Dissolution, bourdes et psychodrame... L'année politique 2024 résumée en 12 séquences qui nous ont marqués

Des élections européennes à la censure de Michel Barnier, ces 366 jours ont été riches en rebondissements.
Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 12min
De gauche à droite, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, le président Emmanuel Macron, l'eurodéputée Raphaël Glucksmann, le Premier ministre François Bayrou. En fond, l'ancienne ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et le triathlète Alexis Hanquinquant lors d'une baignade dans la Seine à Paris, le 13 juillet 2024. (ASTRID AMADIEU / FRANCEINFO / FRANCE INTER / FRANCE 2 / ATERESA SUAREZ / EPA / MAXPPP / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP / MINISTERE DES SPORTS)

"Oh, la fatigue." En duplex sur BFMTV le 13 décembre dernier pour réagir à la nomination de François Bayrou à Matignon, la patronne des écologistes Marine Tondelier se donne des petites tapes dans le coup pour se réveiller. Une scène qui résume l'année politique que vient de vivre la France. Elections européennes, dissolution surprise, législatives anticipées, censure du gouvernement Barnier... Les évènements se sont enchaînés presque aussi rapidement que les Premiers ministres – quatre en une seule année, un record. Drôles ou sérieux, anecdotiques ou majeurs, à droite, au centre et à gauche, franceinfo a sélectionné les moments les plus marquants de l'année.

1 Gabriel Attal accède à Matignon

C'était il y a bientôt un an. Le 9 janvier, Gabriel Attal est nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, après la démission d'Elisabeth Borne. A 34 ans, il devient le plus jeune Premier ministre de l'histoire de la Ve République. L'éphémère ministre de l'Education nationale, macroniste de la première heure, est aussi la première personne ouvertement homosexuelle à accéder à Matignon. Lors de son discours de passation, il dit voir dans sa nomination un symbole "d'audace et de mouvement". Un mouvement arrêté net lors de la défaite du camp présidentiel aux législatives de juillet.

2Emmanuel Macron dissout l'Assemblée

L'air grave, peu avant 21 heures, Emmanuel Macron prend la parole le dimanche 9 juin. Le président s'apprête à faire quelque chose que personne n'a osé faire ces 25 dernières années : dissoudre l'Assemblée nationale. "J'ai entendu votre message, vos préoccupations, et je ne les laisserai pas sans réponse", dit-il, après la victoire du Rassemblement national (31,37%) lors des élections européennes, et le crash de la liste Renaissance (14,6%). Des élections législatives sont convoquées le 30 juin et le 7 juillet. Les oppositions, le camp présidentiel et les commentateurs sont sonnés. Le "maître des horloges" reprend la main, au moins pendant un bref instant.

3Raphaël Glucksmann veut un "cap clair"

"On ne va pas refaire la Nupes" : Raphaël Glucksmann pose cinq conditions pour une alliance à gauche

Invité de France 2 le 10 juin, Raphaël Glucksmann est encore auréolé du succès de la liste socialiste qu'il a menée aux européennes. Le député européen pose ses conditions pour une nouvelle union de la gauche. "Il faut un cap clair, on ne va pas refaire la Nupes là !" s'exclame-t-il, un peu énervé, face à Anne-Sophie Lapix. Quelques jours plus tard, les forces de gauche s'accordent sur le Nouveau Front populaire, sans reprendre les propositions du fondateur de Place publique. Mais sa sortie trouve un écho sur les réseaux sociaux : elle est reprise par des milliers d'internautes, qui en font une danse TikTok et devient même un tube de la country grâce à de l'IA. Six mois plus tard, on l'a encore en tête.

4Eric Ciotti se barricade chez Les Républicains

Elections législatives 2024 : Eric Ciotti exclu de LR

Eric Ciotti, alors président du parti Les Républicains, lâche une bombe le 11 juin : il annonce son ralliement au RN en vue des législatives. S'ensuit alors une séquence rocambolesque, qui débute par un accrochage avec l'écologiste Sandrine Rousseau, sous les yeux médusés des journalistes. Le lendemain, des pontes du parti de droite débarquent au siège de LR place du Palais-Bourbon à Paris, filmés par des caméras de télévision, mais ils trouvent porte close. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, marque les esprits en se retroussant les manches. Les cadres demandent un bureau politique, que seul le président du parti peu convoquer. Dans la soirée, les portes sont ouvertes et Eric Ciotti est exclu de LR. Une décision contestée par le principal intéressé, qui retourne, seul, dans son bureau le jour suivant.

5Marine Tondelier s'émeut pendant l'entre-deux-tours

La patronne des Ecologistes est l'invitée de la matinale de France Inter le 1er juillet, deux jours après le premier tour des élections législatives. Une victoire du RN semble alors très probable, après les très bons résultats du parti d'extrême droite (33,14% des voix). L'une des chevilles ouvrières de l'union de la gauche est interrogée sur les propos de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a appelé au barrage face au RN, sauf dans le cas d'un duel avec La France insoumise. Emue aux larmes, Marine Tondelier se dit "atterrée et extrêmement en colère" et dénonce "un comportement de lâche et de privilégié". L'interview devient l'un des moments clefs de l'entre-deux-tours et contribue à la réussite du front républicain le 7 juillet.

