"Je rends hommage à son inventivité" : Christophe Barbier défend le rap polémique qu'il prête à Sibeth Ndiaye
Le texte fictif que le journaliste de "L'Express" fait déclamer à la conseillère presse du président dans les colonnes de l'hebdomadaire fait réagir les réseaux sociaux. Certains internautes l'accusent même de racisme. Il s'explique à franceinfo.
"J'ai tapé Trump, t'as vu la trempe ? Cogner Poutine c'est ma routine." Une confession d'Emmanuel Macron ? Pas vraiment. Ces mots sont ceux du journaliste Christophe Barbier. Dans la rubrique "Le roman du kid président", publiée dans L'Express mercredi 16 août, l'éditorialiste imagine comme à son habitude la semaine vécue par le chef de l'Etat. Mais un passage de l'article fait tiquer sur les réseaux sociaux : dans cet extrait, Christophe Barbier imagine un rap, déclamé par la conseillère presse du président, Sibeth Ndiaye, à destination d'Emmanuel Macron.
"Yo ! Yo ! Je suis le Kid, je suis le boss/ Je suis le Prez, pour vous, je bosse", peut-on lire dans ce texte. Ou encore : "Au Blanc-Mesnil ou à Pantin/ Chez les bouffons, chez les pantins/ Dans le 9-3, je suis le 1". Pour certains internautes, c'est le "malaise". En cause, un langage daté, qui témoignerait du fossé entre les jeunes et Christophe Barbier. Mais l'éditorialiste est également accusé par certains de tenir des propos "racistes" à l'encontre de la conseillère du président. "Ce qu’on reproche à Sibeth Ndiaye, c’est d’être une femme noire qui a réussi", écrivait le 4 août Ibrahima Diawadoh N’Jim, un ancien conseiller de Manuel Valls, dans Le Monde, après un portrait au vitriol dressé par Le Canard enchaîné. Deux semaines plus tard, attribuer un rap à la seule membre noire de la garde rapprochée d'Emmanuel Macron relance la polémique.
Sur l'autoroute du malaise, Christophe Barbier fait des drifts en contresens avec ce rap-fiction de Sibeth Ndiaye (à paraître demain) pic.twitter.com/9vryMp4DXb
— Axel Roux (@AxlRx) 15 août 2017
"Qui déchire grave". Meme quand il veut faire jeune il est vieux. Ce type c'est Fonzy en fait.
— Cyrille Masson (@CyrilleMasson) 15 août 2017
Au secours
— BRΞIZH is BΞAUTIFUL (@BreizhOfficiel) 15 août 2017
C'est dur à lire et en plus c'est raciste pic.twitter.com/NLok6GQu5a
"C'est très flatteur"
Raciste, ce rap ? "Pas du tout", dément Christophe Barbier, contacté par franceinfo. "D'ailleurs, le plus grand rappeur de l’histoire est blanc, c’est Eminem." Le journaliste, qui confie découvrir l'existence des critiques sur les réseaux sociaux, assure avoir simplement choisi "un angle amusant" pour illustrer la chute de popularité d'Emmanuel Macron chez les jeunes depuis l'annonce de la baisse des aides au logement.
Ça me laisse complètement froid si des esprits obtus imaginent autre chose. Ça prouve encore une fois la débilité profonde des réseaux sociaux.
Christophe Barbier, éditorialiste à "L'Express"à franceinfo
"Il est formidable ce rap, elle a un talent, c’est très flatteur d’être la coauteure de ce texte [dans l'article, le conseiller du président Ismaël Emelien accompagne Sibeth Ndiaye d'un "beatbox avec la bouche"]", juge le journaliste. Il explique également avoir choisi cette conseillère, qu'il a repérée dans le documentaire Macron, les coulisses d'une victoire, car elle est, selon lui, "très haute en couleur, très moderne, parlant très cru". "Je m'étais dit qu'elle allait être un peu mon ambassadrice. Ça me donne un personnage qui crée une novlangue, qui illustre la manière de communiquer d'Emmanuel Macron", affirme-t-il. "Avec ce rap, je rends hommage à son talent et à son inventivité. C’est pas les technos coincés qui auraient pu l'inventer."
J'ai transformé Sibeth Ndiaye en un personnage qui parle un langage entre celui de la publicité, de la banlieue et d'une fashion victim.
Christophe Barbier, éditorialiste à "L'Express"à franceinfo
"Je vais peut-être mettre en scène Macron dans une battle à Bercy"
Et pour écrire ce texte, l'éditorialiste a visiblement retroussé ses manches. "Niveau rap, je m'étais arrêté à Diam's. Donc je me suis renseigné sur les rappeurs à la mode, j’ai discuté avec mes enfants ou des enfants d'amis qui ont entre 15 et 25 ans pour savoir quelles étaient les expressions à utiliser." L'ancien patron de L'Express affirme aussi que l'histoire pourrait ne pas s'arrêter là. "Je vais peut-être mettre en scène Macron dans une battle à Bercy avec d'autres rappeurs", confie Christophe Barbier. Aujourd'hui, il n'a qu'un regret : "Ce qui manque dans mon rap, c'est la musique. Je ne suis pas capable de la composer…"
Contactée par franceinfo, Sibeth Ndiaye affirme avoir pris connaissance du texte de Christophe Barbier, mais n'a pas souhaité le commenter.
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