Exposition : "Nous sommes foot", au Mucem à Marseille, jusqu'au 12 février 2018
Oubliez tous vos a priori sur le football ! En faisant entrer le ballon dans son enceinte, le Mucem, à travers 300 œuvres, objets, photos, installations et vidéos, rend hommage au football et à la culture populaire qui l’accompagne.
L’exposition
Dans le Paris huppé comme dans les cités défavorisées de Marseille, dans les ports d’Istanbul ou d’Athènes, dans les banlieues d’Alger ou sur les plages de Malaga, le football, dont la popularité est inégalée, possède la capacité de faire vivre ensemble les habitants de la Méditerranée. A contrario, ce sport renvoie aussi l’image d’une Méditerranée traversée par les clivages sociaux, la violence, le racisme et le fanatisme.
Le football nous offre un miroir grossissant des valeurs morales et des idéologies politiques des XXe et XXIe siècles. Le football est un révélateur de nos sociétés, un reflet de ce qu’elles comportent de plus sombre mais aussi de plus lumineux.
Questions à Florent Molle et Gilles Perez, commissaires de l’exposition
Nous sommes Foot… même si on n’a jamais tapé dans un ballon, même si on ne s’est jamais intéressé à ce sport ?
Florent Molle – C’est l’idée ! C’est peut-être un peu ambitieux, mais nous souhaitions suggérer avec ce titre provocateur que tout le monde est concerné par le football, notamment ceux qui détestent ce sport. On ne peut pas fermer les yeux sur le fait que le football est le sport le plus populaire du monde : faut-il rappeler que plus d’un milliard de téléspectateurs ont regardé la finale de la dernière Coupe du monde ? Si le football est si présent c’est parce qu’il est bien plus qu’un simple sport. Plutôt que de parler du jeu lui-même, de ses règles et de son histoire, l’exposition révèle à quel point il est pertinent de regarder les sociétés de l’Europe et de la Méditerranée à travers un ballon. Tout au long du parcours, il est question de passion, de sentiment religieux, d’appartenance, de violence, de genre, de politique et d’économie...
En quoi le football est-il un sujet d’exposition pertinent pour le Mucem ?
Gilles Perez – Faire une exposition sur le foot n’est pas chose évidente. Certains peuvent considérer que le football n’est qu’un épiphénomène, qu’il ne mérite pas d’entrer dans un musée… Notre souhait est de faire comprendre que ce sport nous renvoie sans cesse à une réalité sociétale et politique. Le football est un polaroïd de nos sociétés et sa marchandisation croissante a travesti notre vision de ce sport. Elle nous a fait oublier les émotions premières qu’il véhicule. Notre message est qu’il est nécessaire de revenir aux fondamentaux, de percevoir le football comme un moment de partage. Avec cette idée utopique que le football est un bien commun : il faut donc s’élever contre les appropriations marchandes et financières des passions populaires.
Comment s’organise l’exposition ? Quelles sont ses grandes thématiques ?
G.P. – L’exposition commence par un "sas anti-foot", un vestiaire où l’on va se débarrasser de toutes nos idées préconçues sur ce sport. Ensuite, le visiteur rentre littéralement dans un stade de football, sous les gradins, avec une ambiance scénographique conçue par les directeurs artistiques Democracia. La première partie traite de la "Passion" dans toutes ses dimensions : des rapports entre football et religion, de la culture ultra et de ce qui la distingue du hooliganisme. La seconde partie est intitulée "Engagements". Nous y présentons les liens qui unissent football et politique. Nous cherchons à comprendre comment cette culture populaire a été utilisée au cours de l’histoire politique. Ici, le visiteur rentre dans ce que l’on nomme "le stade agora" dans lequel nous espérons voir naître des discussions pour rappeler que le stade est aussi un lieu public.
F.M. – "Mercatos" est le titre de la partie suivante. Elle retrace l’évolution du football, de l’amateurisme à la professionnalisation, jusqu’au marché des transferts. Une salle dans laquelle des affiches de publicités prennent place à côté d’affiches de films et de disques 45 tours pour montrer comment est né le football marchandise, dont l’un des aboutissements réside dans ces objets. L’exposition confronte ensuite le visiteur à la face sombre du football actuel, celle de la corruption et des intérêts financiers. Nous nous demandons ici si le football doit nécessairement gagner à tout prix. La dernière partie propose aux visiteurs une vision plus positive du football en rappelant que celui-ci offre toujours la possibilité d’un monde solidaire et citoyen. Son futur ne dépend que de ce que nous en ferons.
Plus d’informations sur le site du Mucem
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