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COP26 : "On craint que ce soit une COP de riches et de privilégiés", déclare Aurore Mathieu du Réseau action climat

1 500 ONG dont Réseau action climat demandent le report de la COP 26 parce que "les conditions ne sont pas réunies pour permettre l'inclusion et la participation des délégués et des observateurs de la société civile des pays du Sud", explique Aurore Mathieu.

Article rédigé par franceinfo
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Le Scottish Event Campus à Glasgow (Écosse) qui sera l'un des lieux d'accueil de la COP 26, la Conférence des parties des Nations Unies sur le changement climatique. (ANDREW MILLIGAN / MAXPPP)

"On craint que ce soit une COP de riches et de privilégiés", a déclaré mardi 7 septembre sur franceinfo Aurore Mathieu, responsable des politiques internationales au sein de Réseau action climat, alors que 1 500 ONG demandent le report de la COP26 [Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques] qui doit avoir lieu à Glasgow, en Ecosse, en novembre 2021.

franceinfo : Pourquoi demandez-vous le report de la COP26 ?

Aurore Mathieu : Nous demandons le report de la COP mais pas celui de l'action climatique car il est urgent d'agir. On estime que les conditions ne sont pas réunies pour permettre l'inclusion et la participation des délégués et des observateurs de la société civile des pays du Sud. En leur absence, cette COP ne serait pas légitime et aucune des décisions ne pourraient être crédibles. Face aux obstacles, nous pensons qu'il est plus sage de reporter la COP.

Vous craignez que tous les pays ne soient pas représentés, mais ils pourraient l'être en visioconférence. Qu'en pensez-vous ?

Ce n'est vraiment pas une solution que nous soutenons. On a fait l'expérience des intersessions en juin qui ont été faites en visio. Il y avait tous les délégués et les observateurs mais il y a eu énormément de problèmes de connexions internet. Les négociations climatiques reposent énormément sur la confiance, sur des discussions informelles et ça, le format visio ne peut pas le garantir.

Donc on estime que pour avoir de réelles avancées c'est important d'être tous représentés à égalité. Malheureusement la présidence britannique de la COP26 n'a toujours pas commencé la distribution des vaccins qu'elle a promis aux délégués. On est à deux mois de l'échéance. Les coûts liés à la quarantaine et aux voyages rendent la participation des pays qui sont classés en liste rouge par le Royaume-Uni, majoritairement les pays du Sud, très incertaine.

La vaccination sera-t-elle obligatoire pour participer à la COP ?

La présidence britannique a proposé de vacciner tous les délégués et les observateurs de la société civile qui n'avaient pas accès aux vaccins. Mais, à deux mois de la COP, elle n'a pas commencé et il faut souligner que ce n'est pas une solution durable qui répond à l'inégalité d'accès aux vaccins. La COP26 est aussi une illustration des inégalités plus globales. On estime que la lutte climatique doit s'inscrire dans une lutte contre les inégalités et donc qu'il faut un plan qui dépasse largement la COP pour permettre aux pays en développement d'avoir accès aux vaccins.

Le Royaume-Uni assure que la vaccination va commencer cette semaine. Vous n'y croyez pas ?

On a beaucoup de témoignages sur l'anxiété que cela crée de venir à un évènement qui va regrouper 20 000 personnes à Glasgow, sans avoir aucune indication concernant les mesures prises pour garantir la sécurité sanitaire des participants.

Cette vaccination peut commencer mi-septembre mais on estime qu'il est limite trop tard pour pouvoir assurer la participation et l'inclusion de toutes et de tous en toute sécurité. Les participants des pays du Sud considèrent que les conditions ne sont pas réunies. Il ne s'agit pas simplement de se faire vacciner et de sauter dans un avion, il y a bien entendu d'autres facteurs à prendre en compte. Ce sont des choses auxquelles la présidence britannique n'apporte pas de réponse concrète.

Craignez-vous que les pays riches confisquent les négociations ?

On craint que ce soit une COP de riches et de privilégiés. Mais si les pays les plus impactés par le changement climatique ne sont pas là pour qu'on puisse entendre leurs voix, la crédibilité des négociations et de ce qui va être acté soient entachés. Les pays du Sud sont ceux qui subissent de plein fouet les impacts du changement climatique et sont concernés en premier lieu.

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