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"Je n'ai plus envie de voler dans les magasins" : des jeunes précaires attendent beaucoup du plan pauvreté

Le dispositif Tapaj, destiné aux jeunes en errance dans une vingtaine de villes, espère des moyens supplémentaires avec le plan de lutte contre la pauvreté dévoilé jeudi par Emmanuel Macron. 

Article rédigé par Célia Quilleret
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des jeunes bénéficiant du dispositif Tapaj, à Lille en septembre 2018. (CELIA QUILLERET / RADIO FRANCE)

Comment éviter que des jeunes qui naissent dans le dénuement y restent toute leur vie ? C'est l'objet du plan pauvreté présenté jeudi 13 septembre par le chef de l'État. Le dispositif Tapaj, pour "travail alternatif payé à la journée", attend des moyens supplémentaires pour s'étoffer. Lille fait partie des 24 villes du réseau qui aident des jeunes en errance. 

Un service contre une rémunération

Dans un quartier lillois en rénovation, sept jeunes désherbent un trottoir. Ils reçoivent 40 euros pour quatre heures de travail. Ce coup de pouce compte énormément pour eux. Balloté de foyer en foyer depuis toujours, un jeune participant explique s'être retrouvé dans la rue à 18 ans. "Je suis dans les foyers depuis l’âge de trois ans, confie-t-il, ajoutant qu’il n’a pas mangé depuis deux jours. Je n’ai pas de parents, pas de famille. J’ai été viré en juin." 

J’ai été à la gare, le soir même pour dormir. Après, je vole un peu, à droite à gauche. Je ne peux pas travailler si je dors la nuit dehors. Ce n’est pas possible.

Un jeune bénéficiaire du dispositif Tapaj

à franceinfo

Ce soir, le jeune SDF va chercher "une voiture ouverte, pour y dormir, comme d’habitude". Tout en enlevant les mauvaises herbes, il mange un sandwich et se livre, en échangeant avec Damien Souchet, un infirmier travaillant pour le dispositif Tapaj. "On va l’aider à chercher un hébergement. On va l’accompagner. Ça va être un marchepied pour l’insertion professionnelle", déclare-t-il. 

La pauvreté : un engrenage à enrayer 

Ce soutien est délicat car ce dispositif, lancé à Bordeaux en 2012, vise avant tout les jeunes toxicomanes, parfois inadaptés pour des CDD ou de l'intérim. Néanmoins, Jauris, 24 ans, demande à travailler davantage. "40 euros, c’est toujours bon à prendre, mais pour durer une semaine ça ne suffit pas", estime le jeune homme. Je n’ai plus envie de voler dans les magasins pour faire du recel. J’ai envie d’alléger mon casier judiciaire, de ne plus récidiver."

C'est important pour moi de continuer à Tapaj, avec plus d’heures, plus d’occupations, et donc techniquement moins de drogue.

Jauris, 24 ans

à franceinfo

Pour Jauris, travailler et gagner plus d’argent, c'est la possibilité, enfin, d'"envisager un loyer, un appartement, rembourser toutes mes amendes et les dettes".

À Lille, 17 jeunes sont aidés par ce dispositif géré par l'association La sauvegarde du Nord. Le directeur, Frédéric Brzozowski, voudrait faire plus, mais il manque cruellement de moyens. Il aurait besoin d'un poste supplémentaire pour aller chercher les jeunes dans la rue, trouver des entreprises partenaires et ouvrir de nouveaux chantiers. Il attend un geste fort d'Emmanuel Macron pour sortir enfin ces jeunes de cette extrême précarité.

Le dispositif Tapaj à Lille en faveur des jeunes en errance - le reportage de Célia Quilleret

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