Vœux d'Emmanuel Macron : "Ça sonnait faux", "une politique aveugle", "un président déconnecté", fustige l'opposition
Selon Julien Bayou (EELV), Sébastien Chenu (RN), Adrien Quatennens (LFI), Annie Gennevard (LR) et Gabrielle Siry-Houari (PS), le discours du chef de l'État manquait d'annonces concrètes et semblait éloigné du quotidien des Français.
"En 2021, quoiqu'il arrive, nous saurons faire face aux crises, qui ne s'éteindront pas avec le 1er janvier". Emmanuel Macron a présenté ses vœux aux Français jeudi 31 décembre depuis l'Elysée, installé devant une table basse au coin d'une cheminée. Une allocution qui n'a pas convaincu.
>> REPLAY. Nouvel An : l'intégralité des vœux d'Emmanuel Macron aux Français
Adrien Quatennens (LFI) : "La fin de l'ère Macron"
"Je forme le vœux que 2021 soit une meilleure année", que l’on se "débarrasse le plus tôt possible du Covid, et puis de tourner une autre page, celle d'Emmanuel Macron et de sa politique, réagit Adrien Quatennens, député de la première circonscription du Nord et coordinateur de la France Insoumise. On s'approche de la fin de l'année 2020 et j'ai le sentiment, en écoutant l'allocution du président, qu’on s'approche tout doucement mais sûrement de la fin de l'ère Macron.
"On a le sentiment désormais que, lorsque le président prend la parole, tout tombe à plat, comme si cet homme avait usé et abusé de son quota."
Adrien Quatennensà franceinfo
Dans son discours, Emmanuel Macron a rendu hommage à l'engagement de plusieurs Français qu'il a présenté par leur prénom et dont il a retracé le parcours. "On a eu cette figure de style avec la citation de bon nombre de prénoms, j'ai vraiment le sentiment, dans la bouche du président de la République que ça sonnait faux, estime Adrien Quatennens. Il a oublié bien d'autres prénoms", note le député insoumis. "Il aurait pu parler des milliardaires qui, du fait notamment de sa politique, se sont encore considérablement enrichis. Avoir un mot plus fort encore pour la pauvreté qui s'étend de manière considérable dans le pays".
Adrien Quatennens estime qu’Emmanuel Macron "n'a plus rien de très intéressant à expliquer ou à dire" et qu’il est "un communicant avant tout". "Pourquoi Emmanuel Macron n'entend pas la proposition formulée par beaucoup d’oppositions de faire en sorte que les systèmes de solidarité soient étendus à la jeunesse ? Par exemple, le revenu de solidarité active dont nous demandons l'extension dès 18 ans", interroge le député.
"Nous allons devoir faire face à d'autres grandes crises", se projette Adrien Quattenens, évoquant notamment la crise climatique. "C’est donc bien le moment de tout changer. On voit bien qu'Emmanuel Macron fait plutôt partie de ceux qui jouent les prolongations dans un système avec lequel il faut rompre".
Gabrielle Siry-Houari (PS) : "Un vide assez complet sur le fond"
La porte-parole du Parti socialiste Gabrielle Siry-Houari fustige "un vide assez complet sur le fond" à propos des vœux d'Emmanuel Macron aux Français. "Il a parlé des jeunes en détresse. Le chef de l'Etat a dit 'nous serons là' sans annoncer quoi que ce soit de concret. J'appelle solennellement le président à ouvrir d'urgence le RSA aux moins de 26 ans parce qu'on ne peut pas laisser la génération Covid devenir une génération sacrifiée et les mots n'y suffiront pas", lance le responsable socialiste.
Julien Bayou (EELV) : "On a besoin d'un cap et c'est ce qui fait défaut"
"Les mots sont choisis pour être fédérateurs, les actes sont ceux d'une politique aveugle, dénonce Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie-les Verts, sur franceinfo. On a besoin d'un cap et c'est ce qui fait défaut à ce quinquennat."
"Quand le président parle de solidarité avec les soignants et les précaires, il faudrait que cela se traduise concrètement."
Julien Bayoufranceinfo
L'élu écologiste a déploré le manque de gestes concrets envers la jeunesse, un des thèmes abordés par le président. "Quand il s'agit de rémunérer décemment [...] on n'agit pas", juge le conseiller régional d'Ile-de-France, évoquant la décision gouvernementale de n'augmenter le smic que d'une quinzaine d'euros.
Maud Bergeon (LREM) : un gouvernement qui a pris des décisions "extrêmement difficiles"
Emmanuel Macron, au cours de ses vœux aux Français, a "tracé un cap au-delà de la question du Covid", a réagi sur franceinfo Maud Bregeon, porte-parole de La République en marche.
Emmanuel Macron a évoqué "le vaccin, cette lueur d'espoir qui éclaire ce début de l'année 2021, et en même temps, il a parlé d’écologie, de la lutte pour la République, du combat qui continue pour l'égalité des chances et contre les discriminations", a détaillé Maud Bregeon.
"On sort d’une crise historique durant laquelle on a eu un gouvernement qui a été courageux, qui a pris des décisions extrêmement difficiles depuis mars. Les aides qui ont été déployées en France, il faut quand même le dire et le redire, sont sans commune mesure", soutient la porte-parole du parti présidentiel.
Annie Genevard (LR) : "Tout ça reste bien vague"
Les Français "ont besoin de savoir où Emmanuel Macron veut les emmener, et je n'ai pas entendu d'annonces concrètes, déplore jeudi soir sur franceinfo Annie Genevard, vice-présidente Les Républicains de l'Assemblée nationale. Dans la forme je suis d'accord avec lui sur l'hommage qui a été rendu aux Français, aux Français les plus courageux. Il a voulu exprimer sa confiance en les Français, je suis d'accord avec lui, mais à condition de savoir les entraîner, de leur donner une perspective."
"Les Français ont besoin de savoir où on va, notamment ceux qui sont dans une situation très difficile, les restaurateurs, les acteurs de la culture, la jeunesse."
Annie Gennevardà franceinfo
"Ils ont besoin de savoir où Emmanuel Macron veut les emmener, et je n'ai pas entendu d'annonces concrètes sinon une référence au printemps. Tout ça reste bien vague", conclu Annie Genevard.
Sébastien Chenu (RN) : "Un président totalement déconnecté des réalités"
"Emmanuel Macron est loin des réalités des français, fustige Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National. Le président nous a dit combien il était content de lui-même, c'est un président totalement déconnecté des réalités. Je ne sais pas si Emmanuel Macron se rend compte de l'état du pays."
Le président a évoqué brièvement le Brexit : "l'enfant du malaise européen et de beaucoup de mensonges". Martelant son attachement au projet européen, il a souligné que "le Royaume-Uni demeure notre voisin, mais aussi notre ami et notre allié". Sébastien Chenu, estime que la sortie des britanniques de l'Union Européenne montre "qu'il faut revoir ce modèle européen qui ne fonctionne pas".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.