Législatives : pourquoi François Bayrou ne veut rien lâcher sur les investitures de La République en marche
Les relations entre Emmanuel Macron et le président du MoDem se sont dégradées ces dernières heures. François Bayrou évoque un accord sur les circonscriptions qui ne serait pas respecté, mais pas le manque à gagner que cela représente pour son parti.
Entre François Bayrou et Emmanuel Macron, on est loin de la franche poignée de main qui scellait leur alliance, jeudi 23 février, quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle. Le maire de Pau a aujourd'hui le sentiment d'avoir été trahi : il n'a pas obtenu le nombre d'investitures voulu. Résultat, il a convoqué, vendredi 12 mai, un bureau politique de son parti. Franceinfo vous explique pourquoi le président du MoDem est bien décidé à ne rien lâcher.
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Parce qu'il s'estime lésé
Le compte n'y est pas du tout. François Bayrou pensait qu'Emmanuel Macron lui réserverait 120 investitures pour les législatives. Il n'en disposera finalement que de 35. Un contretemps que le maire de Pau ne digère pas du tout : cette liste des candidats n’a donc "pas [son] assentiment". "Quand je lui ai apporté mon soutien, il était à 18%. Nous l'avons fait élire", lâche-t-il à L'Obs.
François Bayrou est très remonté, surtout qu'à la sortie du déjeuner, jeudi à Paris, tout semblait clair entre les deux hommes. "On était OK", a-t-il répété à l'AFP. De nombreux changements ont en effet été opérés au dernier moment, selon les informations de franceinfo : au MoDem, on explique que la liste publiée jeudi n'a "rien à voir avec celle actée la veille". Des noms de candidats centristes auraient été retirés à la dernière minute. Exit, par exemple, la candidate prévue dans la deuxième circonscription d'Ille-et-Vilaine, afin de laisser la place au conseiller presse de François Hollande, Gaspard Gantzer.
Surtout, c'est la stratégie d'Emmanuel Macron que François Bayrou n'apprécie pas. Le président élu a laissé libres 148 circonscriptions, dont le sort devrait être réglé avant mercredi prochain. Un appel du pied à peine voilé aux parlementaires des Républicains et du Parti socialiste qui seraient Macron compatibles. Deux candidats, à Paris et en Indre-et-Loire, auraient ainsi été sortis de la liste, pour qu'aucun candidat de La République en marche ne soit opposé aux ministres Myriam El Khomri et Marisol Touraine. Du coup, la garde rapprochée de François Bayrou y voit "la continuité du système Hollande" et un "déséquilibrage à gauche".
Parce qu'il veut son propre groupe à l'Assemblée
Si François Bayrou est en colère, c'est aussi parce qu'il n'est désormais pas certain de pouvoir disposer d'un groupe à l'Assemblée nationale pour la prochaine législature. Un groupe qui posséderait alors "son existence propre, décrypte Libération, hors des futurs parlementaires élus sous l’étiquette de la formation du nouveau président de la République".
Avant ces changements de dernière minute, la stratégie du maire de Pau était claire : présenter des candidats dans plus d'une centaine de circonscriptions, "dont au moins une trentaine de présumées gagnables pour faire élire 15 députés, soit le seuil légal pour constituer un groupe à l’Assemblée nationale", continue Libération. La mission semble aujourd'hui compliquée.
Parce qu'il va perdre de l'argent
Derrière les bisbilles politiques, il y a une autre réalité, bien plus terre-à-terre : l'argent. "Le MoDem possède un patrimoine immobilier imposant en plein cœur du 7e arrondissement de Paris, à un jet de pierre de la tour Eiffel, explique Libération. Mais il est à court de liquidités pour assurer son fonctionnement journalier. Pour assurer ses fins de mois, le MoDem doit donc présenter 50 candidats, sous sa propre étiquette, qui recueilleront au moins 1% dans chacune de leurs circonscriptions." De quoi toucher suffisamment d'argent "pour vivre pendant les cinq années prochaines, la durée de la législature".
Si le MoDem ne veut rien lâcher sur ses exigences, c'est aussi que l'Etat verse une enveloppe en fonction du nombre d'élus. Bref, c'est toute sa feuille de route que le parti centriste va devoir revoir.
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