Avec ses 20 propositions, François Bayrou se présente comme l'homme de la troisième voie
Dénonçant "le manque de cohérence" de Nicolas Sarkozy et "le manque de logique" de François Hollande, François Bayrou a présenté, mercredi 1er février à Paris, vingt propositions pour "remettre en ordre les finances" et "réarmer la production".
François Bayrou veut combler les manques. Ceux qu'il décèle dans les propositions du président de la République sortant et du candidat socialiste à l'élection présidentielle.
Le candidat du MoDem a présenté mercredi un programme détaillé en 20 points pour "remettre en ordre les finances de la France" dès 2016 et "réarmer la production" nationale. Ce sont là deux de ses trois priorités, avec l'éducation.
"J'ai été frappé par le manque de cohérence dans l'intervention de Nicolas Sarkozy. Il annonce qu'il n'augmentera pas les impôts et annonce la TVA sociale et deux impôts", a souligné M. Bayrou qui a aussi dénoncé "le manque de logique et de crédibilité de François Hollande".
Crédité de 11% à 15% des voix au premier tour selon les instituts de sondage, M. Bayrou s'est ainsi placé en opposition aux deux candidats que les mêmes instituts placent en tête.
"Je serai dans cette élection du parti de la vérité"
"Tous ceux qui prétendent qu'on peut à nouveau dépenser, qu'il n'est pas besoin de faire des économies, ceux-là une nouvelle fois mentent et trompent", a-t-il insisté. "La courses aux dépenses nouvelle est une course vers l'abîme", a lancé le Béarnais, en dénonçant la surestimation des chiffres de la croissance par ses deux rivaux.
"François Hollande est dans ce jeu, Nicolas Sarkozy est dans ce jeu. Je serai dans cette élection du parti de la vérité. Notre ennemi c'est le surendettement, notre ennemi c'est le chômage et nous allons les vaincre, ces deux ennemis avec une politique d'ensemble, une méthode précise, un calendrier, et les Français auront donc les moyens de vérifier les résultats."
Le candidat centriste entend revenir à l'équilibre des finances publiques "à la fin de 2015", alors que le déficit est attendu par le gouvernement à 5,3% du PIB en 2011. "Il s'agit d'un retour à l'équilibre, car seul le retour à l'équilibre permettra de faire baisser la dette du pays et de nous exonérer de la situation de surendettement dans laquelle nous sommes", a-t-il dit.
Un Commissariat national aux stratégies
Pour redresser les finances publiques, il propose 50 milliards d'économies et 50 milliards de recettes.
Concernant les recettes, il suggère un coup de rabot de 20 milliards sur les niches fiscales, une augmentation de la TVA d'un point à partir de 2012 et, si la croissance n'est pas au rendez-vous, une seconde d'un point en 2014. Il entend également créer deux tranches d'impôt supplémentaires sur le revenu à 45% et 50% (pour les revenus supérieurs à 250 000 euros).
Selon lui, seul l'équilibre budgétaire et une politique déterminée permettront de "réarmer la France pour qu'elle redevienne un pays productif, c'est-à-dire créateur d'emplois, créateur de richesses." Dans cette optique, il préconise la création d'un "Commissariat national aux stratégies" rattaché au président de la République et dirigé par une personnalité de haut vol.
Ce commissariat est un des pièces de sa stratégie : le produire en France. Ce cheval de bataille l'incite également à suggérer la mise en réseau des grandes entreprises et des PME grâce à des incitations fiscales et la création d'un livret d'épargne industrie.
"Je suis prêt à voter cette règle d'or"
Dans le domaine social, M. Bayrou propose une co-gestion à l'allemande des entreprises dans laquelle les salariés participeraient à la définition des objectifs stratégiques en étant présents au
conseil d'administration des entreprises de plus de 500 personnes avec droit de vote.
"Je proposerai une négociation nationale autour de la rénovation du climat social dans l'entreprise", a-t-il expliqué en rejetant le pacte compétitivité-emploi sur les salaires et les effectifs négocié au niveau de l'entreprise prôné par M. Sarkozy.
Par ailleurs, "mesure exceptionnelle", un emploi sans charge sera assuré pendant deux ans pour toute entreprise de moins de 50 salariés qui embaucherait un jeune ou un chômeur. Coût estimé par le patron du MoDem : 2 milliards d'euros par an compensé par la suppression de l'exonération fiscale des heures supplémentaires.
Enfin, contrairement au candidat socialiste, qui veut le renégocier parce qu'il ne donnerait pas à l'Europe les moyens de relancer la croissance, M. Bayrou se dit prêt à ratifier le traité européen conclu lundi pour imposer une stricte discipline budgétaire.
Ce traité prévoit l'inscription d'une règle d'or dans la Constitution de chaque pays signataire, ce que M. Hollande refuse d'accepter tant que M. Sarkozy sera au pouvoir. "Je suis prêt à voter à tout moment cette règle d'or", a-t-il dit.
Consulter les 20 propositions de François Bayrou :
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