Dans le 93, l'offensive du PS se poursuit contre les communistes
Il aura accumulé les surnoms, "le Parrain du 9-3 " pour Dominique Voynet ou "Don Bartolone " pour certains confrères journalistes. Un Claude Bartolone accompagné de "Barto Boys " comme Claude François avait ses "Claudettes"...
Des airs de mafia d'opérette pour un socialiste, président de l'Assemblée nationale, qui voudrait pousser le Parti communiste hors de Seine-Saint-Denis. C'est en tous cas l'analyse que fait à Drancy Jean-Christophe Lagarde, rare maire UDI du département : "C'est la première fois depuis 28 ans que je vois une telle stratégie, organisée par Claude Bartolone et par le parti socialiste, qui vise à l'élimination des élus et du parti communiste. Le PS se présente contre le PC à Villetaneuse, à Saint-Ouen, à Bagnolet, partout où ils peuvent, y compris à Villepinte, les socialistes cherchent à éliminer le Parti communiste ".
Dans les années 80, le vote ouvrier et l'union de la gauche avait fait de la Seine-Saint-Denis l'empire emblématique des communistes. Depuis, la ceinture rouge a viré au rose au fil des scrutins et de l'effritement du vote communiste. L'offensive du PS contre le PC ne date pas d'hier. En 2008 déjà Claude Bartolone, encore président du conseil général, était à la manœuvre.
Lui se défend : "Je ne voulais pas que le Parti communiste entraine toute la gauche dans sa chute et cède des villes à la droite comme à Drancy ".
Mais "Don Bartolone" ne donnera pas d'interview à France Info, plutôt agacé, justement, par cette image de destructeur.
Les jeunes loups du PS surnommés les "Barto Boys"
Ceux qui parlent, ce sont ses poulains, surnommés les "Barto Boys ", ces jeunes loups du Parti socialiste qu'il soutient dans le département. A Montreuil, Razzi Hammadi se présente face à la liste menée par le candidat du Front de Gauche, Patrice Bessac, et face à l'ancien maire, ex-communiste, Jean-Pierre Brard. Autre exemple à Saint-Denis, où Mathieu Hanotin vient gêner le maire sortant, le communiste Didier Paillard.
Mais en pleine distribution d'écharpes roses, le jeune député de 35 ans, vice-président du conseil général se défend de toute influence, de toute domination : "C'est simplement le meilleur partenaire politique que j'ai eu, avec énormément de respect pour lui et pour son parcours. Mais voilà, après nous sommes les uns les autres des hommes politiques qui essayons de travailler ensemble au service d'une alternative pour nos territoires ".
Face à lui, Didier Paillard regrette que les socialistes ne préfèrent pas déployer leur énergie à s'attaquer à la droite : "C'est un peu une stratégie hégémonique, ils souhaitent attaquer les villes communistes plutôt que d'aller à la reconquête de celles que la droite a prise à la gauche. Je pense à Epinay sur Seine et je ne vois pas d'offensive aussi forte à Epinay qu'ici. Il a une vision autoritaire en fin de compte, puisqu'il ne supporte pas la différence à gauche. Il ne voit que son intérêt à lui, peut-être l'intérêt de son parti, mais en tous cas pas l'intérêt de la gauche et des populations ! "
L'enjeu : le Grand Paris
Et le Parti socialiste aurait tort de sous-estimer son alliée, la candidate du Front de Gauche à Sevran (contre le maire sortant Stéphane Gatignon, élu vert allié PS PRG) Clémentine Autain présage de reconquête. "Je pense , précise-t-elle, que le Front de Gauche, avec des dynamiques citoyennes, va être au contraire en expansion. Le parti socialiste a tort de vouloir 'nous faire la peau' mais après tout, c'est une bataille politique et nous avons des désaccords dans le rapport aux politiques d'austérité ou par rapport à la métropole. Il y a de vrais clivages. "
Et c'est bien cet enjeu qui noue un peu cette campagne électorale : le Grand Paris ! Claude Bartolone est candidat sur la liste socialiste de son fief du Pré-Saint-Gervais, mais vise ouvertement la future métropole. Il a même promis de démissionner de son poste à l'Assemblée s'il en décroche la tête, ce qui fait dire à certains élus que "c'est un hold-up démocratique invraisemblable !" "L'ambiance est complètement surréaliste dans cette élection, on promet des choses aux gens sans savoir ce qu'on pourra proposer dans deux ans... "
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