On se sentait très surveillés" : un reporter de franceinfo raconte ses deux semaines de reportage au Venezuela
Benjamin Illy et Jeremy Tuil, envoyés spéciaux de franceinfo, ont passé deux semaines à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, puis à Caracas. De retour à Paris, Benjamin Illy revient sur les temps forts de ce reportage.
Le président du parlement vénézuélien Juan Guaido, qui s'est auto-proclamé chef de l'Etat par intérim, appelle à manifester samedi 9 mars à Caracas. Parallèlement, l'actuel président, Nicolas Maduro, appelle lui aussi ses partisans à descendre dans la rue. Depuis deux mois, les manifestations contre le pouvoir en place sont récurrentes, dans un pays où la population a faim et où 85% des médicaments manquent dans les hôpitaux. Au Venezuela, l'argent ne vaut plus rien et l'inflation a atteint les 10 millions de pourcents.
Benjamin Illy, grand reporteur à franceinfo, revient de deux semaines de reportage au Venezuela. Avec Jeremy Tuil, ils ont constaté l'ampleur des dégâts pour la population, vu des camions d'aide humanitaire être incendiés à la frontière et rencontré Sandra Hernandez, dont le mari militaire a été torturé par les forces du régime.
Un kilo de viande ou de fromage coûte une fortune
Selon Benjamin Illy, les Vénézuéliens qu'il a pu rencontrer font tous le même constat : "Ce qui est revenu le plus souvent dans la bouche des gens qui ont accepté de nous parler, c'est que la situation est catastrophique." Avec Jeremy Tuil, il a pu observer des rayons de pharmacie vides et constater les difficultés des hôpitaux pour soigner les patients alors que les effectifs ne le permettent pas. "Beaucoup de médecins et d'infirmières ont quitté le pays", explique-t-il. Ils ont également été confrontés à la crise alimentaire. "Pour se payer un kilo de viande ou de fromage au Venezuela, ça coûte une fortune par rapport au salaire minimum !" En effet, celui-ci n'est que de 18 000 bolivars, soit 6 dollars par mois.
Nous avons ressenti un véritable sentiment d'enfermement
Benjamin Illyfranceinfo
Benjamin Illy et Jeremy Tuil ont dû faire preuve de prudence pour pouvoir réaliser leurs reportages. "Les interviews se faisaient souvent dans des endroits discrets, des lieux fermés, loin des regards." En effet, dans la rue, ils ne sont pas forcément bien perçus. "Dès qu'on tendait le micro à quelqu'un, on se sentait très surveillés. Des gens nous prenaient en photo." Le danger qui rôde, c'est celui des 'colectivos', des groupes armés par le gouvernement qui sont chargés de contrôler les quartiers populaires et peuvent les dénoncer aux autorités.Certains journalistes sont interrogés, détenus, disparus ou expulsés. "Nous avons joué la prudence et la sécurité car le but était de rapporter des reportages et témoignages pour raconter la situation au Venezuela."
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