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Cinq choses à savoir sur Olivier Véran, le nouveau ministre de la Santé qui remplace Agnès Buzyn

Le député de l'Isère, neurologue de formation, est depuis janvier rapporteur du volet organique de la réforme des retraites. Il va devoir remplacer au pied levé Agnès Buzyn, partie tenter sa chance pour les élections municipales à Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Olivier Véran, le 20 décembre 2018, à l'Assemblée nationale. (ALAIN JOCARD / AFP)

"Il n'y aura pas de période de chauffe, je connais les dossiers", a assuré sur franceinfo Olivier Véran, lundi 17 février, au lendemain de sa nomination au ministère de la Santé. Ce neurologue de 39 ans, rapporteur depuis janvier du volet organique de la réforme des retraites, se voit confier la lourde tâche de remplacer Agnès Buzyn, partie en catastrophe à la conquête de la mairie de Paris en remplacement de Benjamin GriveauxDéputé de l'Isère et soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, Olivier Véran va trouver sur son bureau plusieurs dossiers chauds, entre crise à l'hôpital et la menace d'épidémie du coronavirus Covid-19. Franceinfo vous résume ce qu'il faut savoir sur le nouveau ministre de la Santé.

1Il était déjà pressenti pour ce poste

Le nom d'Olivier Véran a déjà circulé pour occuper le poste de ministre de la Santé, notamment en 2017. Il était qualifié à l'époque de "bosseur", "sympathique", "très bon connaisseur de l'hôpital" par Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Selon les informations de franceinfo, il aurait d'ailleurs confié à l'époque sa déception de ne pas obtenir le porte-feuille. Son nom a ensuite été cité pour entrer au gouvernement fin 2018 quand Agnès Buzyn était pressentie pour conduire la liste de la majorité aux élections européennes.

L'intéressé se définit lui-même comme "énergique", y voyant à la fois sa principale qualité et son principal défaut. Technicien mais aussi politique, Olivier Véran occupe depuis deux ans et demi le poste stratégique de rapporteur général de la commission des affaires sociales. Il a notamment défendu ces derniers mois l'expérimentation du cannabis thérapeutique, fait voter la création d'une taxe modulable sur les boissons gazeuses sucrées et mis en place un dispositif visant à payer les urgences hospitalières pour qu'elles renvoient des patients non urgents vers la médecine de ville.

2Il connaît la réalité du métier de médecin

Olivier Véran peut se vanter de connaître l'hôpital public. Ancien vice-président de l'Inter-Syndicat national des internes durant ses études de médecine à Grenoble, il a financé sa formation en travaillant comme aide-soignant, notamment en gériatrie. Il a également été président de l'Association des assistants des hôpitaux de Grenoble. Il continue par ailleurs à assurer des consultations depuis qu'il a été élu député en 2017. "Il bosse comme tous ses collègues et prend même des astreintes, certains soirs, en rentrant chez lui avec le téléphone professionnel sur lui", raconte au Figaro un médecin qui l'a côtoyé.

"Tombé amoureux de l'organisation du système de soins", il a suivi un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris (avec un mémoire sur les déserts médicaux) en parallèle à son clinicat. A cette époque, le jeune chef de clinique en neurologie vasculaire a développé également un hôpital de jour pour faire de l'ambulatoire. Le nouveau ministre pourra donc bénéficier, au moins dans un premier temps, de son statut de médecin comme le furent avant lui à ce poste Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy, Nora Berra ou Agnès Buzyn. Cela ne sera pas de trop pour mettre en œuvre les différents plans annoncés par Agnès Buzyn ces derniers mois.

Reste à convaincre les partenaires sociaux qui n'ont pas laissé transparaître pour l'instant un enthousiasme débordant. François Hommeril, président de la CFE-CGC, a estimé sur franceinfo que ce remaniement "ne devrait rien changer". Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France, membre de la CGT Santé, est encore plus critique : "Pour nous, mettre comme ministre celui qui avait été à la manœuvre pour faire voter la loi de finance, qui motive aujourd'hui le mouvement à l'hôpital, ça frise la provocation", a-t-il jugé sur franceinfo.

3Il a "le cœur à gauche"

En visitant l'hôpital de jour mis en place par l'ambitieux médecin, la socialiste Geneviève Fioraso repère l'entreprenant praticien et lui propose d'être son suppléant pour les législatives de 2012. "Je n'avais jamais été encarté politiquement, même si j'ai ma sensibilité évidemment", avait-il alors déclaré, se présentant comme "progressiste vraiment, très européen convaincu, opposé aux inégalités". Il prend alors place sur les bancs du Palais Bourbon en 2012 au moment où Geneviève Fioraso rejoint les gouvernements Ayrault puis Valls jusqu'en 2015, comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

A l'Assemblée nationale, il a d'ailleurs été le rapporteur du volet prévention de la loi Santé. En mars 2013, il a fait voter un avantage fiscal pour les laboratoires respectant le don du sang anonyme et non discriminatoire. Il a aussi été le premier à tirer la sonnette d'alarme sur le recours excessif à des médecins intérimaires à l'hôpital. Mais il s'est surtout fait connaître en 2015 par son plan de lutte contre l'anorexie, notamment chez les mannequins. Cette année-là, il a également été rapporteur du plan antitabac. Il a piloté la lutte contre le binge-drinking et promu les salles de consommation de drogues à moindres risques (les fameuses "salles de shoot").

Ce politique affable, également conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016, dit avoir "le cœur à gauche". Son positionnement à la gauche de la macronie expliquerait les réticences exprimées par Edouard Philippe avant sa nomination, selon les informations du Parisien. "Avec Véran à la manœuvre sur les retraites, ça va être plus compliqué pour Matignon", prédit un poids lourd de la majorité.

4Il soutient Emmanuel Macron depuis le début

Olivier Véran a rencontré Emmanuel Macron en 2015 au moment de la discussion à l'Assemblée de la loi Macron. Il a adhéré au mouvement En marche ! dès sa création, jusqu'à devenir le référent santé du candidat à la présidentielle. Séduit par le "dépassement des clivages et de la politique politicienne" et le projet européen de celui qui était alors ministre de l'Economie, le neurologue a longtemps ambitionné de "faire prendre le virage de la prévention", parent pauvre des politiques de santé en France. Sous l'actuelle mandature, il s'est notamment fait connaître du grand public en proposant, dès son élection, la suppression des allocations familiales pour les très hauts revenus, quitte à remettre en question le principe d'universalité de cette prestation sociale.

5Il ne compte pas faire vieux os en politique

Marié à une gynécologue-obstétricienne avec qui il a deux enfants, Olivier Véran n'entend pas faire de la politique plus d'un ou deux mandats. "Hors de question que ma femme sacrifie sa carrière !" assure ce défenseur du non-cumul des mandats. Et puis, "la classe politique n'est pas aimée ; quand je porte ma blouse blanche, j'ai une cote de confiance de 84%, quand je mets l'écharpe tricolore, ça tombe à 6%! Il faut renouveler la vie politique et être plus proches des gens", soutient ce pianiste amateur.

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