Cet article date de plus d'un an.

Education : "On a l'impression que le président de la République compte sur une amnésie générale de la profession" réagit un syndicaliste

À l'occasion de la réunion de rentrée des recteurs d’académie à Paris, Emmanuel Macron a fait une série d'annonces, notamment sur la rémunération des enseignants. Pour Jean-Rémi Girard, président du SNALC, il faut aller plus loin. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron lors de la réunion de rentrée des recteurs, le 25 août 2022 à la Sorbonne, à Paris.  (MOHAMMED BADRA / POOL / AFP)

"On a l'impression que le président de la République compte sur une amnésie générale de la profession" a réagi sur franceinfo jeudi 25 août Jean-Rémi Girard, président du Syndicat National des Lycées et des Collèges (SNALC), après les annonces d'Emmanuel Macron sur le système scolaire. Une nouvelle réforme de la filière professionnelle, plus de stages et d'interventions d'entreprises dans les collèges, une hausse des salaires d'environ 10% et la création d'un fonds d'innovation doté de 500 millions d'euros : à toutes ces mesures, le syndicaliste préfèrerait un "rattrapage salarial", notamment.

>> Rentrée scolaire : quelle formation pour les nouveaux enseignants contractuels qui se préparent à exercer ?

franceinfo : Comment jugez-vous les annonces faites par le président ?

Jean-Rémi Girard : On a l'impression que le président de la République compte sur une amnésie générale de la profession, comme s'il n'y avait pas eu le quinquennat précédent. Il veut par exemple réformer la voie professionnelle alors qu'il l'a déjà fait sous le quinquennat précédent. Les personnels ont des difficultés à accorder leur confiance à quelqu'un qui les a fortement déçus pendant cinq ans et qui promet maintenant des fonds d'innovation pour faire des classes flexibles. Honnêtement, on a autre chose à faire que discuter pendant quatre mois pour décider quelle classe recevra des tablettes numériques. Que ces 500 millions d'euros soient investis dans le rattrapage salarial plutôt que de nous demander d'assurer des missions supplémentaires pour gagner plus, alors qu'on n'arrive déjà pas à recruter.

Plus de stages, plus d'entrepreneurs qui viennent à l'école dès le collège, trouvez-vous que c'est une bonne idée ?

Non. On a un système scolaire qui a d'énormes difficultés, on a du mal sur les enseignements académiques dans les classements internationaux. Là, le chef de l'Etat propose de faire moins d'enseignements académiques et de la découverte du monde de l'entreprise en 5e : je ne suis pas certain de comprendre l'idée. Cette demi-journée proposée, on la fait quand ? Quelle discipline va voir ses horaires diminués pour qu'on essaie de faire venir des entrepreneurs parler devant des enfants qui n'en auront propablement pas grand chose à faire. On risque de perdre beaucoup de temps de manière peu efficace. Ces solutions sont déconnectées de la réalité : qui se déplacera dans un collège de campagne un jeudi de 10h à 12h pour parler de son entreprise ?

A propos des salaires, Emmanuel Macron a annoncé qu'aucun enseignant ne commencerait sa carrière sous les 2 000 euros nets mensuels, est-ce une question centrale pour vous ?

On perd en pouvoir d'achat chaque année depuis 30 ans, donc s'il n'y a pas de rattrapage salarial sans contreparties, on n'arrivera à rien. Ça ne veut pas dire qu'il faut seulement de meilleurs salaires, mais ce serait déjà une meilleure considération et une meilleure attractivité du métier. Ça correspondra davantage au niveau d'études et au reste de la fonction publique, aussi. Pour donner un chiffre parlant : les enseignants de catégorie A touchent près de 1 000 euros de moins par mois que la moyenne des autres catégories 1 de la fonction publique d'Etat. Donc, quand bien même cette revalorisation de 10% aurait lieu, on est encore très loin du compte.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.