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Ayrault achève sa journée de consultation marathon avec les syndicats

Le Premier ministre a lancé, mardi, la première étape de ses rencontres avec les représentants des syndicats et du patronat. La méthode a convaincu, mais les divergence sur le fond persistent.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et Bernard Thibault, leader de la CGT, après leur rencontre à Matignon, à Paris, le 29 mai 2012. (JUILIEN MUGUET / AFP)

L'acte I du dialogue social sous l'ère Hollande est lancé. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a entamé mardi 29 mai à Paris ses consultations avec les organisations syndicales et patronales sur les grands chantiers sociaux. Il a reçu chaque organisation syndicale (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) et patronale (Medef, CGPME, UPA) séparément pendant une heure, à Matignon.

Objectif : évoquer les réformes sociales du quinquennat, sur fond de craintes de multiplication de plans sociaux, alors que les syndicats et le patronat exercent, tour à tour, des pressions opposées.

• Tous d'accord sur la forme 

La démarche semble plaire, pour le moment, aux organisations sociales. La CGPME a salué "une véritable volonté de dialogue" du gouvernement. Il veille à "ne pas rater la première marche", a renchéri Bernard Van Craeynest (CFE-CGC). Le président du syndicat des cadres souhaite la fin d'une tradition française qui fait que, sur les trois parties, gouvernement, syndicat, patronat, il y en a toujours deux "qui s'entendent sur le dos du troisième !" Au Medef, Laurence Parisot a d'ailleurs "dit à quel point nous apprécions la méthode de travail", mis au point par le chef du gouvernement. Un dialogue en trois actes ("écoute, échange, concertation") qui, selon elle, constitue "la meilleure façon d'agir car nous sommes tous dans le même bateau". Et investi de la même mission : "trouver l'intérêt commun supérieur", a ajouté la patronne des patrons. 

• Une peur partagée des plans sociaux

Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a d'emblée mis la pression sur le gouvernement de gauche en lui rappelant que c'est "une majorité de salariés" qui a "contribué" à l'élection de François Hollande. Maintenant, il y a une "impatience" de premières mesures "rapides" qui "modifient le quotidien", a-t-il dit. Il a comme prévu remis au Premier ministre une liste de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45 000 emplois menacés, qui va se "cumuler ou se croiser" avec la "propre liste du gouvernement". Il a réclamé une loi pour "permettre aux salariés de contrarier la décision des gestionnaires lorsqu'il n'y a pas de bien-fondé économique aux licenciements".

Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a proposé, lui, de créer à nouveau une "mission interministérielle sur les plans sociaux", tandis que son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, prônait le retour d'un "commissariat au plan".

Avec d'autres réponses, l'organisation patronale a identifié une même priorité : "l'emploi, l'emploi, l'emploi", a martelé Laurence Parisot.  La "priorité des priorités, c'est d'éviter au 2e semestre de cette année une augmentation des plans sociaux", a-t-elle rappelé.

• Division de fond sur les dossiers 

La patronne du Medef, Laurence Parisot, espérait donc convaincre le gouvernement de ne pas compromettre la compétitivité des entreprises, en tempérant notamment la hausse du smic. Une augmentation du salaire minimum est "toujours dangereuse" pour l'emploi et doit être effectuée "a minima", a prévenu le numéro un de la CGPME, Jean-François Roubaud.

Concernant la hausse du smic, le gouvernement n'a pas encore précisé l'ampleur de son coup de pouce. "Certains considèrent que j'en demande trop, je rappellerai tout simplement que le seuil de pauvreté en France est à 954 euros et que le smic est à 1 100 euros", estime Jean-Claude Mailly. Pour la CFDT, le problème est d'abord "qu'il y a trop de salariés au smic et qui le restent".

Autre sujet urgent, source de divergences entre patronat et syndicats : le décret en préparation sur les retraites, qui devrait sortir entre les deux tours des législatives pour permettre un départ à 60 ans des salariés ayant commencé à travailler très tôt. Les contours de ce texte restent à préciser.

Pour le gouvernement, ces réunions ont constitué une première prise de contact afin d'écouter les doléances de tous en vue d'une grande conférence sociale, prévue avant le 14 juillet à l'Elysée. Une réunion préparatoire, regroupant l'ensemble des huit partenaires sociaux autour du Premier ministre, se tiendra le 5 juin à Matignon. L'occasion de voir si cette concertation a engendré la confrontation ou la collaboration.

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