Plan pauvreté : "On n'est pas sûr qu'Emmanuel Macron ait pris le problème dans sa globalité", s'inquiète ATD Quart Monde
Claire Hédon, la présidente d’ATD Quart Monde, a listé les points positifs et négatifs du plan pauvreté.
Alors qu'Emmanuel Macron présente le plan de lutte contre la pauvreté d'un montant de huit milliards d'euros sur quatre ans, la présidente d'ATD Quart Monde exprime sur franceinfo, jeudi 13 septembre, sa crainte que "ce plan ne soit pas suffisant en investissement financier". Elle redoute par ailleurs que le problème de la pauvreté "ne soit pas abordé dans sa globalité".
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franceinfo : Le gouvernement prévoit 30 000 places en crèches supplémentaires d'ici la fin du quinquennat. Qu'en pensez-vous ?
Claire Hédon : C'est une bonne chose, l'une des annonces très positives, mais ce n'est pas suffisant, notamment pour les familles qui ont été en errance longtemps et qui ont des réticences à confier leurs enfants. Il faut donc aller chercher davantage les familles les plus pauvres et s'adapter, accepter par exemple qu'il y ait de l'irrégularité, qu'ils ne viennent pas certains jours.
La pauvreté se joue dès la petite enfance ?
Bien sûr, et c'est une très bonne chose de prendre le problème de la pauvreté dès l'enfance. Mais j'avoue mon inquiétude : on n'est pas sûr qu'Emmanuel Macron ait pris le problème dans sa globalité. C'est bien de faciliter l'accès des enfants en crèche, mais quand l'enfant vit à cinq dans une chambre de bonne, cela ne va pas suffire et il sera en échec scolaire. La pauvreté n'est pas qu'une question de salaire, mais aussi de logement, d'accès au travail, à la santé et à l'éducation. Si l'on ne prend pas le problème dans sa globalité, on ne va pas y arriver. Globalement, j'ai peur que ce plan ne soit pas suffisant en investissement financier. Nous ne voulons pas faire reculer la grande pauvreté, nous voulons l'éradiquer et cela prendra 15 à 20 ans d'investissement. Huit milliards d'euros sur quatre ans, c'est pas mal, mais là-dedans, il y en a déjà quatre qui sont des redéploiements, comme les contrats aidés ou les APL.
Le plan pauvreté contient aussi un volet formation pour les chômeurs. Qu'en pensez-vous ?
C'est un pas important de rendre la formation obligatoire jusqu'à 18 ans, mais les mesures restent insuffisantes : être formé, c'est très bien, mais il faut qu'il y ait de l'emploi derrière sinon la personne retombe dans la précarité. Lundi dernier, Emmanuel Macron a passé cinq heures dans un centre ATD Quart Monde de Noisy-le-Grand. Il a montré une grande qualité d'écoute, j'espère que cela changera les choses.
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