Débat sur l'environnement à l'école : "Dans l'éducation populaire, ça ne fait pas partie des domaines enseignés"
"On n'est pas formés" sur les sujets environnementaux, déplore le professeur de SVT Nicolas Servant, membre du collectif Les enseignants pour la planète.
L'initiative Fridays For Future lancée par la jeune militante suédoise Greta Thunberg - se mettre en grève pour le climat partout dans le monde - a été entendue, vendredi 15 mars. En France, des manifestations ont rassemblé entre 29 000 et 40 000 jeunes, rien qu'à Paris, et des milliers ailleurs. Le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait appelé à des débats en classe. "Dans l'éducation populaire, [l'écologie, ndlr] ça ne fait pas partie des domaines enseignés", regrette vendredi sur franceinfo Nicolas Servant, professeur de SVT et animateur du débat au lycée d'Argenton-sur-Creuse (Indre), membre du collectif Les enseignants pour la planète.
franceinfo : Comment s'est passé le débat au sein de votre lycée ?
Nicolas Servant : Ça a été un coup de massue pour les élèves et professeurs, vous savez comme quand on apprend qu'il y a des catastrophes à venir et qu'on n'en avait pas conscience. Il y a un effet de sidération, car on n'a pas accès à ces données, à moins d'être particulièrement intéressés par ces sujets. Dans l'éducation populaire, [l'écologie, la protection de l'environnement] ça ne fait pas partie des domaines enseignés. Avec les autres professeurs, on essaie de travailler à des alternatives de programmes. On réfléchit à des initiatives comme l'heure verte, qui consiste, une heure par semaine, à parler des enjeux environnementaux au travers de ses dimensions artistiques, littéraires, sociales, etc.
L'écologie devrait-elle être plus présente en cours, voire devenir une vraie matière ?
On vise plus une transdisciplinarité. Les champs disciplinaires impactés par les enjeux environnementaux sont larges, aussi bien dans le champ social, économique, artistique. C'est l'ensemble des enseignements qui devrait avoir une part active là-dedans. Il y a un manque de formation, on n'est pas formés là-dessus.
Pourquoi une telle sidération, un coup de massue ?
On faisait le parallèle avec la catastrophe qui se passe en pleine mer, avec le bateau qui a coulé, avec 2 000 tonnes de fioul lourd qui se répandent dans la mer. Il faut réagir, tout le monde a raison. Mais c'est 36 milliards de tonnes de CO2 qui sont relâchées chaque année dans l'air, et on n'en parle pas. Ça fait partie du paysage et c'est diffus, alors que quand il y a une catastrophe ponctuelle, là on en parle. Quand les catastrophes sont difficilement perceptibles, il faut quand même réagir car elles ont une portée bien plus grave, sourde et finalement insidieuse.
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