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Pourquoi Bayrou et Macron scellent un mariage de raison

François Bayrou et Emmanuel Macron ont conclu une alliance ce mercredi 22 février. Un rapprochement sous conditions, dont ils comptent tous les deux profiter.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Bayrou et Emmanuel Macron, assistant à une étape du Tour de France entre Pau (Pyrénées-Atlantiques) et Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), le 9 juillet 2016. (SIPA)

Ils occupent en grande partie le même positionnement politique et ont décidé de faire campagne ensemble. François Bayrou a officiellement annoncé, mercredi 22 février lors d'une conférence de presse, qu'il s'effaçait derrière Emmanuel Macron, mais les deux hommes y trouvent leur intérêt. Franceinfo liste les raisons de ce mariage de raison.

Parce qu’il n’y a qu’une place pour deux

Emmanuel Macron revendique un positionnement "central", François Bayrou a toujours été un candidat "centriste". Sur l’Europe, le sérieux budgétaire, le dépassement des clivages partisans, les deux défendent des visions très similaires. D’ailleurs, une partie des troupes de l’UDI et même du MoDem n’avaient pas attendu la décision de François Bayrou pour rallier le président d’En marche !.

Il est par ailleurs difficile, quand on occupe le même créneau politique, de présenter deux candidatures qui aient une chance d’aboutir. Encore plus quand Marine Le Pen semble, depuis des mois, assurée de se qualifier pour le second tour. Dans les enquêtes précédant son annonce, François Bayrou était crédité d'environ 6% des voix. Emmanuel Macron étant le mieux placé dans les sondages pour défendre ce positionnement, François Bayrou s’est effacé derrière lui. Par esprit de responsabilité face au "risque de flambée de l'extrême droite", a expliqué le président du MoDem. Mais aussi avec l’objectif de faire vivre sa "famille politique", déclare la sénatrice MoDem Jacqueline Gourault à franceinfo. "Emmanuel Macron occupe un espace que François Bayrou a pu occuper à un autre moment. Il faut regarder la situation avec lucidité."

Parce qu’ils sont complémentaires

S'ils ont beau défendre en partie les mêmes idées, Macron et Bayrou incarnent des styles d’hommes politiques très différents. L’un affiche son passage dans le privé comme banquier d’affaires, quand l’autre a été professeur de lettres classiques. L’un est perçu comme le défenseur de la mondialisation, quand l’autre dit son attachement au terroir. L’un n’a jamais été élu, quand l’autre est en politique depuis trente ans. "Cela va être une alliance complémentaire", se félicite Jacqueline Gourault, “notamment en termes d’expérience et de génération”.

Arnaud Leroy, porte-parole de Macron, souligne lui que "Bayrou est un homme de centre-droit, quand Macron se revendique lui comme de centre-gauche. Et ce n’est pas une petite 'prise', c’est un ancien candidat à la présidentielle ! Cela matérialise le rassemblement que nous défendons." D’ailleurs, dans les critères énoncés par Macron pour investir les 577 candidats d’En marche ! aux législatives, on trouve la pluralité politique. Jusqu’à présent, les personnalités politiques qui ont rallié Emmanuel Macron venaient plutôt de la gauche, en particulier du PS. L’alliance avec Bayrou devrait permettre de rééquilibrer la sélection.

Parce qu'ils espèrent créer une dynamique

L'objectif est partagé chez les partisans de Macron comme chez ceux de Bayrou : leur rapprochement pourrait susciter de nouvelles vocations. Au MoDem, certains estiment que la décision de François Bayrou pourrait faire des émules à l'UDI. Côté Macron, on espère que la "prise" du Béarnais encourage des socialistes à quitter leur parti. Il est vrai que chez certains, notamment chez les réformateurs, de moins en moins convaincus par la campagne de Benoît Hamon, la tentation Macron pourrait être plus forte. Nombre d'entre eux regrettent qu'en 2012, François Hollande et le PS n'aient pas tendu la main au président du MoDem. L'occasion se présente à nouveau aujourd'hui.

Le député PS François Loncle a ainsi salué le geste de François Bayrou, "lucide dans son analyse et courageux dans sa décision". Selon lui, le président du MoDem "fait l'analyse que Macron peut être au deuxième tour, si le soutien s'amplifie, ce qui est le cas. Des socialistes pourraient imiter Bayrou dans les prochains jours, si Benoît Hamon ne répond pas aux questions sur son programme." Si ce ralliement suscitait une dynamique, elle tomberait à pic pour Emmanuel Macron, après une semaine difficile qui l'a vu marquer le pas dans les sondages.

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