Wikileaks : Bradley Manning, accusé d'être la "taupe", parle de sa détention
Bradley Manning a été arrêté
à Bagdad en mai 2010. Cet analyste du renseignement en Irak est soupçonné d'être
la "taupe" de Wikileaks. Il aurait transmis au site internet
des milliers de documents secrets sur les guerres d'Afghanistan et d'Irak. Il encourt la prison à
perpétuité.
Jeudi, pour la première fois,
il s'est confié devant un tribunal, il a raconté ses premiers mois d'emprisonnement.
Son "effondrement " et son combat pour ne pas sombrer. Le
Huffingtonpost écrit que Bradley Manning a été détenu 921 jours avant sa
première audience, "c'est la plus longue détention d'un militaire
américain depuis la guerre du Vietnam ", note le journal.
Les premières semaines au
Koweït
Devant le tribunal, Bradley
Manning, 24 ans, se rappelle des premiers moments de sa détention "dans
une cage d'animal " où il avait peur de mourir. "J'étais
complètement perdu (...) j'étais dans une situation de stress car je ne savais
pas ce qui se passait ".
Durant près de cinq heures,
passant d'une voix tremblante à des pointes d'humour, le soldat confie notamment : "Mes nuits étaient mes jours et mes jours étaient mes nuits ".
Il avoue qu'il commence alors "à s'effondrer ". "Je passais tout
mon temps dans ma tente de ségrégation ". Il pense alors au suicide mais
affirme "j'ai vite abandonné, mon monde s'est juste rétréci ".
Juillet 2010 : la prison
militaire de Quantico
Après plus de deux jours de
vol, sans aucune notion du temps ni de l'endroit où il était conduit, Bradley
Manning atterrit aux Etats-Unis. Il est transféré à la prison militaire de
Quantico, près de Washington. Paradoxalement, il dit qu'il était "très
heureux " à son arrivée dans la prison, "ce n'était pas un environnement
idéal, mais c'était le continent américain ".
Malheureusement pour lui, la "surveillance
maximale anti-suicide " qui lui est réservée est très rude. Il vit dans
une cellule de 2 mètres sur 2,5 mètres, basse de plafond. Une seule couverture rêche, un
matelas et une veste pour prévenir toute tentative de suicide. "Il n'y
avait pas d'accès à la lumière naturelle. Le
miroir était la chose la plus divertissante dans la pièce ".
La surveillance "maximale"
implique que Bradley Manning soit "contrôlé toutes les cinq minutes ".
Il n'a droit qu'à "20 minutes de soleil " par jour. Ses lunettes de
vue lui sont enlevées. "Je devais me mettre au garde à vous et crier 'détenu
Manning demande du papier toilette' " se rappelle-t-il.
Tous les soirs, il doit
enlever ses sous-vêtements à cause d'une mauvaise blague. Un jour il avait
provoqué les gardiens en disant qu'il pourrait se suicider avec n'importe quoi,
même ses caleçons.
Bradley Manning restera neuf
mois sur cette base militaire de Virginie avant d'être transféré dans la prison
militaire de Fort Leavenworth.
Son avocat demande l'abandon
de toutes les charges en arguant que le régime carcéral que son client a subi pendant
neuf mois constitue une "punition illégale préventive".
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