Démission de Gérard Collomb : "Outre qu'il est très jeune, le parti La République en marche est aussi totalement non-structuré"
Le politologue Jean Petaux analyse le départ de Gérard Collomb du ministère de l'Intérieur et l'intérim effectué par le Premier ministre Edouard Philippe.
Jean Petaux, politologue et enseignant à Sciences-Po Bordeaux, juge que la démission de Gérard Collomb et son remplacement par Edouard Philippe est "relativement surréaliste". "On parle d'un 'problème de banc de touche' chez La République en marche, c'est un peu cela, analyse Jean Petaux. On s'en était déjà rendu compte lors du remplacement de Nicolas Hulot. Il n'y a pas, à LREM, cette fonction importante des partis politiques qui est celle de formation de cadres politiques, inscrite dans la constitution de 1958 : 'Les partis politiques concourent à l'exercice du suffrage universel'. Outre qu'il est très jeune, le parti La République en marche est aussi totalement non-structuré."
Cette démission est aussi un coup dur pour Emmanuel Macron : Gérard Collomb, "en tant que maire de Lyon, a un statut qui se situe dans l'héritage d'un Edouard Herriot ou d'un Raymond Barre. C'est aussi une personnalité qui a une expérience à la fois territoriale et nationale. On a cru d'ailleurs un temps qu'il allait être le Gaston Defferre [d'Emmanuel Macron] à l'Intérieur, qu'a connu François Mitterrand de 1981 à 1984". Pour le politologue, Gérard Collomb a aussi apporté des réseaux à Emmanuel Macron, "c'est un homme de réseaux à Lyon, qui a réconcilié les fameuses collines de Lyon : celle qui prie (Fourvière), celle qui travaille (la Croix-Rousse). Et puis tout le monde connaît son appartenance à la franc-maçonnerie, etc... Je pense que cela a été un élément très fort".
Il faudrait qu'Emmanuel Macron parvienne à enrayer cette séquence très négative.
Jean Petauxà franceinfo
Pour autant, Jean Petaux ne considère pas le départ de Gérard Collomb comme une crise politique : "Il faut se garder des grands mots. Les crises politiques sont très rarement des crises institutionnelles." À moins de huit mois des élections européennes, cette situation peut cependant poser problème, "surtout que les élections européennes sont souvent l'occasion pour les oppositions de se manifester en une forme d'élection intermédiaire visant à sanctionner le président en place", décrypte le politologue.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.