Polémique sur les "kwassa-kwassa" : "Il ne faut pas rire de cette situation, il faut résoudre les problèmes"
Daniel Goldberg, député PS et président du groupe d'amitiés France-Union des Comores à l'Assemblée nationale, est revenu, samedi pour franceinfo, sur la polémique suscité par la tentative de plaisanterie d'Emmanuel Macron sur les petites embarcations comoriennes.
Les propos d'Emmanuel Macron sur les "kwassa-kwassa" continuent de faire polémique. Le président de la République a tenté une plaisanterie sur ces petites embarcations comoriennes, qui selon lui, ne servent pas à pêcher mais à "amener du Comorien" à Mayotte. Pour le député PS de Seine-Saint-Denis Daniel Goldberg, président du groupe d'amitiés France-Union des Comores à l'Assemblée nationale, il faudrait trouver des solutions à cette situation dramatique, plutôt que d'en rire, a-t-il expliqué samedi 3 juin sur franceinfo.
franceinfo : Comment réagissez-vous aux propos du chef de l'État ?
Daniel Goldberg : Je ne veux pas faire de procès d'intention à Emmanuel Macron. Pour autant, l'expression me paraît pour le moins mal adaptée, je ne vais pas dire autre chose. Elle est choquante pour tous ceux qui connaissent la situation sur place. D'ailleurs, pendant la campagne des élections présidentielles, celui qui est aujourd'hui président de la République s'est rendu à Mayotte. Il a pu voir une partie de la situation dramatique de personnes qui cherchent à rejoindre Mayotte, pour partir des trois villes indépendants de l'Union des Comores, avec de la détresse et des morts très régulièrement. Je ne fais pas de procès d'intention, je souhaite juste que l'on s'engage vers un règlement de cette situation, qui n'a que trop duré, entre quatre îles d'un même archipel, au milieu de l'océan Indien. L'une qui est pleinement française, Mayotte, parce que les Maorais l'ont choisi, et trois autres qui ont choisi la voie de l'indépendance.
Que peut faire la France pour aider les Comores et éviter cet afflux de migrants ?
Il faut d'abord que la France continue d'aider l'Union des Comores à se développer, mais la France n'est pas le seul pays à pouvoir aider au développement des Comores. Ils doivent aussi participer à un développement plus maîtrisé, en répondant aux problèmes très concrets d'éducation, de santé, de développement économique. C'est le rôle d'ailleurs de notre groupe d'amitiés de faire en sorte que la France et l'Union des Comores trouvent ensemble les conditions pour un meilleur développement de l'Union des Comores et ainsi faire baisser la tension sociale très forte à Mayotte.
Plusieurs associations ont dénoncé le traitement réservé à certains migrants, avec une expulsion quasi-immédiate, sans même l'examen de leur situation. Existe-t-il des efforts à faire du côté de l'État ?
Du côté de l'État, il y a notamment la question du centre de rétention. La question est lancinante à Mayotte, comme la manière dont sont traités les étrangers en situation irrégulière sur l'île. Pour autant, il faut dire aussi que l'État français engage des moyens financiers considérables pour lutter justement contre les phénomènes migratoires à Mayotte. Je préfèrerais, qu'à moyen et à long terme, ces moyens soient plus utilisés pour un développement gagnant-gagnant entre les quatre îles de l'archipel. C'est dans ce sens-là qu'on pourra aller de l'avant. Cela demande des efforts de la France, mais aussi des efforts du côté des dirigeants comoriens. J'avais apporté ce message au président des Comores, il y a quelques mois, quand je me suis rendu sur place avec une délégation de l'Assemblée nationale. Cette situation est à des milliers de kilomètres de Paris, mais, si cela se passait sur les côtes de la métropole en France, on serait aussi sensible que ça l'est pour Lampedusa au large de l'Italie. On est dans une situation difficilement supportable, quasiment insupportable, pour nos compatriotes Maorais. Ils vivent dans des situations où il y a une pression sociale très forte, mais aussi avec des possibilités de développement qui ne sont pas complètes pour les trois îles de l'Union des Comores. La solution doit être trouvée à quatre au niveau de l'ensemble de l'archipel, en respectant les choix des uns et des autres.
Il y a eu des exactions commises par certains Maorais contre des migrants comoriens. À la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen a obtenu 42% des suffrages au second tour. Comment lutter contre cette montée de l'extrémisme ?
En répondant aux problèmes. C'est pour cela qu'il ne faut pas en rire. Il faut résoudre les problèmes que rencontrent les Maorais quotidiennement. Le gouvernement de Bernard Cazeneuve avait lutté contre ces phénomènes dit de 'décasages' sur place, où des gens étaient jetés de leur habitation sans ménagement, des gens d'origine comorienne mais qui étaient aussi citoyens français pour certains d'entre eux. Il faut lutter contre ces phénomènes. Il faut résoudre les problèmes qui sont difficiles. Je n'ai pas de baguette magique, mais il faut résoudre les problèmes sur place. On est dans le cadre d'un phénomène qui dure depuis plus de 40 ans maintenant. Il y a des questions très concrètes de vie quotidienne sur place où nos compatriotes Maorais doivent trouver les voies du développement. Il doit être harmonieux avec leur environnement et notamment sur l'ensemble de l'archipel avec des droits et des devoirs pour tout le monde.
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