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Procès des "écoutes" : "Nous attendons une justice forte qui relaxera Nicolas Sarkozy", plaide son avocate

Les plaidoiries de la défense ont eu lieu mercredi au procès dit des "écoutes", au lendemain des réquisitions du Parquet national financier qui a notamment demandé quatre ans de prison dont deux ferme contre l'ex-chef de l'État.

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien président Nicolas Sarkozy et Carla Bruni-Sarkozy, après une audience du procès des "écoutes", le 9 décembre 2020 au palais de justice de Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Sa plaidoirie est à l’image de ses interventions pendant ce procès des "écoutes" : sans fioriture ni fanfaronnade, précise, méticuleuse. Mercredi 9 décembre, Jacqueline Laffont se lève à son pupitre, ses longs cheveux bruns retenus par un élastique, ses notes posées devant elle. Nicolas Sarkozy, son célèbre client, est assis sur une chaise à quelques centimètres, et Carla Bruni, la femme de l'ex-chef de l'État, est au premier rang, présente pour la première fois à l’audience. "Ce que nous attendons, lance de sa voix calme et élégante Jacqueline Laffont, c’est une justice forte, courageuse, libre, au-delà de toutes formes de pression, celle qui recherche la vérité judiciaire et qui relaxera Nicolas Sarkozy."

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Une plaidoirie qui a lieu le lendemain des réquisitions du Parquet national financier. L’ancien président de la République comparait devant le tribunal correctionnel de Paris pour "corruption" et "trafic d’influence". Le PNF a notamment demandé mardi quatre ans de prison dont deux ferme contre Nicolas Sarkozy. La suite de sa plaidoirie, Jacqueline Laffont la consacre à répondre à ces réquisitions : "La chute de leurs réquisitions a été aussi dure que leur démonstration fut vaine."

"La sévérité n’a jamais créé la preuve ! Je n’ai jamais entendu autant de vocables qui relèvent du doute. La thèse que nous formulons : nous croyons que le doute est permis."

Jacqueline Laffont, avocate de Nicolas Sarkozy

lors du procès des "écoutes"

"Le parquet ne nous apporte que des hypothèses", s’indigne l’avocate de Nicolas Sarkozy. "Ce dossier, continue Jacqueline Laffont, c’est celui de quelques conversations entre un avocat et son client, entre deux amis, ce n’est que ça, vous n’avez pas le moindre début de preuves, de témoignages…"

"Ce ne sont que des bavardages"

L’avocate de Nicolas Sarkozy s’est aussi employée à démontrer l’innocence de son client. Pour Jacqueline Laffont, ce dossier est parti d’un postulat qui a parasité toute l’instruction : les fameuses lignes Bismuth. "Le mode opératoire des délinquants chevronnés, c’est ce qu’a écrit dans son réquisitoire le PNF", s’étrangle presque l’avocate. "Nicolas Sarkozy vous l’a expliqué, ajoute-t-elle, les Whatsapp, Signal et autre Telegram sont les Bismuth des temps modernes !"

Pour le Parquet national financier, ces téléphones occultes signent le commencement du délit, parce que selon le PNF, Thierry Herzog les achète quand il apprend que la ligne officielle de Nicolas Sarkozy est sur écoute. "Mais depuis la fin de son mandat, en 2012, Nicolas Sarkozy a une ligne parallèle pour assurer la confidentialité de ses échanges", répond-elle. 

Les conversations incriminées, qui scellent le pacte de corruption ? "Ce ne sont que des bavardages", affirme l’avocate. Le trafic d’influence, pour tenter d’obtenir des informations confidentielles à la Cour de cassation ? "Aucune trace, aucun élément matériel", assure Jacqueline Laffont. "Il faut accepter de dire que la justice a failli, qu’elle a pu se tromper, se fourvoyer, conclut-elle. Vous avez la magnifique opportunité, Madame la présidente, de dire que ce qu’a dit mardi le procureur financier est vrai : un procès n’est pas un acte de vengeance."

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