6 Amélie Oudéa-Castéra plonge dans la Seine

L'ancienne ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra n'a pas connu l'année la plus facile. Après une polémique sur la scolarisation de ses enfants dans le privé alors qu'elle dirigeait l'Education nationale, elle est devenue un mème en mars après avoir fredonné la chanson Djadja d'Aya Nakamura. Mais on retiendra surtout sa plongée iconique dans la Seine, réalisée le 13 juillet, deux semaines avant les Jeux olympiques. Il faut montrer que l'eau du fleuve parisien est suffisamment propre pour que des épreuves y aient lieu, mais l'opération de com' ne se passe pas comme prévu. Devant les caméras, la ministre glisse sur des pavés couverts de mousse. Quelques secondes plus tard, elle lâche un cri, mélange à parts égales de bonheur et de terreur, avant de s'exclamer : "Elle est douce !" La vidéo devient virale et est reprise des milliers de fois sur TikTok.

7 Un député insoumis esquive une poignée de mains

Le 18 juillet, les nouveaux députés sont rassemblés à l'Assemblée nationale pour désigner leur président. Comme le veut le protocole, c'est le benjamin de l'Hémicycle, le député RN Flavien Termet, qui veille au bon déroulement du processus. Plusieurs députés de gauche refusent de serrer la main à l'élu d'extrême droite, tout un symbole après le front républicain du second tour des législatives. Un député LFI en particulier attire l'œil des internautes. Face à la main tendue de son collègue, François Piquemal préfère mimer... une partie de pierre-feuille-ciseaux. "Oui, j'assume de préférer le chifoumi à porter des casquettes nazis", expliquera-t-il à BFMTV.

8 Manon Aubry embrasse Ursula von der Leyen

Le Parlement européen procède à la réélection de la présidente de la Commission européenne à Strasbourg le 18 juillet. Avant le vote, les représentants des différents groupes politiques se succèdent à la tribune. Manon Aubry, eurodéputée LFI et représentante de la gauche radicale européenne, prend la parole et critique violemment la conservatrice allemande. Elle explique refuser "de participer à la mascarade de votre coalition mortifère" et lui lance "votre Europe n'est pas la nôtre". La charge est salée. Quelques minutes plus tard, Ursula von der Leyen est réélue et vient saluer les présidents de groupes. Les caméras captent une joyeuse embrassade entre l'élue allemande et sa collègue française. Critiquée par le Rassemblement national, elle répond sur X : "Il y a ceux qui préfèrent serrer la main à des dictateurs. Et il y a ceux qui saluent l'élection de leur opposante, ce qui est un usage républicain et institutionnel quand on est présidente de groupe."

9Jordan Bardella parle un peu trop vite

Avait-il en tête le cas de la candidate finaliste à la présidentielle lorsqu'il a énoncé cette règle ? Invité de BFMTV le 18 novembre, Jordan Bardella soutient que "ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire" était la "règle numéro une" pour être candidat du RN. L'eurodéputé avait visiblement oublié un peu vite le cas de Marine Le Pen, contre laquelle le parquet a requis cinq ans de prison dans le cadre du procès des assistants du Front national. Interrogé sur le sujet, Jordan Bardella se montre gêné : "Si, avec des si" s'embrouille-t-il, évoquant finalement un éventuel appel en cas de condamnation.

10 Anne Hidalgo fait un lapsus gênant

Anne Hidalgo avait donné rendez-vous à la presse le 28 novembre. Le but de l'opération : afficher son soutien au socialiste Rémi Féraud, que la maire de Paris a désigné comme son héritier pour les municipales de 2026. Deux jours plus tôt, la cheffe de la capitale avait annoncé son choix de ne pas briguer un troisième mandat. Devant les caméras, la maire souhaite tisser les louanges de son dauphin. "Il y en a qui peuvent plus rassembler que d'autres", dit-elle, citant le nom d'Emmanuel Grégoire. Un gros lapsus, qu'elle reconnaît immédiatement, alors que son ancien premier adjoint, désormais député, est lui aussi candidat. "Je suis la reine des gaffes", rigole Anne Hidalgo.

11 Michel Barnier est déjà déchu

Motion de censure contre Michel Barnier : retour sur une journée historique à l’Assemblée nationale
Motion de censure contre Michel Barnier : retour sur une journée historique à l’Assemblée nationale Motion de censure contre Michel Barnier : retour sur une journée historique à l’Assemblée nationale (franceinfo)

Un petit tour et puis s'en va. Après avoir utilisé le 49.3 pour adopter le budget de la Sécurité sociale, le Premier ministre Michel Barnier a été censuré par l'Assemblée nationale le 4 décembre. Une première depuis 1962, qui fait de l'ancien chef du gouvernement le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. L'ex-commissaire européen, âgé de 73 ans, aura occupé la fonction pendant deux mois et 29 jours, soit 90 jours. "Je suis ennuyé de vous avoir entraînés dans cette aventure", dira l'homme de droite à ses équipes, quelques heures après la censure.

12François Bayrou s'éclipse à la surprise générale

A peine nommé Premier ministre, François Bayrou doit déjà gérer une crise après la dévastation de Mayotte par le cyclone Chido. Une conférence de presse est organisée dans la soirée du 14 décembre après une réunion de crise interministérielle. Le nouveau chef du gouvernement, entouré des ministres démissionnaires, prend la parole rapidement. Les médias et les réseaux sociaux ne vont cependant retenir qu'une image : alors que Bruno Retailleau dit craindre un bilan humain "lourd", François Bayrou s'éclipse, sous l'œil interloqué des ministres et des journalistes. La séquence a laissé des traces.

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