Nicolas Sarkozy aura-t-il son musée de l'histoire de France ?
A six mois de la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, des incertitudes demeurent autour de la Maison de l'histoire de France souhaitée par le président de la République.
Georges Pompidou a eu le Centre Beaubourg, Valéry Giscard d'Estaing a eu le musée d'Orsay, François Mitterrand a eu la Bibliothèque nationale de France et la pyramide du Louvre, Jacques Chirac a eu le musée du quai Branly... Nicolas Sarkozy aura-t-il sa Maison de l'histoire de France ?
A six mois de la fin de son quinquennat, de nombreuses incertitudes demeurent autour de ce projet souhaité par le chef de l'Etat depuis juillet 2007. FTVi fait le point en trois questions.
• Pourquoi une polémique entoure-t-elle la création de ce musée ?
Depuis 2007, un vif débat ne cesse d'opposer des historiens et intellectuels sur la finalité de cette Maison de l'histoire de France. D'un côté (comme ici, ici ou là), ceux qui se félicitent d'"un lieu d'ouverture et de partage autour de notre histoire commune", qui permettrait "d'irriguer notre passion et nos talents historiques". De l'autre (ici, là ou encore là), ceux qui redoutent une "instrumentalisation" du passé à des fins politiques et dénoncent "un projet dangereux", "une vision étriquée", "un discours rétrograde".
Autre point sujet à polémique, le lieu du futur musée. Pendant plusieurs mois, de nombreux sites ont été évoqués : les Invalides, les châteaux de Versailles, Vincennes et Fontainebleau, le Grand Palais, le Palais de Chaillot, l'Ile Seguin à Boulogne-Billancourt... Finalement, c'est aux Archives nationales, près de la place des Vosges à Paris (3e), que la Maison de l'histoire de France doit s'implanter.
Mais ce choix ne fait pas l'unanimité. Alors que des personnels des Archives s'opposent à un déménagement d'une partie de leur site à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), à une dizaine de kilomètres au nord de Paris, leur directrice, Isabelle Neuschwander, est remerciée en février 2011 par le ministère de la Culture. "Une révocation arbitraire" pour l'Association des professeurs d'histoire-géographie (APHG). Même une partie du conseil d'orientation scientifique de la Maison de l'histoire de France regrette le choix des Archives nationales, dans une tribune publiée dans Le Monde daté du 2 mars 2011, et dénonce le licenciement "brutal" d'Isabelle Neuschwander.
• A quelle date doit ouvrir le musée ?
Depuis l'été 2007, le projet a donné lieu à pas moins de quatre rapports différents (avril 2008, mai 2009, avril 2010 et mai 2011).
Finalement, un avant-projet remis en juin 2011 préconise une ouverture à l'horizon 2015. Le statut d'établissement public sera attribué au 1er janvier 2012, et le projet définitif sera remis dans la foulée au ministère de la Culture. Une première exposition de "préfiguration", intitulée "La France, quelle histoire !", devrait voir le jour au premier semestre 2013 au Grand Palais.
• Une victoire de la gauche en 2012 hypothéquerait-elle la création du musée ?
A gauche, le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a déjà exigé le retrait définitif du projet, qui selon lui "renoue avec une conception de l'histoire nationale que l'on pensait révolue". Il déplore également son coût prévisionnel, évalué entre 60 et 80 millions d'euros. Candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a également dénoncé "les lourdes hypothèques idéologiques qui pèsent sur [un] projet" reflétant "une conception étriquée et manichéenne de l'histoire".
Même son de cloche chez Europe Ecologie-Les Verts, où l'on dénonce "un projet inutile et coûteux".
Rue de Solférino, le Parti socialiste "s'inquiète de la création à marche forcée" de ce musée. "La Maison de l’histoire de France est l’expression caricaturale de la politique culturelle du gouvernement et de sa volonté d’instrumentaliser l’histoire", déplore la direction du PS le 19 octobre. Cela veut-il dire que François Hollande mettra un terme à ce projet s'il est élu en 2012 ? Contactée par FTVi, la secrétaire nationale adjointe Karine Gloanec Maurin, qui le conseille sur les sujets culturels, ne se montre pas si catégorique. "Ce qui certain, dit-elle, c'est que cette question devra être abordée pendant la campagne, et que le projet devra être, sinon annulé, au moins remis en cause."
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