"A 35 ans, j'avais déjà mal au dos" : à Rungis, Rachel Keke interpelle Emmanuel Macron, venu défendre la réforme des retraites
Après le chaos de l'Assemblée, Emmanuel Macron continue de défendre sa réforme des retraites depuis le marché de Rungis (Val-de-Marne). Et il a été interpellé dès son arrivée, mardi 21 février. Ici, à Rungis, c'est tripes et volailles au menu du petit-déjeuner. Emmanuel Macron se fraie un chemin entre les carcasses. Et le chef de l'Etat est obligé, dans cette immense chambre froide, de faire le service après-vente de sa réforme des retraites. Et il est attendu à Rungis par des salariés du marché d'intérêt national, debout depuis minuit qui sont là pour l'interpeller sur le recul de l'âge de départ et la pénibilité. Rachel Keke, députée LFI du Val-de-Marne, est là aussi. "Les conditions de travail des salariés sont très difficiles et ils ne peuvent pas travailler jusqu'à 64 ans", dit-elle. Un homme renchérit : "Ça fait 22 ans que moi, je fais ce métier." "Et moi, 23 ans !" lance un autre. "A partir de 35 ans, moi, j'avais déjà mal au dos", complète Rachel Keke. "La nuit, le froid, c'est pour ça qu'il faut différencier ces situations. C'est ce qu'on fait, assure Emmanuel Macron. Et il faut permettre aussi des reconversions."
Le chef de l'Etat vient, dit-il, délivrer un message de reconnaissance à "cette France qui se lève tôt" qu'avait théorisé Nicolas Sarkozy. Cette France qui a permis au pays de tourner pendant le Covid, à qui il redit que le travail doit mieux payer. Un clin d'œil parfois proche des clichés, mais un clin d'œil assumé à la droite dont l'exécutif a plus que jamais besoin pour faire passer sa réforme des retraites.
"Garder les mêmes âges, ça ne marche pas, cette affaire !"
Un message de reconnaissance, mais aussi un message de fermeté. Il reste inflexible sur sa réforme. Le chef de l'Etat, que ses détracteurs ont accusé d'être déconnecté, en retrait, silencieux, reconnaît du bout des lèvres que tout le pays n'est pas franchement convaincu. "Je pense qu'on n'est pas au bout de ce chemin. Mais je pense que tout le monde a du bon sens dans notre pays. On a un système auquel on tient, qui est un trésor. C'est au fond le patrimoine de ceux qui n'en ont pas. Ce n'est pas compliqué de se dire que quand on regarde, on a moins d'actifs qu'il y a 20 ans, on a plus de retraités et on vit plus longtemps. Donc ce n'est pas vrai de dire qu'on peut garder les mêmes âges. Ça ne marche pas ! Ça ne marche pas, cette affaire !"
Bon sens, responsabilité, c'est le message politique du matin pour un Emmanuel Macron de retour au contact du terrain, un poulet dans les mains avant que n'arrive l'heure du fromage et de la tête de veau, au pavillon tripes. De quoi se mettre en appétit avant la traditionnelle visite du Salon de l'agriculture, samedi.
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