Démission de Gérard Collomb : les envies de départ du ministre résumées en six actes
Le ministre de l'Intérieur demande de nouveau à l'Elysée d'accepter sa démission, au lendemain d'un refus.
Gérard Collomb persiste et signe. Le ministre de l'Intérieur "maintient sa proposition de démission" du gouvernement, mardi 2 octobre, alors qu'une première proposition avait été refusée la veille par la présidence de la République. Retour en actes sur ce ping-pong entre Beauvau et l'Elysée.
Acte 1 : Collomb candidat à Lyon
"C'est loin, les municipales. Si d'ici là on ne m'a pas diagnostiqué de maladie grave [rires], je serai candidat à Lyon." Gérard Collomb fait une annonce surprenante dans les colonnes de L'Express, le 18 septembre. Au passage, il fixe même la date de son départ de la place Beauvau. "Je ne serai pas ministre de l'Intérieur jusqu'à l'avant-dernier jour, assure-t-il. Je pense que les ministres qui veulent être candidats aux municipales de 2020 devraient pouvoir quitter le gouvernement après la bataille des européennes."
Acte 2 : Collomb veut partir, l'Elysée refuse
Gérard Collomb annonce lui-même qu'il a présenté sa démission à l'Elysée, dans un entretien au Figaro, lundi, mais que celle-ci a été refusée. Le ministre de l'Intérieur se justifie en expliquant qu'il souhaite éviter à l'institution de subir les critiques dont il fait l'objet après l'annonce de sa candidature pour la mairie de Lyon. L'Elysée choisit pourtant de maintenir ce poids lourd du gouvernement à son poste. "Face aux attaques dont le ministre fait l'objet (...) le président lui a renouvelé sa confiance et lui a demandé de rester pleinement mobilisé sur sa mission pour la sécurité des Français", précise un proche conseiller d'Emmanuel Macron à franceinfo.
Acte 3 : l'opposition raille le gouvernement
De nombreux élus de l'opposition saisissent cet épisode pour mettre en doute la cohérence du gouvernement. "Franchement, cela fait un peu théâtre", estime le député LR Jean Leonetti, sur le plateau de Public Sénat. "Gérard Collomb avait besoin d'être relégitimé, donc c'est une opération de communication." Valérie Boyer, autre députée LR, réclame "un ministre pleinement engagé", en ajoutant que "la macronie se fissure".
Nous avons à la tête de l'Etat un ministre démissionnaire, retenu de force par le Chef de l'Etat. Ce Ministère mérite un Ministre pleinement engagé. La Macronie se fissure, colmater ne suffira pas. #Collomb
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 2 octobre 2018
Mêmes critiques à gauche, par la voix notamment du député LFI Adrien Quatennens, lundi, sur BFMTV : "On voit que, plus qu'un exécutif ou un gouvernement, on a une auberge espagnole ou plutôt un hall de gare."
Entre #Hulot, #Collomb, #Valls etc... on peut se poser la question de savoir si nous avons en face de nous un exécutif et sa majorité ou une auberge espagnole, un hall de gare. #BFMTV
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 2 octobre 2018
Acte 4 : Philippe le défend à la tribune
Edouard Philippe prend à nouveau la défense de son ministre, après avoir été interpellé par le député LR Eric Ciotti, lors de la séance de questions au gouvernement. "Le président lui a rappelé sa confiance, répond le Premier ministre. Chaque ministre qui compose ce gouvernement doit se consacrer pleinement à sa tâche."
Ce n'est pas la première fois que le chef du gouvernement vient à la rescousse de son ministre. Invité sur France 2, la semaine dernière, le chef du gouvernement estimait que son ministre pouvait "rester en poste jusqu'à fin mai, comme il le souhaite".
Acte 5 : Collomb "maintient" sa démission
Mais quelques minutes plus tard, Gérard Collomb revient à la charge et annonce qu'il maintient sa proposition de démission, toujours dans les colonnes du Figaro. "Il faut une clarté vis-à-vis des Français et des Lyonnais", justifie le ministre au cours d'un entretien accordé au quotidien. "Je ne veux pas que le fait que je sois candidat quelque part demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur." Une allusion aux élections municipales prévues en 2020, pour lesquelles il a d'ores et déjà fait acte de candidature. A l'Assemblée nationale, l'information remonte aux oreilles des élus et Edouard Philippe finit par déclarer : "Je proposerai au président de la République les décisions qui s'imposent."
Acte 6 : Macron charge Philippe d'assurer l'intérim
Emmanuel Macron, lui aussi, a pris connaissance de l'entretien accordé par Gérard Collomb. Il demande alors à Edouard Philippe de lui présenter "des propositions" pour remplacer le ministre de l'Intérieur, selon des sources à l'Elysée. "Je prendrai mes responsabilités et j'aurai l'occasion de faire mes propositions au président de la République", poursuit le Premier ministre, mardi après-midi, cette fois au Sénat. Dans la soirée, le chef de l'Etat prend finalement acte de la démission de Gérard Collomb, lequel a lui-même annoncé revenir à Lyon. Emmanuel Macron charge alors le Premier ministre, Edouard Philippe, d'assurer l'intérim. Une passation de pouvoirs est prévue, mercredi, à 9h15, entre les deux ministres.
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