Jean-Noël Guérini quitte le Parti socialiste et règle ses comptes
Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a annoncé lundi 7 avril qu'il quittait le Parti socialiste. Il devance son exclusion qui devait être prononcée mercredi.
Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône et sénateur, Jean-Noël Guérini, a annoncé lundi 7 avril qu'il quittait le Parti socialiste. Il l'a annoncé dans tweet publié en début de soirée. Il déclare continuer son "combat au service des habitants des Bouches-du-Rhône".
Aprės 47 ans de militantisme au PS, j'ai décidé ce soir de le quitter. Je continue mon combat au service des habitants des Bouches-du-Rhône
— Jean-Noël Guérini (@jnguerini) April 7, 2014
Assurant que cette décision constitue une "épreuve" pour lui, le sénateur des Bouches-du-Rhône, 63 ans, se dit, dans un communiqué, "depuis maintenant quatre ans la cible d'attaques de socialistes qui n'ont eu de cesse de me déshonorer, en distillant des contre-vérités, pour jeter le discrédit et la suspicion sur ce que j'ai fait et sur ce que je suis". "Ils n'ont de cesse d'instrumentaliser une interminable instruction judiciaire qui, certes, me vaut d'être mis en examen, mais dans laquelle je n'ai pas été jugé", explique M. Guérini.
Autre banderille : "J'en ai assez d'être montré du doigt et d'être pris pour cible par des irresponsables, incapables de parler au peuple de Marseille et dont l'aveuglement a permis de faire élire un maire FN dans le 7e secteur", où M. Gaudin a réclamé en vain le retrait du PS au second tour en vertu du pacte républicain.
La fin attendue de son parcours au PS
Jean-Noël Guérini a pris les devant. Le secrétaire national aux Fédérations du PS, Alain Fontanel, a assuré lundi soir que le parti s'apprêtait à prononcer mercredi 9 avril son exclusion. "Notre objectif était que Jean-Noël Guérini ne soit plus membre du PS et que cela se fasse sans contestation juridique pour éviter une réintégration par un tribunal. Nous avions réuni toutes les conditions pour cette exclusion qui allait être effective au prochain bureau national". Il précise que Jean-Noël Guérini le savait et avait été prévenu par téléphone.
En premier lieu, le PS reprochait à Jean-Noël Guérini d'avoir annoncé qu'il apportait son "soutien plein et entier à Lisette Narducci". Ex-PS, elle est tête de liste PRG dans le 2e secteur de Marseille, face au candidat PS Eugène Caselli, président de la communauté urbaine. Il est également mis en examen dans des dossiers de malversations présumées dans le cadre de ses fonctions à la tête de l'exécutif départemental.
Pas la fin de sa carrière politique pour autant
Le sénateur quitte le PS, mais pas la politique. Il reste président du conseil général. Il a aussi annoncé qu'il serait de nouveau candidat aux élections sénatoriales en 2015 à la tête d'une "liste autonome", tout en affirmant avoir payé fin décembre sa cotisation d'adhérent au PS. "Dans un contexte électoral défavorable au PS, il pourrait rafler les voix d'un bon nombre de grands électeurs ruraux, des petits maires qu'il a toujours soignés", a expliqué le Journal du dimanche.
L'hebdomadaire indique que l'actuel maire de Marseille, "Jean-Claude Gaudin pourrait en "remerciement", appeler à faire discrètement voter pour lui…"
Ni la fin des "affaires"
Jean-Noël Guérini est par ailleurs inquiété dans trois affaires, pour lesquelles il a été mis en examen. Il s’agit d’une vaste enquête sur une fraude présumée aux marchés publics dans le département. La justice soupçonne notamment l'élu socialiste d'avoir favorisé son frère – Alexandre Guérini, chef d’entreprise – dans l’attribution de marchés publics pour le ramassage et le traitement de déchets dans le département. L'enquête porte donc sur des soupçons de trafic d’influence, prises illégales d’intérêts et détournements de fonds publics. Le juge Charles Duchaine, qui instruit l'affaire, travaille également sur d'autres attributions de marchés publics douteuses, qui auraient pu bénéficier au grand banditisme.
Dimanche, le Journal du Dimanche révélait le contenu d'un rapport judiciaire daté du mois de mai, mettant en cause le sénateur des Bouches-du Rhône. "C'est bien grâce aux interventions répétées de Jean-Noël Guérini qu'un véritable système mafieux a été mis en place par Alexandre Guérini au profit du clan Barresi", y expliquent les enquêteurs de la Douane judiciaire dans cette "une note de synthèse" traitant du "rôle joué par le président du département des Bouches-du-Rhône dans le schéma de fraude mis en place par son frère", détaille le JDD.
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