Deux ans de prison avec sursis requis contre le sénateur PS Philippe Kaltenbach
L'ancien maire de Clamart apparaissait dans une vidéo en train d'accepter de l'argent liquide en échange de l'attribution d'un logement social.
La vidéo, diffusée en 2012, avait fait le tour du web. On y voyait le sénateur-maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine), Philippe Kaltenbach, recevoir, filmé à son insu dans son bureau, une somme d'argent en liquide de la part de son adjoint à la sécurité, Mohamed Abdelouahed. Pendant la remise de fonds, les deux hommes discutaient de ce qui semble être l'attribution d'un logement à un tiers.
Trois ans plus tard, à l'issue du procès dans lequel comparaissaient les deux hommes, deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende ont été requis, vendredi 11 septembre contre Philippe Kaltenbach, qui est poursuivi pour "corruption passive" devant le tribunal de Nanterre. Le substitut du procureur a également demandé une interdiction de 5 ans des droits civiques, civils et de famille, "emportant privation du droit de vote et inéligibilité".
Le parquet a par ailleurs réclamé huit mois d'emprisonnement avec sursis à l'encontre de Mohamed Abdelouahed, poursuivi pour corruption active. La décision doit être rendue le 22 octobre.
"Généralement, la case d'après, c'est prison"
"Que voit-on ?", a interrogé le substitut du procureur, Sophie Lacote, en commentant le contenu de la vidéo. "Tout bonnement, l'ensemble des éléments constitutifs de la corruption, avec un caractère inédit, en ce qu'elle apporte des images et du son".
Pour Philippe Kaltenbach, qui a affirmé ne pas se souvenir de la scène, l'échange de billets correspondait "au remboursement d'un prêt". La présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, le coupe: "Il devrait y avoir un inconscient collectif chez les élus de la République : lorsqu'ils entendent enveloppe, liquide, logement social, généralement, la case d'après, c'est prison".
Un maire UMP à l'origine de l'affaire
Au-delà des images de la vidéo, ce sont les conditions de sa réalisation et de sa diffusion qui ont été au cœur des débats. Selon Mohamed Abdelouahed, ce sont "les rumeurs de corruption qui traînaient à Clamart", qui l'ont poussé à "faire un film pour les vérifier". Avec une caméra miniature, "achetée dans un petit magasin des Champs-Elysées", l'adjoint s'est rendu dans le bureau de Philippe Kaltenbach en lui versant, selon lui, 6 000 euros en tout, prélevés dans son "bas de laine".
"Pour lutter contre la corruption, vous faites preuve d'un esprit de sacrifice", ironise la présidente, alors que les revenus déclarés par Mohamed Abdelouahed sont modestes. L'ancien adjoint, une fois la vidéo réalisée, l'a transmise non pas à la police, mais à l'ennemi politique de toujours du maire de Clamart, le maire UMP de la commune voisine du Plessis-Robinson, Philippe Pemezec, en passant par des intermédiaires.
C'est par ce dernier que les soupçons de corruption avaient été portés à la connaissance du parquet, qui avait alors engagé des poursuites. Pour la défense de Philippe Kaltenbach, qui évoque une "manipulation politique", l'élu UMP rival était le véritable commanditaire de la vidéo. A la barre, Philippe Kaltenbach le répète : "La vérité, c'est qu'il n'y a pas corruption, je ne suis pas un corrompu".
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