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" Faire baisser le coût du travail "

Quel projet doit porter le futur président de la république ? Réponse de M. Jacques Marie, PDG de Tricotage des Vosges (marques " Bleuforêt " et " Olympia "; chaussettes ), un des rares industriels du textile à ne pas avoir délocalisé sa production.
Article rédigé par Hervé Pozzo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Que demandez-vous au prochain Président ? (FTV)

Quel projet doit porter le futur président de la république ? Réponse de M. Jacques Marie, PDG de Tricotage des Vosges (marques " Bleuforêt " et " Olympia "; chaussettes ), un des rares industriels du textile à ne pas avoir délocalisé sa production.

L'immeuble est cossu, le quartier un des plus luxueux de la capitale et ses chaussettes restent parmi les plus prisées des amateurs de qualité " made in France ". Tricotage des Vosges et sa marque phare " Bleuforêt " ne semblent pas souffrir de la crise industrielle qui touche le pays depuis plus de 30 ans. Le PDG, M. Jacques Marie, est une des figures du textile français : "Il y a prescription sur le nombre d'années que j'ai passé dans ce secteur ! " .

Après Rhone-Poulenc et la direction générale de DIM, il fonde l'entreprise en 1994, alors que les délocalisations commencent à battre leur plein. L'usine est située au coeur des Vosges, à Vagney. Ce qui ne sera pas étranger à la réussite du projet " Nous avons profité du savoir-faire de la main d'oeuvre locale, une question d'éthique, aussi " . Concernant l'étiquette c'est "Fabrication française " qu'il s'empressera de faire aposer. A une époque où cela n'est pas forcément bien vu, libre-échange oblige. Et pourtant c'est une des clés de la réussite de la marque.

L'économie n'est pas une science

Ce patron-patriarche, tel que ne l'aurait pas renié des Michelin ou des Peugeot entend transmettre " l'affaire " à son " grand-fils ". L'entreprise familliale, qui revendique 28 millions d'euros de chiffre d'affaire en 2011, +2 % en deux ans, réalise le quart à l'export. Une véritable performance. Comment continuer à produire et à afficher de tels résultats (qui pérennisent l'activité des 250 employés) ? M. Marie n'en sait -presque- rien : " L'économie n'est pas une science, on obtient pas forcément les mêmes résultats avec les mêmes expériences ... ".

Reste que l'entreprise applique certaines recettes déjà éprouvées ailleurs. Optimisation de la productivité, bien sûr, avec modernisation des outils de production mais aussi réactivité face aux marchés, politique de stocks minimaux et qualité, qualité, qualité. Le mot le mieux référencé dans cette vallée aux 6 millions de chaussettes par an.

Une relocalisation à deux facettes

Il y a deux ans, pour faire face à la perte du client DIM (Tiens, tiens!), Tricotage des Vosges rachète Olympia, un de ses concurrents, délocalisé 10 ans auparavant en Roumanie. TDV relocalise 25% de la production. Une volonté qui ne permettra pas de retrouver les 1000 emplois de l'usine de Romilly , perdus en 1998, puisque ces chaussettes seront fabriquées à Vagney.

Cette relocalisation s'inscrit dans un mouvement de l'économie française. Un mouvement timide jusque là mais auquel certaines entreprises françaises s'essaient ( Rossignol, Le coq sportif, Geneviève Lethu ou Atol ). M. Jacques Marie explique sa démarche " Les délocalisations comportaient des coûts cachés ; problèmes de logistique, productivité moindre, qualité aléatoire " Autant de facteurs qui "plombe les gains de productivité " .

A l'instar de Renault au Maroc, les délocalisations se poursuivent. On dénombre une relocalisation pour six délocalisations. Comme nous l'expliquera le très pragmatique M. Marie : " Nous vivons dans un monde moderne, où la valeur du travail n'est pas considérée différement de celle d'une matière première par les décideurs " .

Et ces décideurs ... ne sont pas les chefs d'états.

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