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Après l’assurance-chômage, les retraites et la fin de vie, Emmanuel Macron met l’immigration au programme

Le chef de l’État a annoncé que le projet de loi sur l'asile et l’immigration séra déposé "début 2023", avec parmi les propositions l’envoi des étrangers accueillis sur le territoire dans les régions menacées de désertification rurale.

Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron devant les préfets réunis à l'Elysée, le 15 septembre 2022. (LUDOVIC MARIN / POOL)

La nouvelle loi sur l’asile et l'immigration devait d'abord être présentée dès cet automne. Emmanuel Macron a finalement annoncé jeudi 15 septembre devant les préfets réunis à l’Élysée qu’elle était reportée à 2023, après un débat au Parlement. Le texte sera déposé "dès le début" de l'année prochaine.    

Régulièrement taxé d'immobilisme sur le sujet par la droite et l'extrême droite, le président de la République a donc décidé de reprendre la main sur ce dossier régalien pour rompre, de son propre aveu, avec une politique qu'il qualifie d'"absurde, à la fois inhumaine, et inefficace". Inefficace parce que la France compte plus d'étrangers en situations irrégulière que nombre de ses voisins, affirme Emmanuel Macron ; inhumaine parce que, selon lui, elle accueille mal, donc elle intègre mal. Le chef de l'État plaide donc pour une réforme du droit d'asile et veut des procédures plus rapides, y compris pour expulser. Une bonne politique d'immigration pour une bonne politique d'intégration, défend-il. Les deux vont de pair à ses yeux.

Des conditions d'accueil "bien meilleures" dans les zones rurales    

Pendant sa campagne pour la réélection, il voulait conditionner l'octroi de titre de long séjour à la réussite d'un examen de langue française. Il avance une nouvelle proposition : un mécanisme de répartition des étrangers accueillis sur le territoire français. Il veut que les demandeurs de titres de séjour et ceux qui les ont obtenus ne soient plus installés en banlieue, dans les quartiers qui sont déjà les plus pauvres de la République, mais plutôt dans les régions qui sont en train de se dépeupler, en priorité donc en zone rurale. "Les conditions de leur accueil seront bien meilleures que si nous les mettons dans des zones qui sont déjà densément peuplées, avec une concentration de problèmes économiques et sociaux massifs", juge le président de la République.   

La proposition électrise déjà les réseaux d'extrême droite qui y voient le "grand remplacement" en acte quand Emmanuel Macron défend "une formidable opportunité" pour lutter contre la désertification rurale.

Après la présentation en Conseil des ministres la semaine dernière du projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur, qui fixe ses moyens, Emmanuel Macron attaque le volet immigration, une manière de contredire la droite qui l'accusait de vouloir reporter le dossier aux calendes grecques.   

De nombreux sujets mis en chantier 

En un peu plus de huit jours, Emmanuel Macron a également mis sur orbite la réforme de l'assurance chômage, avec à la clé des droits variables en fonction de la santé du marché de l'emploi, la réforme imminente des retraites et il a également lancé son Conseil national de la refondation et annoncé une Convention citoyenne sur la fin de vie pour se prononcer sur la légalisation du suicide assisté, sans exclure à l'issue un référendum. Toujours des sujets ou sensibles ou contestés.   

De quoi répondre donc aussi à ceux qui dans ses propres rangs commençaient à se confier sur leur crainte de voir leur chef se "chiraquiser", référence au second mandat de Jacques Chirac, jugé terne et sans réalisation majeure.

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