Cet article date de plus de six ans.

Rentrée politique de François Hollande à Cherbourg : l'ancien président "vit un moment de délectation politique"

Selon Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille, François Hollande "prend une revanche" sur Emmanuel Macron."On voit une énergie retrouvée des divers protagonistes de la gauche, dit-il, qui prouve que l'espèce de tsunami politique qu'a représenté le macronisme semble s'essoufler".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
François Hollande "retrouve le goût de la malice", selon le professeur de sciences politiques, Rémi Lefebvre. (GEORGES GOBET / AFP)

"François Hollande vit un moment de délectation politique", a estimé sur franceinfo vendredi 31 août Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille, spécialiste du Parti socialiste et de la gauche. Lors d'un déplacement à Cherbourg pour dédicacer son livre, François Hollande a critiqué Emmanuel Macron : "Il faut avoir des idées et des convictions pour mener la direction du pays", a notamment lancé l'ancien président de la République. "Il prend une revanche, au moment où la légitimité d'Emmanuel Macron s'érode fortement."

franceinfo : Que faut-il voir dans ce discours très virulent de François Hollande ? Une opportunité ?

François Hollande vit un moment de délectation politique. Il prend une revanche, au moment où la légitimité d'Emmanuel Macron s'érode fortement, après l'affaire Benalla et la démission de Nicolas Hulot. Il prend cela avec gourmandise. Il critique le gouvernement de manière un peu oblique. On a l'impression qu'il fait enfin cette campagne électorale qu'on lui a volée il y a quelques mois lorsqu'il a dû renoncer à être candidat à sa succession. C'est très surprenant, parce que l'idée qu'il n'ait jamais quitté la vie politique ouvre toutes les perspectives. François Hollande occupe aujourd'hui le vide du Parti socialiste et en particulier d'Olivier Faure, qui n'arrive pas du tout à entrer dans le leadership de ce parti très diminué. Il s'amuse donc, il retrouve le goût de la malice. C'est quelqu'un qui est brillant dans l'ironie et il trouve une situation qui lui permet de retrouver ses fondamentaux de l'ancien monde politique qu'il incarnait il y a quelques années.

N'y a-t-il pas une différence entre faire cela en interview ou pendant des dédicaces et mener une sorte de mini-meeting avec son ancien ministre de l'Intérieur ?

Il y a d'autres signes qui ne trompent pas, c'est l'offensive que mènent actuellement les hollandais, comme Stéphane Le Foll, au Parti socialiste. On l'a vu lors de cette pseudo université d'été à La Rochelle, il y a quelques jours. Les hollandais étaient très offensifs. On peut penser, c'est une hypothèse vraiment sérieuse, qu'un retour se prépare. Aujourd'hui, la situation du PS ne cesse de se dégrader. Il y a des élections européennes très difficiles qui vont arriver. François Hollande a toujours la conviction qu'il y a un espace pour le Parti socialiste. Emmanuel Macron a glissé vers le social-libéralisme. François Hollande se permet donc de critiquer le libéralisme, alors même que les frondeurs avaient critiqué le sien quand il était au pouvoir. Il retrouve donc à la fois un souffle, un espace politique, une identité.

Est-ce que le "recentrage" en cours de Jean-Luc Mélenchon n'incite pas aussi François Hollande à éviter de lui laisser de la place ?

En tous cas, on voit une énergie retrouvée des divers protagonistes de la gauche. (...) Globalement, on voit que la vie politique qui avait turbulé retrouve des repères plus traditionnels : Jean-Luc Mélenchon parle à nouveau le langage de la gauche et essaie de rassembler les partenaires de gauche, François Hollande occupe le terrain... Ça prouve que cet espèce de tsunami politique qu'a représenté le macronisme semble s'essouffler et qu'on revient peut-être à des lignes de force et de clivage plus traditionnelles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.