"La banlieue est rentable", lance le fondateur du premier Davos des banlieues, qui se tiendra en septembre à Paris

L'objectif de l'évènement est notamment de "réunir 100 millions d'euros de commandes publiques et privées à destination des entreprises installées dans les quartiers". "Ces territoires doivent cesser d'être des cités dortoirs où on ne travaille pas", lance Aziz Senni, son initiateur.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Aziz Senni président et fondateur de l’association Quartiers d’affaires, organisatrice du Forum économique des banlieues qui aura lieu du 17 et le 18 septembre à Paris, invité de franceinfo le 28 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"La banlieue est rentable", a assuré jeudi 28 mars sur franceinfo Aziz Senni président et fondateur de l’association Quartiers d’affaires, organisatrice du Forum économique des banlieues qui aura lieu du 17 et le 18 septembre à Paris, plus d'un après les émeutes de 2023. Ce premier Davos des banlieues a pour objectif de "mobiliser les plus grands dirigeants économiques, politiques et acteurs associatifs pour réfléchir à un livre blanc". Selon Aziz Senni, "ces territoires doivent cesser d'être des cités dortoirs où on vit, on dort et on ne travaille pas". L’ambition de ce forum est également de "réunir 100 millions d'euros de commandes publiques et privées à destination des entreprises installées dans les quartiers".

franceinfo : Pourquoi lancer ce Davos des banlieues ?

Aziz Senni : Nous annonçons aujourd’hui le lancement d’un événement exceptionnel, le Forum économique des banlieues. C'est le premier Davos des banlieues qui aura lieu le 17 et le 18 septembre prochain au Conseil économique, social et environnemental à Paris.

"L'objectif, est de partir d'un constat : il n'y a pas d'intégration sociale sans intégration économique."

Aziz Senni président et fondateur de l’association Quartiers d’affaires

à franceinfo

Ce Davos a pour objectif de mobiliser les plus grands dirigeants économiques, dirigeants politiques, acteurs associatifs pour réfléchir sur un livre blanc avec plusieurs propositions. L'ambition, c'est de réunir 100 millions d'euros de commandes publiques et privées à destination des entreprises installées dans les quartiers.

Comment expliquez-vous que le chômage dans les quartiers est 2,7 fois supérieur à la moyenne nationale ?

Les 30 dernières années, les différents gouvernements qui se sont succédé ont répondu à la question : que faire de ces territoires d’un point de vue sécuritaire ? Ces mêmes gouvernements ont répondu, et chacun à leur façon, à que faire d'un point de vue social, d'un point de vue urbanistique. Mais la réalité, c'est que la question qu'est ce qu'on en fait d'un point de vue économique n'a jamais réellement été posée. C’est l'objectif de ce forum économique des banlieues, c'est de répondre à cette question et de réfléchir ensemble et d'agir ensemble.

Il existe le dispositif des zones franches qui favorise l'implantation d'entreprises dans les quartiers en contrepartie d’exonérations d'impôts. Ce n’est pas suffisant ?

C'est une goutte dans l'univers des besoins. Ça date de 1995. Ça a plus de 20 ans. Depuis, quoi de neuf ? Rien. Ces territoires doivent cesser d'être des cités dortoirs où on vit, on dort et on ne travaille pas. Donc il y a une vision de développement économique que nous voulons poser et ce sera à l'occasion de ce forum économique des banlieues.

Vous voulez mobiliser 100millions d'euros de commandes publiques et privées pour investir dans ces entreprises en banlieue. Comment faire alors que la commande publique doit passer par des appels d'offres. En appliquant une discrimination positive ?

Il n'y a pas de discrimination positive. Il faut déjà faire de la pédagogie, expliquer comment on répond. Il y a 180 milliards d'euros qui ont été signés l'année dernière en matière d'appels d'offres publics, 30% sont des PME. Je n'ai pas la statistique de combien de PME installées dans ces quartiers ont accédé à ça. Il y a une pédagogie à faire et accompagner ces entreprises, de leur donner les moyens de pouvoir répondre. Il ne s'agit pas de faire de la discrimination. Il s'agit là encore de faire de l'équité des chances.

Incitez-vous les jeunes des quartiers à monter leur entreprise ?

Oui. Ces dernières années, on a beaucoup fait sur la création d'entreprises. Mais c'est surtout de dire qu'on a un tissu de 250 000 entreprises.

"On parle toujours de cette banlieue qui coûte de l'argent. Qui nous dit combien elle rapporte ? La banlieue, c'est 250 000 entreprises, c'est 75 milliards d'euros de chiffre d'affaires."

Aziz Senni

à franceinfo

Le 93 est le huitième département en matière de cotisations sociales. Quand on parle des banlieues, c'est toujours sous l'approche du coût, jamais sous l'approche du chiffre d'affaires et de la recette. Ça suffit ! Maintenant, la banlieue est là. Elle veut travailler, elle veut contribuer au PIB, elle peut le faire. Nous allons l'aider.

Mais certains souhaitent quitter ces banlieues pour échapper à la discrimination à l’embauche, par exemple ? Comment éviter ça ?

Nous souhaitons transformer cette banlieue en opportunités d'investissement. Aujourd'hui, personne ne vend la banlieue. Il y a un made in France, il faut créer un label made in banlieues. Il y a un business France pour favoriser l'exportation de nos entreprises. C'est très bien. Il faut un business banlieue pour favoriser l'exportation de nos entreprises en banlieue. Ceux qui veulent y venir, nous devons les aider et ceux qui veulent en partir sont libres de partir aussi. Il faut créer du mouvement.

Qu’est-ce qui empêche les banlieues de se développer économiquement  

Le problème, c'est que la banlieue aujourd'hui n'est pas structurée en produits d'investissements. Qui aujourd'hui dans ce pays fait la promotion de l'investissement en banlieue ? Qui dans ce pays aujourd'hui valorise cette banlieue à travers le compte d'exploitation ? Notre message n’est pas un message du cœur, c'est un message de rentabilité, de compte d'exploitation. La banlieue est rentable. Je demande à nos dirigeants économiques et politiques de le voir. Nous, nous le savons parce que nous travaillons sur le terrain. Nos entreprises sont rentables. Nous souhaitons en faire profiter tout le pays. Si la banlieue gagne d'un point de vue économique, c'est tout le pays qui gagne.

Qui sera présent au "Davos de la Banlieue" ?

Gabriel Attal et Bruno Le Maire. Il y a une écoute assez attentive de la part du gouvernement. Nous avons aussi des personnalités du monde économique. Geoffroy Roux de Bézieux, l'ancien président du Medef, sera là aussi. Il y a effectivement beaucoup de gens qui seront présents et d'autres noms qui arrivent. On vous donnera la liste de toutes les personnalités nationales et internationales. On a aussi, par exemple, un prix Nobel de la paix qui sera présent avec nous et peut être un prix Nobel d'économie. Je n'en dis pas plus…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.