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Retourner sur le terrain peut-il redorer le blason de François Hollande ?

Le chef de l'Etat se rend à Angoulême, jeudi 9 octobre. Son premier déplacement en région depuis trois mois, en dehors des cérémonies de commémoration de la Libération.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Hollande dans une voiture officielle du Tour de France, lors de l'étape entre Arras (Pas-de-Calais) et Reims (Marne), le 10 juillet 2014. (JEFF PACHOUD / AFP)

François Hollande reprend ses visites en région après trois mois de pause. Le chef de l'Etat sera à Angoulême (Charente), jeudi 9 octobre. Il doit se rendre dans deux structures dédiées à la prise en charge de l'autisme. Si l'on excepte les cérémonies de commémoration de la seconde guerre mondiale, son dernier déplacement en métropole datait du 10 juillet, dans la Marne, lors du Tour de France.

Dans la dernière édition du baromètre Ifop pour Paris Match, publié mercredi 8 octobre, l'action de François Hollande est approuvée par 19% des sondés. Un chiffre stable par rapport à celui du mois d'août. La visite du président en Charente est-elle une stratégie payante pour reconquérir l'opinion ?

Oui, cela inaugure une nouvelle séquence politique

Depuis la rentrée, François Hollande a choisi de passer du temps à l'Elysée. Ses visites de terrain étaient comptées, souvent inopinées et sans médias. Le chef de l'Etat s'est par exemple rendu en toute discrétion à la maison-musée de Louis Aragon et Elsa Triolet, à Saint-Arnoult (Yvelines), le 13 septembre, raconte Metronews. Le 30 septembre, il a assisté à la projection de l'avant-première d'un documentaire consacré au Bondy Blog, relaie Le Parisien.

Le déplacement à Angoulême a pour but de faire taire ceux qui pensent que le président évite les Français, souligne RTL. Le livre de Valérie Trierweiler et l'expression "sans-dents", la défection de ministres, la fronde de députés PS ont été les ingrédients d'une rentrée chaotique pour le chef de l'Etat. "On vient de traverser trois semaines infernales, confie au Figaro (article payant) un proche de François Hollande. On gérait un problème après l'autre. Quand on est sorti du tunnel, on a réalisé combien l'orage avait été violent. On est encore debout."

L'objectif de cette visite en Charente est donc aussi de "rompre le cycle désastreux entamé à la rentrée", explique RTL. "C'est une question d'image. L'enjeu est politique", précise Jérôme Chapuis, rédacteur en chef adjoint du service politique de la station. "Mais on ne peut pas tout réduire à une question d'image, nuance François Miquet-Marty, président de l'institut de sondage Viavoice, joint par francetv info. En faisant le point sur le plan autisme, François Hollande fait aussi son travail de président."

Oui, il montre de l'intérêt pour le quotidien des Français

Ce voyage à Angoulême est un moyen pour François Hollande de "renouer avec le quotidien des Français", assure Stéphane Rozès, président de la société de conseil Cap, contacté par francetv info. "François Hollande a été très pris par la séquence internationale. Il a laissé le Premier ministre sur les questions nationales. Le président veut maintenant occuper les deux bouts de la chaîne, le national et l'international", constate le spécialiste. Il poursuit : "Avec l'autisme, nous sommes sur une question de santé, c'est le quotidien. Jacques Chirac le faisait beaucoup en son temps." Le déplacement à Angoulême est donc censé constituer un "pont entre l'international et le national". 

François Hollande "a besoin de proximité", analyse un proche du président dans les colonnes du Figaro. "Là, je crois qu'il en a marre, qu'il a envie d'être aimé", assure une autre source au quotidien. "Le message aux Français est un peu : 'regardez, je m'intéresse à vous'. François Hollande essaie de retisser le fil de l'empathie, remarque Christian Delporte, président de la Société pour l’histoire des médias, joint par francetv info. Mais est-ce que c'est suffisant ? Certainement pas."

Non, il a plus à perdre qu'à gagner

A travers ce déplacement, François Hollande veut essayer de réparer une image écornée en choisissant une thématique proche des Français. "L'autisme est un enjeu fédérateur qui dépasse les clivages. C'est une grande cause, reconnaît François Miquet-Marty. Mais avant cela, il faut se rappeler que son implication pendant les commémorations, pour la mémoire de la France, n'a pas permis de redorer son blason."  

Le président de Viavoice estime aussi que tout déplacement est une prise de risque dans la mesure où il expose le chef de l'Etat aux Français. Quand François Hollande rend hommage à la Résistance sous une pluie battante sur l'île de Sein (Finistère), le 25 août, l'image s'avère désastreuse. Autre risque, les manifestations de colère, comme à Carmaux (Tarn), le 23 avril, où le président avait choisi de saluer la mémoire de Jean Jaurès. Mais dès son arrivée, il a été sifflé par de nombreux habitants. "Au mieux, la visite à Angoulême n'affectera pas son image, au pire, elle peut amplifier son discrédit", conclut François Piquet-Marty.

Christian Delporte s'interroge lui aussi sur l'efficacité réelle de ce déplacement. "Quand un président est un peu en retrait, comme c'est le cas en ce moment, sa parole est plus rare et donc plus écoutée, analyse l'universitaire. Mais si François Hollande n'a rien à annoncer de particulier, c'est un peu pauvre et sa visite aura peu d'impact. De plus, cela banalise son déplacement et c'est contre-productif."

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