Trois questions sur la nouvelle sanction prévue contre l'usage du téléphone au volant
Tenir son smartphone en conduisant augmente fortement le risque d'accident, mais la nouvelle mesure du gouvernement sera-t-elle efficace ? Franceinfo apporte quelques éléments de réponse.
Téléphoner ou conduire, il faut (aussi) choisir. Mardi 9 janvier, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé une nouvelle sanction contre l'usage du téléphone au volant. Désormais, un automobiliste qui commet une infraction en utilisant son portable pourra se voir retirer son permis. Franceinfo revient sur cette mesure phare du plan du gouvernement pour enrayer la hausse du nombre de morts sur les routes ces dernières années.
1Pourquoi le gouvernement renforce-t-il les sanctions contre le téléphone au volant ?
Impliqué dans un accident mortel sur dix en 2016, le téléphone au volant est "un élément de risque considérable supplémentaire", a martelé Edouard Philippe, mardi 9 janvier, lors de ses annonces. Les statistiques de la Sécurité routière sont implacables : téléphoner au volant multiplie par trois le risque d'accident. Sans que l'automobiliste s'en rende compte, il dissipe la capacité de concentration.
Et cela ne concerne pas simplement les coups de fil. Les nouveaux usages liés à la généralisation des smartphones, comme la lecture et l'écriture de SMS, multiplient par au moins 23 le risque de provoquer un accident corporel, selon le Comité interministériel de la Sécurité routière.
Pour lutter contre ce fléau, une nouvelle mesure a été annoncée : un automobiliste qui commet une infraction routière avec son téléphone à la main verra son permis immédiatement "retenu" par les forces de l'ordre et encourra une suspension de permis. Le simple usage du téléphone, tenu en main ou par kit mains libres, est sanctionné de 135 euros d'amende et d'un retrait de trois points du permis de conduire.
Cette mesure permettra-t-elle vraiment de sauver des vies ?
Difficile d'évaluer précisément l'impact d'une telle mesure. Mais elle pourrait bien se révéler efficace, selon Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière. "Jusqu'à présent, trois points de permis, 135 euros, cela banalisait un peu l'usage du téléphone. Ce n'est pas rien, mais on est ainsi faits que plus une infraction est sévèrement punie, plus on évalue le risque", estime-elle, sur franceinfo.
Mais la spécificité de cette mesure, qui prévoit l'addition de deux infractions simultanées pour mener au retrait du permis, peut-elle réduire sa portée ? "Dans la mise en œuvre de cette sanction, avec les deux infractions, cela peut être un peu compliqué", tempère Anne Lavaud. Verdict en 2019, lorsqu'elle cette mesure doit être mise en place.
Fait-elle consensus ?
Plutôt oui. La lutte contre le téléphone au volant est largement partagée par les acteurs de la mobilité, et notamment les associations d'automobilistes qui se montrent beaucoup plus critiques sur d'autres mesures comme la réduction de la vitesse maximale sur les routes secondaires. "On est plutôt pour", confirme Daniel Quéro, président de l'association 40 millions d'automobilistes, à franceinfo, sur la même longueur d'onde que l'association Prévention routière.
"On considère que le téléphone au volant est une vraie source d'accident contre laquelle il faut lutter, renchérit Daniel Quéro. Il faut changer les comportements." Reste quelques bémols, selon les associations : la prévention devrait aussi faire partie intégrante de la lutte contre le téléphone portable. "Il faut absolument que les personnes soient sensibilisées et qu'elles se rendent compte du danger", explique Daniel Quéro.
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