La manif de Mélenchon met le feu à la gauche
Eva Joly ira manifester le 5 mai au côté de Jean-LucMélenchon, qui réclame "un coup de balai" après l'affaire Cahuzac. Le gouvernement dénonce un appel qui "rompt avec l'histoire de la gauche".
Cette fois, la rupture entre le PS et Jean-Luc Mélenchon est définitivement consommée. L'appel du coprésident du Parti de gauche à manifester le 5 mai, lancé vendredi 5 avril, met les socialistes hors d'eux.
Mélenchon veut donner "un grand coup de balai"
"Il faut un grand coup de balai", a assené Jean-Luc Mélenchon, en réaction à la crise politique provoquée par l'affaire Cahuzac. Il faut "purifier cette atmosphère politique absolument insupportable, selon le coprésident du Parti de gauche. On ne peut accepter que le peuple français humilié (...) ne s'en mêle pas."
L'ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle a donc appelé à manifester le 5 mai, "le jour anniversaire du deuxième tour de la présidentielle". Cette manifestation serait l'occasion de promouvoir son projet de "VIe République". Jean-Luc Mélenchon rêve d'une "marche citoyenne".
Joly annonce qu'elle ira manifester
Un appel auquel répondra Eva Joly. L'ancienne candidate écologiste à l'élection présidentielle a annoncé, lundi 8 avril, qu'elle participerait à cette manifestation du 5 mai.
"J'appelle à manifester le 5 mai pour clairement dire que nous voulons la VIe République, a-t-elle justifié. Nous voulons la fin du cumul des mandats et nous voulons un vrai combat contre la finance, nous voulons un vrai combat contre la fraude fiscale, contre la corruption et les mesures prises jusqu'à maintenant sont totalement insuffisantes", a poursuivi la députée européenne.
Les communistes critiquent le vocabulaire de Mélenchon
Tout en appelant, eux aussi, à défiler le 5 mai, les communistes ont cependant pris leurs distances avec le vocabulaire employé par Jean-Luc Mélenchon. Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a jugé que l'expression "coup de balai" lancée par le coprésident du Parti de gauche n'était pas "la bonne".
Le président des députés Front de gauche (FG), André Chassaigne, a de son côté déclaré qu'il n'était "pas sûr" de manifester le 5 mai, et a déploré avec force les "mots outranciers et une forme de politique spectacle" de Jean-Luc Mélenchon. "Jamais, a-t-il dit, je n'emploie ce type d'expression. Je pense que les phrases outrancières, les petites phrases, la politique spectacle, le 'tous pourris', ça n'alimente pas les solutions politiques."
Le gouvernement réplique à l'appel de Mélenchon
De leur côté, plusieurs ministres ont sèchement répliqué à l'appel de Jean-Luc Mélenchon, Michel Sapin accusant par exemple l'ancien ministre socialiste de "jouer dans la même cour ou arrière-cour" que Marine Le Pen. "Attention aux mots, attention aux formules", a-t-il mis en garde.
"Pour faire écho à un mouvement sud-américain qu'il affectionne, je lui dis : 'Ya basta !'", a également répondu la ministre de la Culture, Aurélie Fillipetti, en dénonçant sa "stratégie rentre-dedans, grande gueule et perso".
Quant à Benoît Hamon, ministre délégué à la Consommation et figure de "l'aile gauche" du PS, il a appelé la gauche à "être collective". Pour lui, cet appel de Jean-Luc Mélenchon "rompt avec toutes les traditions, toute l'histoire de la gauche". Une telle manifestation "divise la gauche et, en divisant la gauche, on peut être sûr du résultat : à la fin, ceux que nous sommes censés représenter dans l'espace politique, les classes populaires, ceux qui vivent avec 1 000 euros, ceux qu'ont pas de boulot, seront les dindons de la farce".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.