Médias : "Les livres de votre été », un numéro spécial du magazine Lire, en kiosques le 29 juin
Aventures, histoire, frissons, émotions… la rédaction de Lire vous a concocté une liste de lectures captivantes qui rendra votre été inoubliable A découvrir également le grand entretien de Patrick Boucheron, l'historien qui alimentent toutes les polémiques.
L’édito de Baptiste Liger
« Elle s’appelle Thi Thu Nguyen. J’aurais pu aussi bien vous parler de Gabrielle Schaff, de Thomas Dufait, de Nina Fabrer ou de Clémence Delbart – d’autres encore…
Vous ne connaissez pas ces noms ? Et pour cause : tous étaient, cette année, étudiants en Master 2 de création littéraire à l’université du Havre – sous l’égide de l’écrivaine Laure Limongi – où ils ont effectué à la mi-juin la sacro-sainte épreuve de la soutenance (ce moment de stress avant l’été…). C’est dans ce cadre que j’ai rencontré Thi Thu Nguyen, venue présenter, expliquer et défendre devant un jury son projet, intitulé Du Vent, on ne voit que les effets. Une étrange proposition mêlant littérature, photo et vidéo, à travers l’errance d’une photographe épiant les badauds dans Paris, prétexte à réunir d’autres destins, réalistes ou tout droit sortis de contes orientaux. Cette mosaïque textuelle, au style élégant, montre déjà une évidente personnalité d’auteur, une capacité à briser (ou réunir) les genres. Dès lors, comment ne pas s’enthousiasmer ? La même promotion nous a aussi offert un roman de zombies n’ayant rien de potache, une sidérante performance d’improvisation littéraire, un bluffant flux de langue combinant français et argot de Côte d’Ivoire (le « nouchi »), etc. Pourquoi évoquer tous ces cas? Tout simplement parce qu’il faut rappeler qu’au-delà des services des manuscrits, il existe en France de formidables viviers de créativité – à l’image de tous ces ateliers (à l’université ou ailleurs), permettant à des talents de se révéler, de progresser. Jusqu’à, allez savoir, une publication…
Un premier ministre qui aime les livres
Justement, restons au Havre. Ou presque. Le maire de cette ville – désormais Premier ministre –, Edouard Philippe, s’était déjà fait remarquer dans le passé avec deux romans – coécrits avec Gilles Boyer –, Dans l’ombre et L’Heure de vérité. Loin de ces thrillers politiques, il revient aujourd’hui en librairie avec un récit très inattendu : Des hommes qui lisent (JC Lattès, parution le 5 juillet), dont nous avons pu découvrir les (remarquables) quarante premières pages… Fils d’un ancien professeur de français devenu proviseur de collège au Grand-Quevilly, Edouard Philippe se souvient notamment des premiers volumes ayant compté dans sa vie – L’Enfer de Dante, découvert à 6 ans, et, un peu plus tard, Va dire à Sparte de Roderick Milton. C’est peut-être parce qu’il a grandi sans télévision qu’il a, au fil du temps, pris goût aux livres (dans un milieu certes culturellement plutôt favorisé) et est devenu un brillant élève, jusqu’à atteindre les plus hautes responsabilités. Ce constat a, semble-t-il, mené Edouard Philippe en 2010 à mettre en oeuvre « une politique ambitieuse de promotion de la lecture » au Havre, qu’il évoque (et développe) dans Des Hommes qui lisent.
Faut-il y voir une sorte de laboratoire avant une expansion nationale ? Au-delà du récit intime, cet ouvrage a bien entendu des airs de programme politique pour « faire en sorte qu’une population sache lire » coûte que coûte. Au-delà des idéologies des uns et des autres (à chacun sa liberté), la présente intention de l’auteur Premier ministre ne peut être que saluée. Au passage, Edouard Philippe avance que « le vrai miroir d’un lecteur est sa bibliothèque [dans laquelle on] retrouve, en un instant, tout son esprit et toute son âme ». Avant de la définir comme « un lieu de mémoire de notre existence ». On lui recommandera alors le portfolio des plus belles bibliothèques du monde, présent dans ce numéro qui compte aussi une enquête sur notre boulimie actuelle pour les sagas littéraires, une sélection de romans (dits « de l’été ») et d’essais, sans oublier quinze extraits des titres de la prochaine rentrée littéraire (n’augurant en rien notre future sélection…). Bref, de quoi lire sur la plage – pourquoi pas celle du Havre…
Enfin, on ne résiste pas au plaisir de citer, en guise de conclusion, quelques belles lignes de Thi Thu Nguyen, cette jeune auteure à la fois fruit et symbole d’une formation réussie :
« Où t’en vas-tu toute l’année,
A marcher, vaguer, t’égarer ?
Dans quel dessein voyages-tu seul
Loin de ta terre, loin de tes pairs ?
Loin de tout, tu as oublié…
N’as-tu jamais aimé ? »
Plus d'information sur le site de L'Express
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