OM-Bayern : sexe, baston et biftons, la vie dissolue du FC Hollywood
L'Olympique de Marseille reçoit le Bayern Munich en quart de finale aller de la Ligue des champions ce soir. A club volcanique, club volcanique et demi.
Coucheries, bagarre à l'entraînement, guerre dans le vestiaire, le Bayern Munich est surnommé le FC Hollywood. Oubliez le côté glamour, le club le plus détesté d'Allemagne cultive une réputation sulfureuse. L'ancien international Rudi Völler, qui a fait beaucoup pour la propagation de la coupe mulet en Europe, a beau déclarer dans L'Equipe "quand j'étais à l'OM, c'était Hollywood", le Bayern Munich mérite dix fois plus ce qualificatif. Encore que, dernièrement, on est plus proche de Olive et Tom que de Dallas.
Munich, ton univers impitoyââââââble
L'expression "FC Hollywood" date des années 90 et doit beaucoup à deux figures du club : Stefan Effenberg et Lothar Matthaus. Le Bayern, naguère collectionneur de trophées, connaît des années de vaches maigres. Mais le club ne quitte pas la une des tabloïds pour autant. Le caractériel milieu de terrain Stefan Effenberg quitte sa femme Martina pour la compagne d'un de ses coéquipiers. On apprendra par la suite qu'il s'est battu dans une boîte de nuit avec une femme. Effenberg ne prive pas l'Allemagne de ses opinions politiques : d'après lui, les chômeurs sont des paresseux qui préfèrent toucher leur chèque en fin de mois sans rien faire. Le même tire à boulets rouges sur un autre de ses équipiers, Lothar Matthaus, dans son autobiographie (article en anglais). La télévision organise un débat pour les réconcilier, mais l'échange tourne court. Pendant ce temps, Matthaus hérite du surnom de "haut-parleur" tant il s'exprime dans la presse de façon virulente. Le même Matthaus qui déclare à un touriste hollandais : "Hitler aurait dû vous écraser." Bonne ambiance !
On se souvient aussi de la bagarre entre Bixente Lizarazu et Lothar Matthaus (encore lui !) en 1998. Une gifle de la part de l'Allemand, une mandale en retour de la part du Français. La version de l'international français, sur RTL en 2011 : "J'ai connu un club qui s'appelait le FC Hollywood où on se mettait sur la gueule à l'entraînement. C'était tendu." Le Bayern est l'un des rares clubs dont on peut faire une rétrospective des bagarres à l'entraînement.
Fatalement, les entraîneurs craquent. Le plus célèbre pétage de plombs est signé Giovanni Trapattoni en 1998. Pas besoin de sous-titres, en VO, c'est un bonheur, un hommage indirect à Louis de Funès ou à Charlie Chaplin dans Le Dictateur.
Vous pensiez que seuls les joueurs étaient concernés ? Erreur…
Au Bayern Munich, le craquage d'ego est une compétence partagée. Les dirigeants font comme les joueurs, en pire. Presque normal, vu que ce sont tous d'anciennes gloires du club.
Ainsi, Karl-Heinz Rummenigge, qui se plaignait dans les années 90 que le quotidien du club était "devenu un soap opera", a été pris la main dans le sac à négocier un deal illégal de 20 millions d'euros avec un groupe de télévision. Qu'à cela ne tienne, Rummenigge s'est drapé dans son bon droit et a menacé d'inscrire le Bayern dans le championnat italien vu que l'Allemagne n'était plus assez bien pour lui. Menace restée sans lendemain.
Une autre légende du club passée dans la tribune présidentielle, Uli Hoeness, n'a rien trouvé de mieux que de se fâcher avec les supporters en 2007 après que l'un d'entre eux ait regretté le manque d'ambiance au stade à cause des VIP. Réponse de Hoeness : "Ce n'est pas possible qu'on se fasse ch… à longueur d'année et d'être ensuite critiqué ainsi. (…) Je n'ai vraiment pas envie de me retrouver dans une situation comme à Marseille où ils sont obligés de donner 5 000 billets gratuits aux privilégiés."
Franz Beckenbauer, surnommé "le Kaiser", est un peu moins impérial hors des terrains. Chaque semaine, il a l'occasion d'enfoncer son équipe dans la chronique qu'il tient dans le tabloïd Bild, l'équivalent allemand du Sun. En 2001, il a dû reconnaître un enfant illégitime alors que le club connaissait une nouvelle poussée de "FC Hollywoodisme". Oui, au Bayern, l'exemple vient d'en haut.
Docteur Bayern et Mister FC Hollywood
Même quand il gagne, le Bayern est toujours menacé par le syndrome Dallas. Dans les années fastes de l'ère Ottmar Hitzfeld (une victoire et une finale de Ligue des champions à la charnière des années 1990-2000), l'entraîneur a dû désamorcer plus d'une situation de crise.
Une grande partie de son travail consistera à rabaisser les ego des footballeurs et maintenir la discipline. Ça passe par l'emploi de détectives privés pour surveiller la consommation de bière des joueurs, mais aussi par le rappel des bases de la vie en groupe. Ainsi, le légendaire gardien Oliver Kahn se verra durement réprimandé par son entraîneur après s'être éclipsé rapidement de la fête de Noël du club : "Il fallait que je fasse un exemple pour que chacun au club sache comment se comporter. Sinon, ce club va devenir un asile de fous", se justifiera Hitzfeld, cité par FootballFanCast (article en anglais).
L'intermède du FC Bollywood
On retient souvent du passage de Jürgen Klinsmann sur le banc du Bayern en 2008-2009 les quatre statues de Bouddha en plâtre qu'il a fait disposer autour du terrain d'entraînement. Klinsmann, convaincu par les méthodes de management des sports américaines (vous avez vu Le Stratège avec Brad Pitt ?), pense que les joueurs doivent s'épanouir hors du terrain et bénéficier d'un entraînement individualisé à l'extrême. Conséquence : ils ne mettent pas un pied devant l'autre et Klinsmann est débarqué à cinq matchs de la fin de la saison, remplacé par un entraîneur plus classique pour sauver les meubles.
L'étiquette du FC Hollywood dure à faire oublier
Même quand il ne se passe pas grand-chose hors du terrain, le fantôme du FC Hollywood plane sur le club bavarois. Le Bayern fait 0-0 contre Duisbourg en 2007 ? Encore un coup du FC Hollywood ! L'entraîneur pique une colère et fait s'entraîner les joueurs à 3h30 du matin en 2005 ? Le FC Hollywood ! La star montante Thomas Müller explique le 5 mars 2012 sa façon de penser à son coéquipier Jérôme Boateng (bon, de façon un tantinet agressive) : le FC Hollywood !
Peut-on pour autant continuer à parler de FC Hollywood ? Effenberg et Matthaus sont partis depuis longtemps, les dirigeants se sont (un peu) calmés, l'entraîneur actuel, Jupp Heynckes, fait très attention à limiter les dérapages dans la presse. Même l'affaire Ribéry-Zahia n'a pas ranimé les mânes du FC Hollywood. Mais les médias continuent de s'emballer au moindre dérapage d'un club aussi volcanique que l'OM en France ou le Real Madrid en Espagne…
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