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A Colmar, la manifestation pour la défense des langues régionales dégénère : "Ce n'est pas parce que je suis élu RN qu'on peut me taper dessus !"

Sur fond de campagne pour les élections régionales et en marge d'une manifestation de défense de la langue alsacienne, deux élus LR et RN se sont violemment opposés samedi après que Jean Rottner, président de la région Grand Est, a été enfariné par un militant. Une plainte a été déposée. 

Article rédigé par Charles-Edouard Ama Koffi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La tête de liste RN en Alsace, Christian Zimmermann (à droite), aux prises avec Jacques Cattin (au centre), député LR et candidat aux régionales dans le Grand-Est, le 29 mai 2021 à Colmar (Haut-Rhin). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

La campagne officielle des élections régionales dans le Grand Est démarre par une altercation. Samedi 29 mai, Christian Zimmermann, conseiller régional RN dans le Grand Est et Jacques Cattin, député LR du Haut-Rhin, en sont venus aux mains à Colmar (Haut-Rhin) en marge d'une manifestation pour la défense des langues régionales

La scène, diffusée par plusieurs médias, dont BFMTV ou Les Dernières Nouvelles d'Alsace, montre Jean Rottner, le président de la région, recouvert de farine, en train de regagner son véhicule, suivi de près par son équipe de campagne, dont Jacques Cattin, lorsque Christian Zimmermann apparaît. "Je voulais simplement faire une photo de Rottner enfariné et c'est là que cet individu, je ne veux même plus l'appeler élu, me tombe dessus par derrière comme un lâche, relate Christian Zimmermann auprès de franceinfo. Il a couru sur moi et m'a donné un coup sur le bras et à la figure. On voit sur la vidéo qu'il fait aussi un bras d'honneur. Ce n'est pas parce que je suis un élu RN qu'on peut me taper dessus !" Il affirme avoir porté plainte à la gendarmerie de Neuf-Brisach (Haut-Rhin) dans l'après-midi de samedi pour "coups et blessures", ce que franceinfo a pu vérifier. 

De son côté, l'élu LR affirme avoir réagi impulsivement, après avoir tenté de ceinturer, en vain, l'auteur de l'agression et du jet de farine contre Jean Rottner. "Jean (Rottner) et les colistiers étions suivis par deux caméras et, à un certain moment, je vois Zimmermann qui essaie de passer devant pour aller vers Jean avec un téléphone à la main, se remémore-t-il, interrogé par franceinfo. Je lui ai écarté son appareil avec mon bras gauche et contrairement à son affirmation, mon coup allait vers son avant-bras, et pas vers sa figure, affirme-t-il. Comme il y avait les caméras, il m'a tenu le bras et a hurlé comme un tigre et en a profité pour faire le buzz." L'élu affirme ne pas avoir touché le visage de Christian Zimmermann. "S'il y avait eu un coup au visage, il ne se serait pas privé de se vautrer par terre et j'aurais eu des remords mais ce n'est pas la cas. Personne n'aurait aimé se faire couper le chemin comme un sauvage."

Le camp des Républicains fait désormais le procès en récupération politique de cette altercation par le Rassemblement national. "Que Christian Zimmermann se pose en victime dans cette affaire pour faire prospérer ses idées sur le terreau de la haine et des 'fake news' n'est malheureusement pas surprenant et démontre que la provocation est son seul fond de commerce", a réagi sur Twitter Valérie Debord, tête de liste LR en Meurthe-et-Moselle. 

Une accusation qui passe mal dans le camp de la fédération locale du Rassemblement national. "On ne surfe sur rien du tout, déplore Virginie Joron, présidente de la fédération dans le département. On ne devrait jamais en arriver aux mains et j'espère qu'ils seront sanctionnés par les électeurs." 

Christian Zimmermann ne s'est vu accorder aucun jour d'ITT pour ses blessures, superficielles, mais le choc demeure. "Ça va mieux, mais ce qui m'énerve c'est qu'ils sont en train de déformer la vérité, confie l'ancien adjoint UMP au maire de Neuf-Brisach jusqu'en 2015. Je condamne les attaques contre Jean Rottner mais taper sur un élu, ça n'existe pas en démocratie. Heureusement que les journalistes étaient là, sinon ils auraient voulu étouffer l'affaire." 

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