Bernard Tapie : "Je suis ruiné. Rui-né. Ruiné de chez ruiné"
L'homme d'affaires réagit dans "Le Monde" à sa condamnation à rembourser 405 millions d'euros dans l'affaire Adidas-Crédit lyonnais.
Bernard Tapie a été condamné par la cour d’appel de Paris à rembourser les quelque 405 millions d’euros perçus en 2008 à la suite d’un arbitrage privé afin de solder son contentieux avec le Crédit lyonnais. L'homme d'affaires réagit dans les colonnes du Monde, vendredi 4 décembre.
Il confie qu'il ne s'attendait pas à cette décision. "Elle est tellement féroce que, au-delà de la décision elle-même, je me pose une question majeure : pourquoi tant de haine ?"
"Je n’ai pas touché ces 405 millions d’euros"
A la question "combien avez-vous touché concrètement, après l’arbitrage de 2008 qui vous avait été favorable ?", Bernard Tapie fait le calcul : "Le groupe Bernard Tapie (GBT) a perçu exactement 245 millions. Moi, personnellement, 45 millions, j’en ai donné la moitié à ma femme, c’était la moindre des choses, j’en ai donc gardé la moitié, et, sur cette moitié, c’est-à-dire 22, j’en ai mis 20 dans le compte courant de La Provence."
Il assure avoir acheté sa villa de Saint-Tropez avec "la vente de [son] bateau". Bernard Tapie le martèle : "Je n’ai pas touché ces 405 millions d’euros. Sinon, à la limite, il n’y aurait pas de problème ! Sans compter qu’ils me comptent les intérêts, plus le coût de l’arbitrage."
"Si vous saviez combien de fois je me suis fait baiser"
L'homme d'affaires, qui se dit "abattu", poursuit : "Donc ils vont me mettre en liquidation personnelle et me vendre tout ce que j’ai, y compris ma maison, que j’ai achetée il y a vingt-huit ans. Et, cette perspective-là, à 72 ans… Si j’étais célibataire, franchement, je m’en foutrais. Mais j’ai des enfants, une femme qui a 65 ans..."
On est dans un principe politique qui s’apparente à la Corée du Nord.
Bernard Tapie, qui s'est pourvu en cassation, ne baisse pas pour autant les bras. "Ceux qui sont aux manettes (...) vont devenir mes ennemis. (...) Si vous saviez combien de fois je me suis fait baiser dans ma vie…"
Le journal "La Provence" n'est pas menacé
Le journal La Provence est-il menacé ? interroge Le Monde. "Non, parce que, la seule précaution que j’ai prise, c’est à l’égard de La Provence justement, répond l'homme d'affaires. J’ai fait entrer un investisseur institutionnel dans le capital." "Mais, moi, je suis ruiné. RUI-NE. Ruiné de chez ruiné", ajoute-t-il, indiquant qu'il ne lui restait déjà que son "hôtel particulier à Saint-Germain-des-Prés, là où vivent [ses] enfants, [ses] petits-enfants et tout le monde…"
"Maintenant, il ne faut jamais désespérer, peut-être que quelqu’un va me tendre la main, comme Claude Lelouch qui m’avait fait tourner alors que j’étais au fond du trou", espère-t-il. "Je me connais, cet état d’abattement ne va pas durer longtemps. J’ai dit tout à l’heure à mon fils : 'Je n’ai pas dormi depuis une semaine tellement j’attendais cette décision. Maintenant, on la connaît, très bien : ils veulent la guerre, ils vont l’avoir'". Qui sont ces "ils" ? Bernard Tapie cite pêle-mêle les "magistrats", les "journalistes" et le "pouvoir politique".
Ils ont décidé, tous étages et toutes juridictions confondues, de me tuer. Et je ne suis vraiment pas parano.
Bernard Tapie semble toutefois espérer un geste du gouvernement actuel : "C’est à eux, et à eux seuls, que revient la capacité, par l’intermédiaire du CDR [Consortium de réalisation], de corriger la décision invraisemblable des juges."
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