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Fillon et les religions : le malaise

Les propos de François Fillon sur les religions provoquent un malaise dans les communautés juive et musulmane. La gauche, François Hollande en tête, critique le Premier ministre et certains membres de l’UMP font entendre leur désapprobation.
Article rédigé par Gérald Roux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Le débat sur la viande Halal s’est engagé sur une pente très glissante qui mène directement à la polémique. En évoquant hier cette affaire  lancée par Marine Le Pen et alimentée par Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, François Fillon a achevé d’ancrer le malaise, si celui-ci n’était pas suffisamment arrimé dans la campagne.

Invité sur Europe 1, il a notamment affirmé que "les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, de la technologie, les problèmes de santé" . Une déclaration qui, au-delà du Halal, faisait aussi   immanquablement penser à la circoncision pratiquée dans les religions juives et musulmanes et qui avait pour origine des questions d’hygiène.

Juifs et musulmans choqués

Le grand rabbin de France Gilles Bernheim estime que ce débat "n'a pas lieu d'être" . Il se dit très "gêné" par les déclarations de François Fillon, dans une interview à la Chaîne Parlementaire.
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Richard Prasquier se dit "choqué" par une déclaration "stupéfiante".  
Quant à Mohamed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, il fait part de son incompréhension et refuse de voir "l'islam et les musulmans (servir) de boucs émissaires dans cette campagn e".

Recoller les morceaux

Conséquence de l’aggravation de la polémique : François Fillon recevra demain le grand rabbin Gilles Bernheim et le président du Consistoire central Joël Mergui. Rendez-vous à Matignon également pour les représentants du culte musulman, jeudi. 

Hollande met en garde

Dans la classe politique, le candidat socialiste appelle aujourd’hui Nicolas Sarkozy et François Fillon à la "retenue" . Il leur demande de "ne pas froisser" des "consciences" . "Evitons ces faux débats ces polémiques inutiles, ces querelles qui froissent" . Et de rappeler les sujets qui doivent, selon lui, être au centre de la campagne : "chômage, vie chère, retraite, la question sociale et le logement".

 

UMP

Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, ne dit pas autre chose. Pour lui, il y a "quand même d'autres sujets de
préoccupation des Français"
que la question du halal et du casher. Il évoque notamment le premier emploi des jeunes, le  chômage de longue durée, la compétitivité des entreprises françaises.

Jean-François Copé, le patron de l'UMP, s'est lui montré plus direct. Dans l'émission M6/RTL/MSN "2012etvous.fr" il a expliqué : "Ce vocabulaire n'est pas le mien et ne sera jamais le mien. Personnellement je ne prononcerai jamais ces mots" .

La porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, tente d'éteindre la polémique. Elle affirme que "la réaction très vive" des communautés religieuses lui paraît "disproportionnée" .

Le nombre de musulmans en France est estimé à 3,5 millions de personnes, par l'IFOP. Certaines évaluations vont jusqu'à six millions. Le nombre de personnes attachées au judaïsme est estimé entre 530.000 à 550.000.

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