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"Triplex", enregistrement et ministres en face-à-face : dans les coulisses de l'interview d'Emmanuel Macron depuis Nouméa

Attendu depuis plusieurs jours, Emmanuel Macron a finalement pris la parole ce lundi à 13h sur TF1 et France 2 dans un format télévisé pour le moins inhabituel. Explications.
Article rédigé par franceinfo, Paul Barcelonne, Xavier Allain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Interview d'Emmanuel Macron depuis Nouméa le lundi 24 juillet sur franceinfo. (franceinfo)

Pas une minute de plus : c'est durant 31 minutes qu'Emmanuel Macron s'est exprimé lors d'une interview sur TF1 et France 2 depuis la Nouvelle-Calédonie. Présentée, par certains, comme l'interview que l'on n'attendait plus, puisque le chef de l'Etat avait renoncé à s'exprimer le 14 juillet, c'est donc depuis le Pacifique, où il vient d'entamer une tournée d'une semaine, qu'Emmanuel Macron a balayé différents sujets.  

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Sur le fond, il s'agit donc d'une interview assez longue, mais avec aucune annonce ou presque. Le président a dressé un bilan positif des "100 jours d'apaisement", depuis la crise liée à la réforme des retraites et a fixé les grandes priorités des semaines et mois à venir, avec cette injonction : "L'ordre, l'ordre, l'ordre", en réponse aux émeutes urbaines, assurant qu'il n'y avait "pas de majorité de rechange" pour mieux défendre le bilan contesté de son gouvernement. 

Performance technique

Dans la forme, cet entretien a pu surprendre les Français, tout comme les commentateurs. Il y a d'abord le "timing" : une séance de questions-réponses à 13h, en pleines vacances d'été, et dix jours après un 14-Juillet sans prise de parole.

Et puis, cela s'est effectué dans des conditions techniques très particulières, voire jamais vues pour un chef de l'État en France. En cause, notamment, la genèse de ce rendez-vous : cette interview, menée par Nathanaël de Rincquesen pour France 2 et Jacques Legros pour TF1, a, en effet, été décidée à la dernière minute, durant le week-end, et montée à la hâte à quelque 16 000 km de l'Élysée. Enfin, il y a le décalage horaire : à 13h en Métropole, il est 22h à Nouméa. Et pas question pour le président de la République de poser dans un décor de carte postale.

Autant de contraintes qui ont poussé le Palais à prendre la décision d'enregistrer l'entretien dès l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'aéroport La Tontouta de Nouméa. Direction donc les studios de la chaîne Nouvelle-Calédonie la Première, mais sans la présence des deux intervieweurs : les deux présentateurs du JT de 13h sont chacun sur leurs plateaux, car ils doivent ensuite assurer la présentation du journal, comme à l'accoutumée. Voici pourquoi aussi, il n'y a pas eu d'autres plans de caméras que des plans serrés sur les visages des trois hommes, ils n'étaient pas ensemble pour ce "triplex", véritable performance technique.

Toutefois, des petits silences de une à deux secondes ont pu avoir lieu. Emmanuel Macron a pu librement développer son propos : difficile pour les journalistes de le contredire ou le relancer, puisqu'il y avait plusieurs secondes de décalage entre les journalistes en plateau depuis Paris et le président à Nouméa.

Des ministres en face-à-face dans l'avion

Enfin, côté coulisse, bien qu'elle ait été enregistrée "dans les conditions du direct", selon la formule consacrée, et avant tout pour éviter tout problème technique, le chef de l'Etat a voulu faire passer un message clair et politique. Et pour cela, il a pris le temps de travailler ce rendez-vous, et c'est le moins que l'on puisse dire. Pour potasser ces dossiers, Emmanuel Macron a mis à profit les quelque 24 heures passées dans l'avion entre la France hexagonale et l'archipel.

D'ailleurs, un des passagers du vol présidentiel de le confier : Emmanuel Macron a pris le temps de voir, de consulter, d'interroger les ministres qui l'accompagnent. Il a ainsi pu réunir Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Philippe Vigier, qui a pris vendredi dernier les fonctions de ministre délégué chargé des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères... Mais uniquement en face-à-face dans l'avion présidentiel. C'est dire si cette interview était importante pour l'Élysée.

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