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A un mois des législatives, l'UMP réfléchit à la moins pire des solutions

Le désormais ex-parti présidentiel hésite sur la stratégie à adopter pour éviter une débâcle le mois prochain. Car les semaines à venir vont être décisives pour l'avenir de la droite.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Alain Juppé, François Fillon, Carla Bruni-Sarkozy, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Brice Hortefeux assistent à un meeting de Nicolas Sarkozy, le 19 février 2012 à Marseille. (WITT / DAMOURETTE / SIPA)

Faire son introspection, sans tomber dans le règlement de comptes. Améliorer voire changer la stratégie, tout en évitant le chavirement. Organiser les sensibilités, sans scinder le parti en multiples courants fratricides... Pour l'UMP, la défaite de Nicolas Sarkozy, dimanche 6 mai, ouvre une ère nouvelle, mais surtout très risquée à un mois des élections législatives.

• Qui conduira cette bataille des législatives ?

Jean-François Copé a décrété une organisation "très collective". Le secrétaire général de l'UMP sait bien que les législatives risquent d'être très compliquées pour son parti. Notamment parce que le Front national est en mesure de se maintenir au second tour dans des dizaines de circonscriptions. Plus l'organisation sera collective, moins les responsabilités d'une possible débâcle se concentreront sur un seul homme, et plus son avenir personnel en sortira préservé.

D'autant que ses rivaux au sein de l'UMP, comme François Fillon ou Xavier Bertrand, ne comptent pas lui laisser les manettes sans piper mot. Les bientôt ancien Premier ministre et ex-ministre du Travail ont, eux aussi, quelque ambition pour 2017. Et misent donc, également, sur une organisation "collective" dans laquelle ils auraient une place de choix. Lundi après-midi, les dirigeants de l'UMP ont donc acté, lors d'un bureau politique extraordinaire, le principe d'un comité de campagne collégial, réunissant au moins une fois par semaine une trentaine de responsables du parti (Copé, Fillon, Juppé, Bertrand, Raffarin, Hortefeux, Alliot-Marie, Devedjian, Larcher, Accoyer, Gaudin...).  

• Quelle ligne politique adopter ?

La place que chacun occupera dans l'organigramme de campagne influencera sans doute la ligne que l'UMP adoptera dans les tout prochains jours pour la bataille des législatives. Pour éviter la foire d'empoigne, Jean-François Copé veut que puissent s'exprimer divers "mouvements". Diviser pour régner, raillent certains de ses opposants.

Jean-François Copé aimerait organiser l'UMP en plusieurs "mouvements", exprimant chacun des sensibilités diverses. (WITT / SIPA)

Mais l'expression de ces différentes sensibilités devra être soigneusement orchestrée pour qu'elle ne vire pas à la cacophonie. Et la tâche ne s'annonce pas des plus aisées. Dès l'annonce des résultats, la stratégie de droitisation adoptée au cours de la campagne présidentielle a été vertement critiquée par une partie de l'UMP.

Estimant que "nous n'aurions pas dû seulement parler sécurité et immigration", le ministre anti-copéiste Laurent Wauquiez (animateur du courant Droite sociale) a plaidé en faveur d'"une reconstruction en profondeur" de l'UMP : "On ne pourra pas se contenter de demi-réponses." L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a regretté qu'il n'y ait pas eu davantage de "diversité" autour de Nicolas Sarkozy. L'ex-ministre Chantal Jouanno a déploré que Nicolas Sarkozy ait "perdu en validant les mots du FN"...

• Quelle stratégie vis-à-vis du FN ? 

Autre sujet de discorde au sein de l'UMP, justement : la stratégie à adopter vis-à-vis du Front national. Car le parti de Marine Le Pen pourrait imposer à l'UMP des triangulaires dans de multiples circonscriptions - jusqu'à 350 sur 577 ! -, situation traditionnellement très défavorable à la droite républicaine. Du coup, certaines voix - venant de l'aile droite du parti - appellent à conclure d'éventuels accords dans certaines circonscriptions. Une hypothèse confortée par un sondage OpinionWay indiquant que 64% des électeurs UMP y sont favorables. Cette perspective a toutefois été de nouveau balayée, lundi, par Jean-François Copé comme par François Fillon. 

Mais en cas de duel PS-FN, l'UMP donnera-t-elle une consigne de vote ? Et en cas de triangulaire qui lui serait défavorable, se maintiendra-t-elle au second tour dans tous les cas ? Pour l'instant, Jean-François Copé botte en touche, se bornant à répéter qu'il n'y aura "aucune alliance avec le Front national, ni de discussion avec ses dirigeants".

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