"Ministre d'Etat, ça ne sert à rien" : à la Convention citoyenne pour le climat, Nicolas Hulot se lâche sur son passage au gouvernement
L'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire a été auditionné, vendredi 15 novembre, par les 150 citoyens tirés au sort pour plancher sur la politique climatique de la France.
Son audition était réclamée par les membres de la Convention citoyenne pour le climat. L'ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a été auditionné, vendredi 15 novembre, par la Convention citoyenne pour le climat, ces 150 citoyens tirés au sort pour réfléchir à la politique climatique de la France.
Franceinfo vous résume les principales déclarations de cette intervention disponible en intégralité sur YouTube.
Sur son passage au gouvernement : "Le ministère de l'Economie et des Finances sapait derrière moi ce que je proposais"
Nicolas Hulot est longuement revenu sur son passage au gouvernement. Son titre de ministre d'Etat, qui le distinguait de ses autres collègues ? "A part la symbolique, ça ne sert à rien ! Il aurait fallu un vice-Premier ministre qui ait autorité sur les autres politiques", a-t-il déclaré, avant de s'en prendre à son collègue de l'Agriculture, Stéphane Travert. "Si vous avez un ministre de l'Agriculture qui veut vous emmener là, s'entêter dans un mode basé sur des intrants absolus, avec des externalités négatives terribles, qui endettent les paysans de plus en plus, moi je n'avais pas en charge l'Agriculture donc à un moment ça le fait pas", a-t-il lancé.
L'ancien ministre s'en est aussi pris à Bercy – "Le ministère de l'Economie et des Finances sapait derrière moi ce que je proposais" – et aux députés. "Le plus éprouvant pour moi, lorsque j'étais ministre, c'était les séances à l'Assemblée nationale où l'on avait l'impression que tout le monde se détestait, alors que sur ces enjeux de climat et d'écologie, il faut faire preuve de maturité et d'intelligence collective", a-t-il estimé. Toutes ces contraintes ont achevé de le convaincre de son impuissance : "J'ai passé des heures à Matignon à faire arbitrer mes décisions et, un jour, j'ai demandé à mon équipe : quelqu'un peut-il me dire ce que je peux décider tout seul ? Personne ne m'a répondu." Le 28 août 2018, il a démissionné du gouvernement en direct sur France Inter.
Sur la fiscalité écologique : "Si vous ne redistribuez pas (…) à ceux qui en ont le plus besoin, c'est irrecevable"
L'ancien ministre est également revenu sur la taxe carbone, qui a déclenché la crise des "gilets jaunes" et qui a abouti, notamment, à la création de cette Convention pour le climat. "La fiscalité écologique, j'y suis favorable, mais si vous ne redistribuez pas derrière les recettes de la taxe carbone à ceux qui en ont le plus besoin, c'est irrecevable", a-t-il estimé, avant d'enchaîner : "D'autant qu'un pan entier de l'économie s'est organisé pour échapper à l'impôt. C'est plus facile d'aller chercher de l'argent chez vous que dans les paradis fiscaux ou auprès des grandes entreprises qui défiscalisent."
Sur les solutions : "Le modèle ultralibéral n'est pas compatible avec les enjeux écologiques ni sociaux"
L'écologiste a esquissé quelques pistes pour sortir de la crise climatique. "Le modèle ultralibéral n'est pas compatible avec les enjeux écologiques ni sociaux", a-t-il martelé, avant d'appeler à ne pas ratifier le Ceta, traité de libre-échange avec le Canada. "Nous devons opérer une transition de société" et elle doit être "solidaire", a-t-il estimé, alors que c'est "notre survie qui est en jeu". "Si on veut échouer, il faut continuer à entretenir nos petites divisions et nos petits préjugés comme si on avait l'éternité devant nous."
Sur la Convention citoyenne : "Il faut la pérenniser"
Enfin, des participants ont interrogé leur invité sur ce qu'il pensait de cette Convention citoyenne pour le climat. "Le doute que j'ai, ce n'est pas votre volonté, c'est ce qui peut sortir de structurant en quatre, cinq, six sessions", a-t-il répondu. Nicolas Hulot estime qu'"il faut pérenniser" cette idée et juge que le gouvernement aurait tout à perdre à décevoir les membres de cette Convention en ne reprenant pas leurs idées : "Vous allez leur fixer un cap. Et ils ont tout à perdre si cela s'achevait par une déception de votre part."
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