Démission de Gérard Collomb : "Son retour à Lyon n'est pas aussi aisé qu'il veut bien le reconnaître", prévient Philippe Cochet
Philippe Cochet, président de la fédération Les Républicains du Rhône, estime que Gérard Collomb "n'accepte pas" que "Lyon tourne sans lui".
"En Marche donnait des leçons au monde entier, mais on voit bien que l'ancien monde est toujours là", estime mercredi 3 octobre sur franceinfo Philippe Cochet, président de la fédération Les Républicains (LR) du Rhône et de la métropole de Lyon. Il réagit à la démission finalement acceptée par le président de la République mardi soir de Gérard Collomb. Il quitte donc le ministère de l'Intérieur, pour retrouver son fauteuil de maire.
franceinfo : Vous aviez parlé de scandale d'État quand Gérard Collomb avait évoqué son envie de démissionner. Maintenez-vous ces propos ?
Tout à fait. Depuis quelques jours, on est chez les fous : c'est la première fois dans la Ve République qu'un ministre décide quand il part et qu'il met en difficulté le président de la République et le Premier ministre. D'ailleurs je m'interroge s'il y a toujours un Premier ministre ? Il y a eu une pantalonnade à l'Assemblée nationale hier, où le Premier ministre découvrait les choses au fur et à mesure que la radio énonçait les décisions de Gérard Collomb.
Cette double casquette d'Edouard Philippe, à la fois Premier ministre et ministre de l'Intérieur, en attendant un remaniement, est-ce tenable d'après vous ?
C'est le septième ministre qui démissionne en seize mois. La Macronie s'écroule et la "Collombie" fait la même chose aujourd'hui à Lyon. Il y a panique à bord et chacun tente de quitter le Radeau de La Méduse. C'est assez atterrant après quelques mois d'exercice du pouvoir. Et puis j'ai une pensée pour les policiers et les gendarmes, qui se trouvent dans une situation ubuesque depuis plusieurs semaines : ils n'ont plus de ministre de l'Intérieur. C'est la sécurité des Français qui est en jeu.
Gérard Collomb va récupérer la mairie de Lyon, puisque l'actuel maire a annoncé sa démission pour lui laisser la place. Est-ce que ce marché vous choque-t-il ?
Comment appeler cela le nouveau monde ? C'est un retour de l'ancien monde à l'état pur. Pousse-toi de là, que je m'y mette, et tout cela sans consulter les Lyonnais, je trouve cela très étonnant. En Marche donnait des leçons au monde entier, mais on voit bien que l'ancien monde est toujours là. Et puis Gérard Collomb pense que tout le monde l'attend à Lyon avec des fleurs et beaucoup de plaisir. Quand on écoute ses amis, notamment lorsqu'ils souhaitent qu'il prenne sa retraite politique, je pense que son retour à Lyon n'est pas aussi aisé qu'il veut bien le reconnaître.
Certains de ses proches laissent entendre qu'un putsch se préparait à Lyon... Y avait-il urgence à rentrer, après un meeting ce week-end à Lyon mal vécu par Gérard Collomb ?
Il a réuni l'ensemble des Marcheurs - Lyon était censée être la capitale de la Macronie - et il n'y avait que 300 personnes. Alors que nous, lorsque l'on fait une réunion, il y en a au moins 500 ou 600. Quand on voit la situation dans laquelle se trouve le mouvement En Marche à Lyon, qui est d'ailleurs dirigé par l'épouse de Gérard Collomb, on marche sur la tête. Très concrètement, Lyon tourne sans Gérard Collomb et cela, il ne l'accepte pas. Gérard Collomb a abandonné les Lyonnais, maintenant il leur trouve toutes les qualités possibles pour passer sa retraite ici, tout cela est pitoyable.
Voir qu'un ministre de l'Intérieur donne la priorité à Lyon, n'est-ce pas faire honneur à cette ville ?
Quand on a l'honneur d'être ministre d'État et en plus en charge de la sécurité des Français, on doit s'y consacrer matin, midi et soir. On ne doit pas gérer sa petite carrière comme un notaire, ce qui est absolument désastreux. C'est une insulte aux Français et aux Lyonnais.
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